Pour ma part, affronter la bête c’est en tant que journaliste vin que j’arpente les allées à la recherche de vins surprenants et généralement inaccessibles. Des pauses régulières au « Press Centre » permettront de me rebooster et soigner mes crampes !
Je commence mes deux journées sur place par une rencontre-débat inédite : six meilleurs sommeliers du monde réunis dans une même salle pour parler de l’avenir et des défis de la sommellerie dans un monde globalisé et en perpétuelle mutation.
Andreas Larsson (2007), Olivier Poussier (2000), Philippe Faure-Brac (1992), Serge Dubs (1989), Giuseppe Vaccarini (1978), Piero Sattanino (1971) partageront chacun leur vision du métier. Pour Serge Dubs, le sommelier reste avant tout au service du client, un homme de salle de restaurant. A Vaccarini de rappeler les débuts de la sommellerie où le sommelier était en contact direct avec les vignerons de sa région qu’il recevait régulièrement dans son restaurant. Olivier Poussier de conclure sur l’importance de réussir à protéger le nom de « sommelier » afin que quiconque ne puisse user de ce titre sans en avoir toutes les qualifications requises.
C’est ensuite déambuler aux hasards des allées pour aller à la rencontre des Riesling minéraux allemands (très belle définition et pureté), des vins brésiliens (caricature d’un style qui se perd dans une hyper-modernité au style boisé et alcooleux), des vins turcs (en recherche d'identité entre une viticulture avec des cépages internationaux vinifies par des oenologues français comme Stéphane Derenencourt et un ancrage dans les cépages locaux et les vignes pluricentenaires qui n'ont pas besoin d'irragation comme conseillé par Claude et Lydia Bourguignon).
Enfin, c’est un retour aux classiques avec la dégustation en primeur des Grands Crus Bordelais 2008 (Giscours caracolle en tete) et la (re)découverte d’un cépage souvent dénigré : la Barbera. Animé d’un nez de maître, Bernard Burtschy nous initie à la complexité, à la mutation de la Barbera au fil du temps et à sa capacité à faire de grands vins de garde.
Quelle multitude de styles entre :
• une Barbera pur fruit (cerise, framboise) d’une remarquable buvabilité (ses 14.5% d’alcool passe littéralement inaperçu) comme la Barbera d’Asti DOCG « Carbuné » 2008 de Franco Roero ;
• une Barbera plus dense et profonde, cistercienne, voire austère, parcourue par une trame acide fine et tranchante aux délicates notes végétales et poivrées comme la Barbera d’Asti DOC 2007 de La Cantina Sociale Barbera d’Asti dei Castelli ;
• une Barbera magistrale, tout en complexité et fondu où soyeux, harmonie d’un boisé parfaitement intégré et toucher de bouche vous font frissonner de plaisir tout en retenue comme dans la Barbera d’Asti DOC Superiore « Sei Vigne Insystesis » 2004 de la Cantina Sociale di Vinchio Vaglio Terra
Vous l’aurez compris, Vinexpo reste un rendez-vous incontournable pour le commerce mondial des liquides glycéroleux et ces quelques jours intenses où la planète vin vibre autour d’un tout petit lac continuera de faire des vagues qui viendront lécher plus d’un continent.