dimanche, décembre 04, 2011

Visite au domaine Rietsch (Mittelbergheim)



Petite visite au domaine Rietsch à Mittelbergheim à l'occasion du weekend portes ouvertes. Au programme, dégustation des vins du domaine, mais aussi des vins du millésime 2011 en cours de fermentation et quelques vieux millésimes.

Domaine familial en agriculture biologique qui propose une belle gamme de vins nature et des cuvées "insolite" comme un Sylvaner oxydatif. Jean-Pierre est en perpétuelle recherche, un explorateur. Les prix sont particulièrement raisonnables. Enfin ne pas manquer le site internet du domaine très complet. Un domaine à suivre dans la lignée familiale et expérimentale de Lucas Rieffel et Etienne Loew. A suivre...

La dégustation

Crémant Extra Brut 2009 - 7€
Super vin incisif à souhait (non dosé). Certes la bulle est un peu grossière mais ça claque à souhait et un petit carafage lui fera du bien. Parfait pour l'apéro. Bien



Pinot Noir "Nature" 2010 - 7€
Le vin de fruit gouleyant par excellence. Nez de fruits rouges qui pinote à souhait. La bouche est vibrante de vie et libre, gorgée de fruits rayonnants. Un vrai vin glou glou. Super rapport plaisir / prix. Bien

Pinot Noir Vielle Vigne 2009 -12€
Rien à faire, j'ai du mal avec les millésimes trop solaires. Une pointe d'alcool me gêne au nez. Bouche épicée et chaude, à l'opposé du vin précédent. Moyen

Klevener de Heiligenshtein "Nature" 2010 - 10€
1er nez discret très légèrement oxydatif. Bouche tout en finesse avec de belles touches florales du savagnin rose, mais sans aucune lourdeur. Beau mariage entre gras et volume et une finale salée. Intéressant

Klevener de Heiligenshtein 2009 - 10€
 Version plus jurassique que le précédent. Notes oxydatives plus marquées mais sans aucune lourdeur. Plus de puissance en bouche et une légère astringence. Assez Bien



Riesling "Brandluft" 2008 - 9€
Parcelle à majorité composée de calcaire et de grès. Belle minéralité olfactive mais un corps en demi teinte avec un creux en milieu de bouche (un trou d'air!). Jolie finale citronnée qui lui redonne un peu de peps. On aurait aimé un surcroît de tension et de droiture pour un 2008. Moyen+

 Plus tard on dégustera le Riesling Brandluft 2000 qui offrait plus de cohérence gustative, sans "trou d'air".

Riesling Stein 2010 - 10€
Le calcaire donne une pointe d'austérité à l'ouverture. Mais après aération, de beaux fruits mûrs voire exotiques pointent leur nez: fruits de la passion, ananas. Belle tonicité en bouche avec une trame acide rectiligne. A garder. Bien

Riesling Grand Cru Zotzenberg 2008 - 12€
Ce vin ne se goûte pas très bien en ce moment. Nez assez fermé, bouche assez courte avec une finale lactique. Peu expressif. Moyen+



Par contre, le Riesling Grand Cru Zotzenberg 2009 qui vient d'être mis en bouteille après près de deux ans d'élevage est une toute autre histoire. Comme si la lente fermentation lui avait redonné la parole et le vin se présente sous un jour plus cohérent, avec une belle rectitude et plus de pureté. Une piste à explorer donc pour le Zotz'. Bien

Ni Vu Ni Connu 2007
Voici un des vins de la gamme "insolite". C'est un sylvaner du Grand Cru Zotzenberg élevé de mani_ère oxydative. Le voile ne s'est pas formé mais on entre dans le monde délicieux des vins non ouillés du Jura. Le vin développe une belle matière, le tout soutenu par une belle acidité. Une pointe de volatile donne encore plus de relief à ce vin intéressant. Bien


Domaine Rietsch
32, rue Principale
67140 Mittelbergheim
Tél. 03 88 08 00 64


vendredi, novembre 25, 2011

Dégustation en 4 actes

13 convives, 8 vins pour se (ré)chauffer pour les fêtes. Le chiffre 13 porterait-il la poisse? On pourrait le croire à en juger la manière dont une partie des vins se sont mal goûtés ce soir. Au programme: deux bulles, deux blancs, deux rouges et deux liquoreux. Le tout à l'aveugle, of course. Retour sur la scène du crime, en 4 actes...

Acte 1 - les bulles

Champagne Extra Brut 2000 - Jacquesson - 70€
50% Chardonnay, 50% Pinot Noir. Choix a été fait de servir ce Champagne carafé et à température ambiante. Le but était de faire ressortir le vin qui dort sous les bulles. Nez globalement discret typique de l'élevage du Chardonnay avec des notes grillées subtiles, du miel et une légère pointe d'oxydation toute maîtrisée. La bouche est superbe avec une tension acide remarquable et une longueur imposante. Beau volume en bouche sur le gras et finale sur des amers nobles. Une bouche dense mais digeste. Belle bête mais le prix laisse tout de même rêveur. Je suis curieux de voir ce qu'il aurait donné si servi plus frais et avec quelques bulles en sus. Bien

Champagne Amour de Deutz 2002 - 130€
100% Chardonnay. Mon cri du cœur "mon Dieu, quelle merde!". Essayons d'élaborer un peu sur ce vin qui ne me cause pas du tout. Le nez est tout à fait correct: notes toastées, citronnées. Rien de transcendantal, mais pas de fausses notes. Par contre la bouche est trop discordante: attaque sur des sucres résiduels abondants et collants à souhait puis attaque acide malique sans grande cohérence et surtout qui ne mène nulle part. Un Champagne qui voudrait séduire par ses sucres, mais qui me laisse plus que perplexe. Lorsque le prix est dévoilé, ma colère gronde. Un Champagne pour une partie fine? Bof

Un premier acte qui avait très bien commencé mais qui finit sur une vraie tragédie. Il va falloir des ressources aux vins qui suivent pour nous faire sortir de cette déprime.

Acte 2 - les blancs

Riesling Grand Cru Kasterlberg 2008 - Domaine Marc Kreydenweiss - 42€
La magie du terroir schisteux opère. Un nez complexe aux notes d'agrumes et de fleurs (rose) qui se développe sur un bouquet de fruits mûrs. La bouche est impressionnante de puissance et de salinité. Gros volume, du gras, de l'alcool mais sans aucune lourdeur le relai salin est magistral. On salive, on salive, on salive à n'en plus finir. Quelques légères notes nobles d'oxydation ménagée dont penser à un apport minime à la mise (génial!). Un grand vin, certes au prix élevé. Très Bien

Corton-Charlemagne 2008 - Bouchard Père & Fils - 110€
C'est le genre de vin où la première impression n'est pas forcément la bonne. Oui au tout premier nez, un frisson me parcourt la jambe droite (ne me demandez pas pourquoi celle-ci plus que celle là!). Quel bonheur que de côtoyer le monde des grands blancs bourguignons. Le nez grillé et minéral est envoûtant mais très vite le boisé domine et ne s'estompe pas. Confirmation en bouche avec un boisé fougueux à ce stade (of course, le vin est bien trop jeune pour être goûté à ce stade de son évolution). De belles choses apparaissent derrière cet écran ligneux: tension saline certaine, beau volume mais à ce stade de jeunesse l'alcool n'est pas intégré (13.5%). Du coup, on reste sur une impression d'un vin démonstratif, plus imposant par son élevage que sa finesse. A garder absolument en cave et à regoûter dans 10 ans en espérant y trouver un supplément vibratoire d'âme. En tout cas, aujourd'hui le prix laisse rêveur! Bien-

Ma foi, un acte 2 qui m'a redonné du baume au cœur et qui m'a fait oublier la déception de la fin de l'acte 1. Me revoilà tout sourire, prêt pour la suite des festivités...

Acte 3 - les rouges

Le cœur de la tragédie se joue dans cet acte. Fallait-il se lever et aller prendre l'air à l'entracte?

Vin de Pays du Gard - Roc d'Anglade 2009 - 32€
"Oh my God!" Rarement un vin ne s'est aussi mal goûté. La déprime s'installe. Certes sur le papier glacé des guides de vin en tout genre, ce domaine est vanté pour ses vins classes tout en fraîcheur. Ici sur ce millésime 2009 goûté en cette fin novembre 2011, c'est tout le contraire qui s'opère. Cet assemblage Carrignan (40%) / "GSM" (Grenache, Syrah, Mourvèdre) offre au nez, assaut sans pitié de cassis, de notes animales persistantes, de peaux de raisin noir desséchées. Bref toute la caricature d'un vin sudiste comme je les fuis. La bouche? C'est parti, on remet ça de plus bel.? Alcool à gogo (13.5%), tanins asséchants, vanillé déplacé, sucrosité exacerbé du Grenache très mûr. Le tout sans aucune harmonie. Une agression caractérisée, faite de puissance et de lassitude. La finale boisée apporte la dernière touche à ce tableau déjà bien sombre. Espérons que le temps l'assagisse, oublions cette expérience et laissons ce vin se perdre des années dans nos caves et donnons lui une deuxième chance dans 10 ans. Carton rouge à ce stade; le vin "lose" de la soirée. Très Bof

Côtes du Roussillon "La Roque" 2009 - Domaine Gauby - 80€
Une nouvelle cuvée parcellaire, 100% Grenache. Le nez laisse présager de grandes choses: tout en finesse, classe, notes florales et une certaine fraîcheur apparaît sous formes de belles notes végétales. Quel bonheur après le coup de massue du vin précédent. Par contre, à ce stade de grande jeunesse, la bouche est parasitée par la puissance alcoolique (14.5%). Ces vapeurs éthyliques agissent comme un écran qui m'empêche de voir au-delà. Je n'y trouve que des Watt: tannins abondants, sucrosité fatigante. Heureusement que de belles notes poivrées viennent relever le tout. A quoi bon goûter ce vin aujourd'hui alors qu'il se fondra certainement avec les années et que le bonheur sera intense dans 10 ans. J'ai du mal à positiver à ce stade, mais reconnaît volontiers que ce vin possède complexité et personnalité. A garder svp. Bien-

Acte 3 suicidaire pour les papilles. Je ne suis pas capable à ce stade de prendre un réel plaisir sur des 2009 languedociens. 2009 a trop brillé par son feu solaire pour être approché si tôt. Tel Icare, je tombe en chute libre sans y avoir été préparé. Le mal est fait, l'acte 4 ne pourra pas me consoler.

Acte 4 - les liquoreux

Le salut ne viendra qu'à la fin de l'acte 4, certes très tardivement mais au combien nécessaire pour la paix de nos âmes meurtries...

Vin de Table "Le Vitriol - A Lulu la Nantaise" 2010 - Olivier Pithon - 17.50€ (50 cl)
Oh, non... la poisse continue! Cette vendange tardive 100% grenache noir est une vraie catastrophe. Le nez est mono-thématique sur ds notes de cerise dans l'alcool. La bouche est mono-thématique sur des notes de cerise à l'alcool. Que dire de plus? Oui c'est super lourd, ça colle.... Les 60g/l de sucres résiduels paraissent l'Everest! Ce vin est-il une blague? A oublier.

Pinot Gris SGN Clos Jebsal 2006 - Zind-Humbrecht - 200€
Bravo Olivier Humbrecht! Après une telle série noire et une humeur de plus en en plus sombre, la magie opère. C'est vraiment un très grand liquoreux, un très grand vigneron! Les 450 g/l de sucres résiduels passent étonnamment comme une lettre à la poste (seulement 7% d'alcool acquis, donc plus de 30% d'alcool potentiel. Tout bonnement incroyable). Mais commençons par le début. Le nez est d'une complexité phénoménale: fruits secs, pâte de coing confit (tout comme dans le 1999 dégusté en novembre 2008. Lire ici). La bouche est bercée, transpercée par une acidité divine qui fait saliver à n'en plus finir. La bouche offre un gras et une longueur infinis. En outre, il existe un réel côté aérien dans ce vin avec un milieu de bouche sphérique qui fait comme un appel d'air et nous prépare à la finale majestueuse sur des notes de pain d'épices. On se perd dans la complexité gustative de cet immense vin. Sans doute un des très grands liquoreux de ce monde. Un vin à déguster absolument pour lui seul, sans accompagnement gastronomique. A admirer comme un monastère cistercien, une œuvre contemporaine bluffante. A méditer comme un tableau du Caravage qui comme nul autre sait nous faire sortir toutes nos tripes. Excellent

samedi, novembre 19, 2011

Crayères de Champagne

Il faut le faire au moins une fois dans sa vie... C'est classé tout de même au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Alors la décision est prise, on part en Champagne! (Je vous rassûre, pour un weekend seulement!).

Evidemment improviser une visite de cave un samedi est une chose un peu compliquée. Après moultes coups de fil, la maison Taittinger à Reims veut bien nous ouvrir ses portes, moyennant bien sûr 14 la visite (business is business!).

C'est parti pour une heure de visite dans les entrailles du sous-sol reimois avec la visite des fameuses Crayères.

Movie time!

Mais ça se mérite. D'abord passage obligé dans la salle home cinema pour une présentation Hollywood de la maison familiale fondée en 1931. 250 ha en propre, 1000 vendangeurs, 4+10 km de caves souterraines pour stocker 3+9 millions de cols, 50 000 visiteurs par an, 70% export bla bla bla... Wow, ça pète!

Bon passons aux choses sérieuses: on descend par un escalier à vis dans les caves souterraines sur 3 niveaux (-12m, -18m et -23 mètres pour la plus profonde). La température descend progressivement avec la profondeur (8 degrés Celsius à -23m) et le taux d'humidité lui augmente (80% au fond). 

5 remueurs travaillent à plein temps chez Taittinger pour s'occuper de la cave historique sous la maison mère à Reims. On y stocke deux cuvées (la prestigieuse Comtes de Champagne, un 100% Chardonnay à 110€ la bouteille (!) et le Brut Réserve). Ils parcourent les 4 km de galeries et surveillent 3 millions de bouteilles. 100% de remuage manuel dans cette cave (un bon remueur peut apparemment remuer 40 000 bouteilles par jour!). Le reste du stock est tenu dans une autre cave plus moderne (10 km de galeries pour 19 millions de bouteilles, 100% giropalettes).



Les crayères sont des grottes souterraines creusées par les romains au IVème siècle après JC dans la craie tendre et exploitées un temps par les moines bénédictins. Il y règne une atmosphère de recueillement et d'inspiration mystique. On est loin du frou frou, des strass et des paillettes qui règnent en surface. Un silence absolu y règne. On n'a même pas froid, juste captivé par ses millions de bouteilles impeccablement rangées, qui reposent en paix dans un éclairage orangé au sodium...

La (mini) dégustation

On finira notre immersion dans ce monde à part par la dégustation du Brut Sans Année (BSA pour les intimes) cuvée Réserve (31€ svp!). Un assemblage 45% Chardonnay, 35% pinot noir et 20% pinot meunier. La droiture du Chardonnay prend agréablement le dessus mais les 9 g/l de sucres résiduels me gênent. Ici pas de place pour les non dosés, encore moins pour les non sulfités "nature". Quel dommage, mais on a frappé à la mauvaise porte pour ce genre de demande.

Bien sûr la dégustation s'arrête là. Les autres cuvées se dégustent avec les yeux et le porte-feuille! On est loin de la convivialité bourguignonne!

Conclusion

Les champennois sont imbattables du point de vue marketing. Ils savent véritablement vendre du rêve. Se perdre dans les dédales de craie à 20 mètres sous terre restera en effet une expérience inoubliable et pourra justifier aux yeux de certains acheteurs le prix prohibitif, incisif des cuvées. A copu sûr, il nous faudra revenir pour déguster des champagnes non dosés, "nature", droits comme des "I" dans une maison à taille humaine. Oui, je fais le rêve qu'elles existent...

(Toutes les photos ici).

vendredi, octobre 07, 2011

Rhône 2009, un millésime (très) solaire

Petit tour d'horizon avec les "usual suspects" d'Haguenau sur le millésime 2009 dans la vallée du Rhône. 9 vins au programme. Ballade entre le Nord et le Sud de l'appellation sur un millésime résolument solaire dans la lignée du 2003.

Côtes du Ventoux "Nadal" - Domaine de Fondrèche 2009 - 15€
Assemblage 45% Syrah, 45% Grenache et 10% Mourvèdre. Nez sur le boisé et alcool marqué. La bouche est construite sur la puissance avec des tanins asséchants. Un vin austère à ce stade, laissant une impression de vin muté. Le fruit a du mal à transpercer cette masse opaque. Dure dure l'entrée en matière... Moyen-

Côte du Rhône "Coudoulet" - Domaine de Beaucastel 2009 - 17.50€
30% Grenache, 30% Mourvèdre, 30% syrah et 10% cinsault. Nez plus charmeur que le précédent sur la cerise et les épices. Une bouche élégante, caressante avec une matière plus discrète. La finale réglissée et sur de beaux amers lui donnent un petit air de "j'y reviens volontiers!". Bien

Saint Joseph "Amarybelle" - Yves Cuilleron 2009 - 22.50€
100% Syrah, 18 mois d'élevage en barrique. 1er nez légèrement sur la réduction (notes animales). Evolue sur alcool et boisé. Attaque discrète en bouche. Un vin qui tapisse toute la bouche, charmeur. Bouquet de violettes. Classe. Finale fraîche (c'est rare!). Bien

Côte Rotie "Champin le Seigneur" - Jean-Michel Gérin 2009 - 36€
90% Syrah, 10% Viognier
Nez relativement fermé mais qui laisse poindre de très belles choses: notes animales, Syrah et surtout mine de crayon. Bouche épicée (d'autant plus accentuée que l'alccol pointe le bout de son nez) et ample. La salivation abondante en finale est salvatrice mais l'impression de sucrosité également présente en fin de bouche n'est pas la bienvenue à ce stade. Il faudra savoir l'attendre. Bien

Côte Rotie "Les Bécasses" - Chapoutier 2009 - 50€
Nez charmeur de Syrah avec pointe animale et réglissée. Par contre la bouche est un choc et se présente sous un jour difficile: masse tannique asséchante, alcool over présent, bouche un peu lâche, acidité "isolée". Une bouche pas en place. On est face à un mur. A garder mais bof. [le lendemain, la bouteille présentait un faible goût de bouchon. Ceci pouvant expliquer celà. A regoûter donc.] Moyen

Côte Rotie "Les Terres Sombres" - Yves Cuilleron 2009 - 59€
Pour moi, the highlight of the evening. 1er nez café puis des notes végétales nobles (raffle mûre?). Nez qui évolue tout en complexité (tabac, estragon). Envoûtant. Bouche tout en tension soutenue par une belle acidité. Grand vin de densité et legerté. Tanins veloutés, longueur, tout est un là pour un vin classe. Très Bien

Châteauneuf du Pape - Vieux Télégraphe 2009 - 52€
Les connaisseurs disent qu'il faut savoir attendre les vins du Vieux Télégraphe. En tout cas, ce soir le vin se goûte très mal. Au nez, alcool (14.5%) et boisé. En bouche, fruits compotés, impression de sucrosité collante. Un vin très fatigant à ce stade. A garder absolument. Bof

Châteauneuf du Pape - Beaucastel 2009 - 65€
Un vin qui a enthousiasmé les foules ce soir là. Par contre mes sensations étaient plus réservées. Nez assez fermé qui s'exprime à ce stade sur des notes lactées et l'alcool pointe à l'aération. La bouche offre de l'allonge, un certain côté aérien (si rare dans cette dégustation) mais les notes de figues fraîches rappellent le millésime. On finit sur des notes boisées et des amers. A garder absolument et à regoûter dans 10 ans. Bien-

Côte Rotie "Les Grandes Places" - Jean-Michel Gérin 2009 - 78€
Attention les prix s'envolent! Nez classe et complexe: notes musquées, rafles nobles, graphite. La bouche offre la suavité et les caresses d'une côte rotie. Elle allie puissance maitrisée et tension minérale. Le millésime pointe son nez sous une forme de sucrosité inhabituelle. Un grand vin de garde. Très Bien

Conclusion: Sans aucun doute, un millésime à garder qui se déguste en général assez mal aujourd'hui. Les vins ont des "watt" avec de forts degrés alcooliques et des matières ++. Il faudra savoir les attendre et y revenir dans  à 10 ans. Personnellement mon goût pour les millésimes froids demeure. Les prix des grands noms laissent parfois rêveurs. Vive les "petits" millésimes!

vendredi, septembre 30, 2011

Domaine André Ostertag

Au programme de cette dégustation chez Jean-Luc Lanoix à vins & Terroirs, dix vins du domaine André Ostertag, domaine mythique en Alsace et bien au-delà de nos frontières. Un vigneron attachant, poète et cistercien dans l'âme. Un grand monsieur qui fait honneur aux grands blancs de terroir. A découvrir de toute urgence pour ceux qui n'auraient pas encore eu la chance de trmper leurs lèvres dans ses divins breuvages.

Pinot Noir Fronholz 2009 - 30€
La puissance du millésime alliée à celle d'un sol argilo-marneux nous livrent un vin qui ne se déguste pas bien dans sa jeunesse. Nez marqué par l'alcool, assez fermé. Les fruits se font timidement sentir. La bouche est riche en matière et se présente sous un jour compact, à la limite de l'austérité. Par contre la finale avec sa longue salivation laisse présager de bonnes choses pour son avenir. A garder. Moyen

Riesling  Epfig 2009 - 13.90€
Un beau vin de fruit sur un registre variétal tout en pureté. Attaque en largeur, mais finale citronné très rafraichissante. Un super vin d'apéro pour faire "claquer" une belle soirée. Bien

Muscat Fronholz 2008 - 20€
Superbe finesse et pureté aromatique avec de fines notes muscatées sans aucun excès ni lourdeur. Une bouche avec un léger creux en son milieu. Finale assez courte sur les amers. Un peu décevant au regard du prix. Moyen

Riesling Clos Mathis 2008 - 25€
On monte d'un cran pour ce riesling situé sur le Grand Cru Kirchberg. Au nez, alliage d'agrumes (orange) et de minéralité. La bouche offre une attaque grasse et une belle allonge. Déjà très bien en place. On se fait plaisir de suite ou on peut le garder quelques années. Bien

Riesling Fronholz 2009 - 26€
Un nez austère comme je les aime. Le millésime est difficilement perceptible en bouche avec une très
belle acidité mûre. On gagne en longueur. Bien+

Riesling Muenchberg 2008 - 34€ (il coûtait 26€ il y a un an!)
Le grand vin de la soirée, un monument pour amateur de Riesling minéral. Nez légerement pétrolé sur un registre minéral tout en tension. La bouche est un modèle de droiture. quelle classe! Quelle longueur! Le genre de bouteille qui nous fait déprimer quand elle est terminée. Comme beaucoup de grands vins, on peut se faire déjà plaisir maintenant ou on l'encave pour les 20 à 30 prochaines années. Très Bien+

Pinot Gris zellberg 2009 - 30€
Nez discret de fruits secs. Amateurs de champignons s'abstenir! Elevage parfaitemetn maitrisé qui allie gras et tension. De nouveau une longueur impressionante. Un régal sur des ris de veau ou une poule d'Alsace crémée. Bien+

Pinot Gris A360P 2009 - 42€
La fameuse parcelle cadastrale sur le Grand Cru Muenchberg. Là encore, amateur de champi passez votre chemin. Nez tout en discrétion et minéralité. Une bouche magistrale, complexe et riche (quelques sucres résiduels). Puissance solaire du millésime. Un grand millésime de gastronomie. Bien+

Riesling Muenchberg VT 2007 - 45€
Un liquoreux à l'allemande avec seulement 11% d'alcool acquis (et donc environ au moins 150 g S.R.). Nez complexe et envoûtant pour une bouche fruit de la passion et gingembre. La masse de sucre résiduel me gène un peu à ce stade. A garder (longtemps). Bien-

Gewurztraminer Fronholz VT 2008 - 39€
Ce soir là, cette VT est un cran au-dessus de la précédente. Nez frais sur les fruits exotiques (fruit de la passion, mangue, ananas) et pas sur les notes classiques de rose et litchi. Bouche explosive sphérique offrant une vraie énergie vibratoire et un côté aérien. Un gewurz comme on les aime et que l'on rencontre malheureusement que trop rarement. Très Bien

lundi, juin 13, 2011

Domaine Clément Lissner (Wolxheim)

A l'occasion du pique-nique vigneron, je me suis rendu pour la première fois à Wolxheim à la rencontre de Bruno Schloegel, ce jour là accompagné de Michèle Heinrich.

Énergie, énergie, énergie...


La thématique de la journée avait attiré mon attention "Ondes et énergies dans le vignoble de Wolxheim". A part le parcours classique avec le vigneron dans les vignes et des explications de son travail de la terre, Michèle nous a introduit aux énergies cosmiques du lieu.

Les ondes cosmiques forment un système vibratoire complexe dans lequel la vie a pu et continue à se développer. Nous arpentons ainsi le coteau du Grand Cru Altenberg de Wolxheim à la recherche des hauts lieux d'énergie sacrés.

Il faut savoir mettre de côté son cerveau rationnel et laisse une bonne part à son intuition et laisser ouvert tous nos pores. Nous allons ainsi faire une série de trois expériences énergétiques.

L'énergie solaire:

Se positionnant tour à tour en un point précis le long du mur du cimetière en bas de coteau, nous allons lâcher prise, écarter les bras, les ouvrir et les monter vers le ciel. S'en suit, des picotements sur le bout des doigts et une lourdeur à la base du cou...

Les sources:

De l'autre côté du cimetière, à la lisière d'un verger, nous marchons très lentement au-dessus de 2 sources souterraines parallèles. Il parait qu'en passant à la verticale des sources, la vessie nous lance des signes....

La grotte et la cheminée tellurique:

Dans la partie haute du Grand Cru se trouve une grotte dans les sous-bois. En se plaçant au sommet du talus au fond de la grotte, on ressent distinctement la cheminée tellurique. On sent comme des tourbillons dans un sens, puis dans l'autre. Le front aussi semble se réchauffer, comme pris dans un étau. On en perd presque l'équilibre.

Merci pour cette ouverture d'esprit et d'avoir partagé avec nous ces expériences énergétiques intimes. Ces intuitions ne doivent pas entièrement se substituer à la raison et aux forces du progrès techniques. Mais elles viennent compléter un savoir pour nous porter vers une viticulture propice à la vie, respectant au mieux les équilibres du lieu et la transmission de l'expression du terroir.

Et les vins dans tout ça?

Dégustation du millésime 2010 encore en cours d'élevage au beau milieu des vignes. Un Sylvaner Horn tendu à souhait, à la limite de la claque. Ses notes citronnées seront parfaites sur des huîtres.

Le Pinot Blanc est sur 2010 incisif et droit. Parfait pour un apéro réussi. L'Auxerrois, un assemblage de 2009 et de 2010, qui à mon sens ne réussit pas une synthèse entre deux millésimes diamétralement opposés (2009 sur la richesse; 2010 sur le côté tranchant/incisif).

Le Gewurztraminer encore en cours de fermentation s'exprime à ce stade sur le litchi et la mangue. Espérons qu'il finisse sec car à ce stade le creux de milieu de bouche et la finale collante n'en font pas un vin abouti.

Le pinot noir s'exprime dans un bouquet de fruits rouges et est tout aérien. Un, vin de copain parfait à siroter à l'occasion d'un pique-nique comme aujourd'hui.

En somme, les vins dégustés étaient simples sans pour autant procurer une sensation vibratoire notable mais qui je suis sûr, grâce au travail accompli dans les vignes, progresseront dans les prochaines années. Un domaine à suivre...

Domaine Clément Lissner
Bruno Schloegel
20, rue principale
67120 Wolxheim
Tél 03 88 38 10 31
lissner.fr

vendredi, mai 13, 2011

Dix vins... "divins"

Le programme a tenu toutes ses promesses. Jean-Luc Lanoix de Vins & Terroirs à Haguenau s'est proposé de partager avec ses clients ses dix coups de coeur du moment. Photo à un instant "t" de ce qui compte pour lui dans le vin.

Des vins qui ont tous une personnalité forte. Des vins à l'émotion minérale et l'énergie vibratoire authentiques. Pas facile de se mettre ainsi à nu et de dévoiler la part intime de sa manière de déguster.

5 blancs, 5 rouges: le bal peut commencer...

  1. Montlouis-sur-Loire "Les Bournais" 2008 François Chidaine - 19.50€
    100% chenin. Le nez met un peu de temps à s'ouvrir. Les agrumes et fruits blancs apparaissent peu à peu. L'attaque en bouche est large et puissante mais elle laisse vite place à une trame rectiligne d'acidité mûre. On retrouve les notes citronnées du nez et une pointe de salinité. Tout ceci nous fait saliver longtemps en fin de bouche. Quelle longueur. Très Bien

  2. Arbois "Les Graviers" 2008 Stéphane Tissot - 21.50€
    100% Chardonnay. Ah le Jura, moi j'aime! Nez envoûtant sur des notes empyreumatiques très marquées et un cocktail grillé+beurré des plus fins. La minéralité du nez se retrouve "big time" en bouche avec une finale sur de superbes amers. Pour amateur de sensation minérale jurassique. Très Bien

  3. Riesling Grand Cru Muenchberg 2008 André Ostertag - 34€
    (sol marno-gréseux)
    Très beau nez qui pétrole tout en finesse. Le vin se complexifie à l'aération avec des notes de menthol. En bouche superbes notes d'agrumes qui étirent le vin. Finale légèrement tannique. Un vin qui se goûte déjà à merveille mais qu'il faudra garder une dizaine d'année pour qu'il se développe toutes ses facettes. L'Alsace au top. Très Bien

  4. Riesling Grand Cru Hengst "Samain" 2008 Josmeyer - 42.50€
    (sol marno-calcaire)
    1er nez assez fermé. Il faut lui laisser du temps dans le verre pour qu'il s'ouvre sur des agrumes et fruits exotiques. La bouche offre un toucher "calcaire" d'anthologie tout en finesse. Un modèle de rectitude. Les marnes offrent puissance et des tanins des plus envoûtants. Une longueur phénoménale. Les 6 g/l de sucres résiduels sont parfaitement intégrés. Un monument, une fierté pour le rayonnement international des grands blancs d'Alsace. Très Bien+

  5. Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières 2007 Anne-Claude Leflaive - 100€
    C'est le genre de nez qui me fait frissonner d'entrée de jeu. Pas le temps de réfléchir, l'émotion vous envahit. Un nez envoûtant sur des notes beurrées et grillées de la plus belle facture. La bouche est à l'opposé du vin précédent: elle est sphérique et construite toute en largeur. Finale anisée originale. A ce stade, le vin ne dévoile cependant pas toute sa longueur et semble moins élancé que le précédent. A l'aveugle, je pensais être sur un millésime plus ancien (comme 2004 avec une légère pointe d'oxydation). A garder. Très Bien

  6. Coteaux du Languedoc "Les Cocalières" 2008 Domaine d'Aupilhac - 16.50€
    (30% grenache, 30% mourvèdre, 40% syrah)
    Après cette série de 5 blancs mythiques, la transition vers les rouges est difficile. Et ce vin en fera les frais. Le nez me semble monolithique sur des notes de cassis avec une pointe de matériel végétal et des épices. La bouche offre un cocktail acide / tanins pas des plus fondus. Les notes poivrées ont du mal à donner une cohérence à ce vin. A regoûter dans un autre contexte. Moyen+

  7. Coteaux du Languedoc 2008 Montcalmès - 27€
    Beau nez sudiste complexe et éclatant de fruits noirs, cassis, violette. La bouche est puissante et l'alcool est marqué. Les tanins sont d'une très belle facture, la finale fumée mais globalement les "Watt" et un certain manque de fraîcheur me gênent un peu à ce stade. Décidément les rouges ont la vie dure ce soir... Bien-

  8. Grand Cru Clos de la Roche 2008 Domaine Arlaud - 75€
    Voilà enfin un rouge qui me cause. Un nez qui pinote à souhait avec des notes animales et quelques épices. La bouche est d'une très grande classe avec un élevage "super maîtrisé", un modèle de finesse, diamétralement opposé au vin précédent. Émotion saline en finale qui me porte très loin. Le pinot noir dans toute sa magie. Très Bien+

  9. Coteaux du Languedoc 2001 Mas Jullien
    (assemblage de syrah, mourvèdre et cinsault)
    Quel nez! Ici point de notes d'alcool mais au contraire une fraîcheur tout en basilic, voire une certaine "brise" et le tout enrobé dans le graphite. En bouche, je me croyais sur la rive gauche à Bordeaux. Tanins veloutés, boisé magistralement intégré. Évolution sur les épices. Le Sud tout en fraîcheur, "I like". Très Bien

  10. Côte Rotie "Les Grandes Places" Jean-Michel Gérin 2001 - 100€
    Nez sur des notes fumées / graphite, épices (clou de girofle) et pointe animale. La bouche est d'une immense buvabilité avec une trame acide qui offre une longue salivation jouissive. Sur une côte de boeuf grillé à souhait au BBQ et au coeur fondant... Très Bien
Conclusion: la profusion de notes "Très Bien" ou des "envoûtant" parlent d'elles mêmes. Rarement autant d'émotions en enfilade. Un concentré de jus de bonheur que l'on n'oubliera pas de si tôt. Merci Jean-Luc et on remet ça dans "t" + minimum...

samedi, avril 23, 2011

Visite au domaine des Cailloutis (Gaillac)

Changement de décor pour la visite phare de notre séjour dans le gaillacois. Bienvenu chez Patricia et Bernard Fabre du domaine des Cailloutis.

Perché en haut d’une colline magnifique, au bout d’une route sillonnant à travers de vieilles maisons en pierre, on débarque au domaine « entre ciel et terre » avec un horizon dégagé à 360. Très vite, on sent que l’on va passer un bon moment dans cet endroit qui rayonne d’ondes positives…

Accueillis par Patricia et son magnifique chapeau, nous allons petit à petit rentrer dans le monde de la biodynamie et de Nature et Progrès. Ici on n’applique pas les préceptes à lettre de M. Steiner, mais au contraire on expérimente. Les préparations de prêle et d’ortie ne sont pas dynamisées. Il se base sur un diagnostic kinésiologique pour établir les éventuels déséquilibres énergétiques de la plante. Ils font alors appel à des élixirs floraux comme remède.

Au début, on est tous un peu timide et la dégustation est plutôt studieuse. Mais assez vite, Patricia dégaine de très beaux sourires, ses yeux pétillent et on se sent presque comme à la maison. On parle de vin bien sûr, mais on embraye rapidement sur la viticulture, l’écologie, les cueillettes sauvages.

Loin de tout concept marketing, on entre dans le monde noble des travailleurs de la terre. On fait connaissance avec une famille qui cherche à minimiser son empreinte écologique sur l’environnement. Nous aurons ainsi le droit à la visite des toilettes « sèches » et des bassins naturels à base de végétaux pour purifier les eaux usées.

Même si on ne voit pas toujours les elfes et les gnomes en question, on se prend au jeu et on s’ouvre volontiers à une autre approche du vivant, plus instinctive et expérimentale. Car le plus important est bien là : les résultats se font bel et bien (res)sentir dans les vins. Chaque cuvée a sa personnalité. On goûte une sève vivante et vibrante, toujours très pure. En somme, des vins sans maquillage, aux prix d’une modestie incroyable tout à l’image de leurs nobles géniteurs. Une chose est sûre, on reviendra se ressourcer ici et regoûter à ce petit Eden hors du temps, hors de la globalisation galopante. On repart d’ici pas tout à fait dans l’état où nous sommes arrivés. Signe qui ne trompe pas…


Les vins

Gaillac « Orchidée » Blanc 2008 – 4.50€
Un blanc sec éclatant de fleurs et de fruits. Un vrai régal pour l’apéro en terrasse dans un jardin ombragé sous un cerisier (on dirait du vécu, ça !). Le vin gagne de la finesse et pureté aromatique avec l’aération. Très Bien

Gaillac « Prestige » Blanc 2009 – 6.50€
Passage en barrique et léger bâtonnage. En résulte un vin plus épicé et avec un beau gras qui tapisse la fin de bouche. Rien à voir avec un maquillage vulgaire. Ici l’élevage apporte une vraie personnalité. Bien

Gaillac Rouge 2009 – 5€
Ma cuvée gourmande préférée du domaine. Touche d’originalité cette année, la Syrah participe pour la première fois à cette cuvée (à hauteur de 20%). Du coup, en plus du cocktail habituel de fruits rouges et frais, on y retrouve des notes de violette et de poivre. Le tout dans un équilibre irréprochable, gouleyantissime ! C’est le genre de bouteille qui s’évapore comme par miracle. Testé et approuvé sur des gariguettes au dessert. Un régal de simplicité et de justesse. Très Bien

Gaillac « Prestige » Rouge 2007 – 8€
Là aussi prestige signifie élevage bois (12 mois) qui apporte densité et velouté. Le supplément de mâche appelle quelques protéines mais là encore on ne perd jamais de vue la buvabilité sacrée du domaine. Bien

Gaillac Blanc Doux 2008 – 5€
Les vins moelleux de qualité les moins chers de la planète ! On prend un grand snif de coing au nez et en bouche la magie de la salivation longiligne opère. La grande classe ! Très Bien

Gaillac Blanc Liquoreux « Cœur d’or » 2008 – 10€ (50 cl)
Wow ! Chapeau bas. Ce vin réconcilie quiconque avec les liquoreux. Loin de vous coller la bouche par des sucres surabondants, on découvre une véritable sève fraîche bercée de zeste d’agrumes (oranges…) à la finale interminable. Pas de doute, les elfes y sont pour quelques choses ! Très Bien

Domaine des Cailloutis

Patricia et Bernard Fabre
81140 Andillac
Tel/Fax 05 63 33 97 63

Visite au domaine de la Ramaye (Michel Issaly) à Gaillac

Le domaine

Accueilli amicalement par Michel Issaly, nous allons faire en une heure le tour des vins du domaine. Michel, qui est entre autres président des Vignerons Indépendants, est dans une phase de décroissance.

Le domaine est passé de 15 à 5 hectares et il envisage de le réduire à 2 ha dans quelques années. Il veut une exploutation à taille humaine pour faire des vins haute couture / de garage ? Ses activités annexes lui empêchent encore aujourd’hui d’être vigneron à plein temps et d’apporter tous les soins nécessaires à ses vignes. Du coup, il se voit dans l’obligation d’employer deux produits systémiques (des « saloperies » comme il l’avoue volontiers) pour palier aux attaques parasitaires.

On apprécie chez Michel sa démarche de défense des cépages locaux (prunelard, braucol, et duras en rouge ; mauzac, len de l’el et oundenc en blanc) ainsi que son honnêteté. Si les vins manquent aujourd’hui à mon sens un peu d’âme, il faudra les suivre dans ses prochaines années… Ses prix détonnent un peu aussi au regard de l’appellation et de leur qualité.

Les vins

Gaillac premières côtes « Les Cavaillès Bas » Blanc 2008 – 12€
70% mauzac, 20% len de l’el et 10% de oundenc
Un vin blanc sec d’apéro, peu expressif et qui mériterait un carafage pour être plus causant. Moyen

Gaillac « La Combe d’Avès » Rouge 2007 – 15€
50% duras, 50% braucol
Un beau vinj de fruits rouges croquants à boire entre copains. La finale est fraîche et gouleyante. Bien



Gaillac « La Combe d’Avès » Rouge 2006 – 15€
50% duras, 50% braucol
On prend les mêmes mais on ne recommence pas ! En effet, l’élevage sous bois encore effectué cette année là ne passe pas. On perd la magie du fruit au détriment d’un boisé toujours pas intégré. J’ai du mal à comprendre ce choix d’élevage sur ce type de vin. Très Moyen

Gaillac « Le Grand Tertre » Rouge 2009 – 25€
90% prunelard, 10% braucol
L’intérêt de cette cuvée est de nous faire découvrir le prunelard. Un cépage qui donne de la mâche et de la sucrosité. Sensations proches du grenache, voire de l’humagne rouge du Valais suisse. Par contre, on ressent fortement l’effet millésime avec un excès du couple alcool / sucrosité. Le genre de vin où on a du mal à finir la bouteille. Moyen

Gaillac « Le Braucol » Rouge 2009 – 45€
100% braucol
La cuvée star (par le prix !) du domaine. Elevage ambitieux dans des fûts neufs issus de chênes de la région. Un vin malheureusement body buildé, voire parkerisé que je ne comprends pas. Allez laissons lui le temps de s’assagir et regoûtons le dans 10 ans. A regoûter.

Gaillac « Le Vin de l’Oubli » Blanc 1999 – 30€ (50 cl)
100% mauzac
Un vin de voile, typé vin jaune. Profil classique oxydatif sur des notes de noix. Belle tension. A deguster sur un beau comté 24 mois. Bien

Domaine de la Ramaye
Michel Issaly
Sainte Cécile d’Avès
81600 Gaillac
www.michelissaly.com

samedi, avril 16, 2011

Mes mots du vin...

Je vous conseille très vivement la lecture du supplément du numéro 100 du "Le Rouge & Le Blanc". Dans une démarche intime et touchante, les dégustateurs du R&B parlent chacun à leur tour d'une voix personnelle de leur vision du grand vin.

Un fois de plus Frank Sauvey (lire aussi ici) offre une vision du vin qui me parle beaucoup. Extrait: "La sensation d'énergie n'est pas 'séduisante', pas 'agréable', elle est frappante. C'est un choc émotionnel, réjouissant par sa dynamique, sa vitalité. (...) Les grands vins vivants ont cela en commun: ils nous emmènent par l'évidence de leur présence, qu'elle soit faite d'énergie ou d'autre chose."

Des moments rares de partage qui donnent envie de (re)formuler sa vision personnelle du grand vin authentique et vivant. Timide essai de mettre des mots, mes mots, sur ce qui touche à la partie la plus intangible et immatérielle de la dégustation: l'émotion.

J'ai déjà évoqué ici l'importance de la transparence. J'aurais envie aujourd'hui d'insister sur l'importance du toucher dans ma façon de déguster.

Au fil du temps je m'éloigne de l'idée d'une quête (trop souvent compétitive) d'une liste (la plus longue possible) d'arômes pour aller à l'essentiel: vider sa tête et se recueillir devant les sensations tactiles et vibratoires de notre langue, de notre bouche toute entière. Rempli par la sève d'un vin vivant, le silence s'impose tout naturellement. Notre corps frissonne face à ce ballet d'ondes inconnues et pourtant si familières. Le grand vin s'entrevoit par petites touches, des petites tâches de lumière évanescentes mais si inoubliables.

vendredi, février 11, 2011

La vie en... rouge

12 mecs, 8 rouges et 1 kebab! Voici en trois chiffres le programme de la soirée chez Vins & Terroirs à Haguenau. Dégustation à l'aveugle (of course), les vins ayant été carafé
une heure en moyenne.
  1. Arbois Trousseau "Singulier" 2009 - Stéphane Tissot (18.90€)
    Comme toute mise en bouche, elle est souvent difficile. Nez assez discret, peu causant. Attaque sur la sucrosité. Bouche dissociée: alcool, astringence, finale amère chaude. Effet millésime se fait sentir. Peu de buvabilité. Moyen -

  2. Coteaux du Languedoc St Georges d'Orques "della Francesca" 2007 - Dom. Lamarfée (18.90€)
    Nez tout en contraste avec le précédent avec une explosion acidulée de cassis, (macération carbonique?) d'herbes aromatiques avec une très belle évolution sur le basilic. Re-contraste en bouche avec une superbe digestibilité, peu d'alcool, des tanins mûrs et une finale allongée et saline. Bien+

  3. Givry 1er Cru Clos Jus 2008 - François Lumpp (24€)
    Ze vin classe de la soirée. Nez qui pinote à souhait avec ce mélange subtil de notes animales et minérales. Une vraie invitation au plaisir. La bouche construite sur une superbe trame acide est d'une finesse remarquable, de la dentelle, très aérienne. Très belle longueur pour ce vin pas du tout démonstratif. La bourgogne classe comme je l'aime. Fera pâlir bien des grands crus de la Cote de Nuits. Très Bien +

  4. Chinon Coteaux de Noiré 2007 - Philippe Alliet (29.50€)
    Nez qui mérite encore un peu d'aération: notes de boisé, de poivron. Même constat en bouche même si la belle fraîcheur globale est salvatrice. Il faudra attendre quelques années que l'alcool se fonde, les tanins se veloutent. Bien -

  5. Clos de la Roche Grand Cru 2006 - Armand Rousseau (90€)
    ça re-pinote. Quelle classe! Avec une complexité en plus par rapport au Givry: notes de tabac... Bouche plus puissante que chez Lumpp avec une vraie identité construite autour de notes épicées, marqueur du terroir? Par contre le prix me laisse rêveur. Très Bien -

  6. Hermitage Marquise de la Tourette 2007 - Domaine Delas (55€)
    Syrah, yes, yes, yes. Quel nez de violette et de poivre. Un régal. La bouche est tout en minéralité enrobée de notes épicées. La finale est la plus saline de la dégustation. La salivation finale n'en finit pas. Très Bien

  7. Châteauneuf du Pape 2008 - Beaucastel (58€)
    Un vin trop jeune à l'évidence. Nez fermé avec une pointe d rafle (vinification en vendanges entières?) Apparemment pas, mais vinification "flash détente" tout de même. A ce stade, tout ça me paraît un peu extrait, violenté mais sans doute parce que nous sommes en présence d'un vin très jeune. Même constat avec une bouche qui n'est pas en place: réglisse, alcool, vanille, pointe de verdeur. Tout défile sans une harmonie d'ensemble. Alors il faudra être patient de longues années. Tout comme le 2007 dégusté précédemment (lire ici). A regoûter

  8. Châteauneuf du Pape "Cacrau" 1998 - Vieux Télégraphe (90€)
    Le temps a métamorphosé ce vin. Un monde le sépare du millésime 2007 (lire ici). Ici le nez fait frissoner avec ses notes de tabac, de cuir et animales. La bouche est tout en velours et délicatesse. L'alcool et l'élevage se sont parfaitement intégrés. Un grand vin sudiste dans toute sa splendeur. Comme quoi, il faut savoir attendre les vins "plus plus". Très Bien
Conclusion: Il n'y a pas de grands vins qui ne se s'inscrivent pas dans le temps.