jeudi, mai 31, 2007

D'un extreme a l'autre: Agrement vs. Zind-Humbrecht

Journée riche en évènement et contrastes... D'un côté la sacro-sainte dégustation d'agrément de l'AOC Alsace au CIVA, de l'autre une visite mythique dans les chais de Zind-Humbrecht. Deux expériences radicalement opposées. Récit d'un périple oenologique...

Agrément AOC Alsace 2006

Après une 1ère dégustation du millésime en février (voir le compte-rendu ici), me voici de retour dans la "cathédrale" blanche du CIVA. Au programme 12 vins AOC Alsace. Faisant partie d'un jury de 3 personnes, les avis sont rendus à la majorité. Vu que mes chers collègues ont jugé bon de faire passer 100% des échantillons, mes réserves sur 4 vins (1/3) ont été vaines. Voici quand même le triste tableau de mes dégustations:
  • Riesling: 1 avis défavorable sur les 3 présentés. Motif: champignon
  • Pinot gris: 1 avis défavorable sur les 4 présentés. Motif: oxydatif, colle scotch
  • Gewurztraminer: rien à signaler sur les 3 vins présentés (ouf!)
  • Pinot noir: 2 avis défavorable sur les 2 présentés! Motifs: excès d'acidité pour l'un et foxé pour l'autre
Il est clair que la réforme sur ces dégustations d'agrément s'imposait pour mettre fin au système du fatalisme et du laisser-aller (ah c'est un millésime difficile...). Triste constatation: on ressort de ces dégustations avec un sentiment de frustration et une piètre image du vin d'Alsace de base. Ce n'est pas une région où le consommateur non averti peut se jeter sans risque à l'aveugle sur n'importe quelle bouteille.

Une note optimiste pour terminer: je remarque à une autre table de dégustation, M. Léonard Humbrecht et le caviste du domaine Weinbach (Ghislain). Ca fait plaisir de voir que des domaines de ce niveau continuent de se rendre à ces dégustations pour défendre une certaine image du vin d'Alsace. Bravo!

Visite au domaine Zind-Humbrecht
Dégustation du millésime 2006(5) sur foudre

Heureusement qu'il y a des moments comme celui là dans la vie de l'amateur de vin... Invité par Olaf (responsable cave) et Alexandre (chef de culture) pour une dégustation sur foudre du millésime 2006 (et quelques 2005) destinée aux employés du domaine. Grand, très grand moment en compagnie également de Frédéric Blanck du domaine Paul Blanck à Kientzheim.

Une trentaine de vins dégustés dans les chais au pied de ces majestueux foudres, dans une atmosphère fraîche et sombre, solennelle et conviviale, le tout en prenant le temps de la lenteur et de la discussion (la dégustation a duré 3h30!).

On respecte le vin que l'on porte lentement à son nez et en bouche. On comprend que le vin est un être vivant qui a ses humeurs, sa respiration, ses excès. On comprend qu'on peut le surprendre dans son sommeil ou au contraire le rencontrer en pleine activité. Bien loin de toute idée d'interventionnisme alarmiste, on laisse le temps au vin de trouver son équilibre, naturellement. N'est-ce pas, comme déjà signalé dans ces pages, la meilleure façon de lui offrir une longue et heureuse vie? Certains vins ont déjà de fortes personnalités (les Rangen par exemple); aucun ne laisse indifférent. Que j'aimerais pouvoir revenir régulièrement pour faire un petit bout de chemin avec ces vins en devenir...