samedi, octobre 24, 2009

Retour au domaine Laurent Barth (Bennwihr)

Promesse avait été prise en janvier dernier (lire ici) de retourner déguster les 2008 en bouteille. A l'heure où blanchit la campagne, nous partîmes....

Accueilli en toute simplicité, zénitude et les bras ouverts par Laurent Barth, nous allons d'abord faire un tour dans les chais pour inhaler les vapeurs de CO2 qui se dégagent des foudres en pleine fermentation alcoolique. Les glou-glou battent de tout leur plein dans une symphonie de tonalités allant du grave à l'aiguë.

On quitte les chais le cœur léger et en rythme.!15 vins du millésime 2008 nous attendent dans la salle de dégustation attenante.

Rouges, rien ne bouge...

On se fait la bouche avec les deux cuvées de Pinot Noir: Pinot Noir (10€, 100% éraflé) et Pinot Noir "M" (12€, issu du GC Marckrain, 80% éraflé). Le premier est tout à fait dans l'esprit des Pierres Chaudes du Domaine Julien Meyer (vin gourmand sur le fruit à boire entre copains à l'apéro autour d'une nappe à carreaux!). Le deuxième est un pinot noir de terroir qui offre des notes épicées (poivre) et qui a une masse tannique plus imposante. Un vin à garder 2 à 3 ans.

Blancs, haut les mains!

Le ballet des blancs s'ouvre avec Racines Métisses (5€, épuisé), l'edelzwicker gourmand de la maison. Le Pinots d'Alsace (6€, assemblage d'auxerrois + un peu de pinot noir) a été élevé en barrique et s'offre sur un jour plein et onctueux à la finale amère des plus réussie. S'enchaîne un Sylvaner (6€) qui se présente sur la richesse (8 g/l de sucres résiduels) tout en conservant une belle trame acide (la patte du millésime) et les deux Muscats du domaine: Muscat d'Alsace (8€), un régal de pureté d'expression du fruit et le Muscat "Granite" (12€, issu de vignes sur le GC Schlossberg), vin de terroir qui transcende avec joie les expressions variétales du Muscat et qui offre une complexité très intéressante.

Place au trio des rieslings: Riesling (8€), vin de fruit tout en tension et pureté aromatique. Un régal immédiat de gourmandise à servir à l'apéro avec des charcuteries. J'adore! Le Riesling "Vieilles Vignes" (9€) offre un surplus incontestable de corps, voire de tannins mais la trame acide est bien là et vous emmène un cran plus loin. Apothéose avec le Riesling "Granite" (18€, issu de vignes sur le GC Schlossberg), magnifique vin de terroir granitique qui s'articule autour de sa colonne vertébrale acide des plus longilignes. Un superbe vin de gastronomie qui ira loin.

On finit notre parcours par quelques sucres de belle facture. Pinot gris (11€) pour amateurs de vins riches avec des sucres résiduels mais tout en offrant un beau volume et une belle précision aromatique (fruits secs). Gewurztraminer "Vieilles Vignes" (10€), nez discret mais belle bouche ample et typée florale et surtout le Gewurztraminer GC Marckrain (20€ les 75cl; 14€ les 50cl), une VT non revendiquée mais qui allie richesse avec de belles notes acidulées et une amertume divine. Une grande réussite à déguster au coin du feu, peau de bête etc...

Glou-glou, toujours, encore et encore...

Merci encore Laurent pour cette une heure trente que tu nous auras consacrées si généreusement ce matin.

On apprécie toujours autant non seulement ta simplicité, ta sincérité et ta modestie., mais aussi ton ancrage dans les réalités du métier de vigneron qui t'offre le recul nécessaire sur les médias qui voient un peu trop souvent et trop vite dans chaque nouveau millésime une année "exceptionnelle".

Rester les yeux rivés sur tes 3 hectares de vignes et tes oreilles patiemment collées à tes foudres à l'écoute des rassûrants glou-glou est le seul métronome qui compte vraiment pour toi. Ne change pas.

Domaine Laurent Barth
3, rue du Maréchal de Lattre
68630 Bennwihr
Tél/Fax: 03 89 47 96 06


(c) Eric O. pour la photo de foudre

vendredi, octobre 23, 2009

Bordeaux en duo c'est deux fois plus instructif!

La dégustation en duo on aime ça et on remet ça! Après une première expérience des plus enrichissantes (lire ici), Jean-Luc Lanoix de Vins & Terroirs à Haguenau nous a proposé 5 duos de Bordeaux à l'aveugle.

A nous de trouver le point commun. Au-delà du jeu des devinettes, c'est une vraie expérience didactique qui nous attend. Ici point de gagnant ni de perdant. Comme si nos sens en duo sont encore plus en alerte quand nous confrontons deux mystères côte à côte.

Duo #1:
  1. Bordeaux Graves Blanc 2001 - Clos Floridène (20€)
    1er nez sur des notes boisées qui s'estompent vite à l'aération pour laisser place à des senteurs d'agrumes (pamplemousse) puis variétales (Sauvignon). En bouche, l'acidité est assez vive mais offre une bonne allonge et une finale grasse. Bien-

  2. Bordeaux Graves Blanc 2007 - Clos Floridène (20€)
    6 ans d'écart et on peut apprécier les progrès faits par Denis Dubourdieu. Si le nez est un peu plus fermé que celui du 2001, il n'en reste pas moins plus complexe (notes mentholées) et sur un registre minéral. L'attaque en bouche est grasse mais laisse place à une belle acidité fine. Une bouche plus large que le précédent. Un vin qui évolué divinement bien dans le verre. A garder. Bien+

Duo #2:
  1. Bordeaux Lalande de Pomerol 2006 - Château La Chenade(17.90€)
    Un vin globalement plus austère que le deuxième qui s'offre au nez sur des notes végétales (rafle, poivron vert) et en bouche sur des notes poivrées enveloppées dans des tanins un peu fermes à ce stade. Cependant, le tout pourra se garder for bien et séduit par sa fraîcheur. Bien

  2. Bordeaux Lalande de Pomerol 2005 - Château La Chenade (18.90€)
    1er nez lacté, boisé et qui développe une certaine sucrosité un peu "tape-au-nez"! La bouche est sur une équilibre haut avec alcool, corps et sucrosité en trio de tête. Je ne succombe au charme séducteur de ce vin, en tout cas à ce stade d'évolution. Moyen+
Duo #3:
  1. Bordeaux Pomerol 2006 - Château Bellegrave (35€)
    On monte d'un cran avec ce duo. Nez très classe, racé et profond. Encore un peu fermé. Évolution sur les fruits cuits (figues) et une pointe d'alcool. Beau dynamisme en bouche sur l'acidité avec une belle finale saline et avec de nobles amers. Bien

  2. Bordeaux Margaux 2006 - Chateau Labégorce Zédé (30€)
    Un cran de complexité en plus dès le nez: végétal noble et mûr, sous-note de réglisse avec évolution sur le cuir et des notes animales envoûtantes. La bouche n'est certes pas encore en place mais tout est là pour la longue garde: masse tannique fine, salinité. A garder. Très Bien
Duo #4:
  1. Bordeaux Pessac Léognan 2004 - Château Smith Haut Lafitte (45€)
    Un duo amical aux sommets! Un nez puissant sur des notes animales, voire sanguines, de poivron pour une bouche en modèle d'équilibre et de suavité: tanins d'une finesse remarquables avec une salivation finale des plus heureuses. On se fait déjà plaisir aujourd'hui. Bien+

  2. Bordeaux Pessac Léognan 2004 - Château Haut-Bailly (45€)
    Un nez plus discret mais plus fin qui gagne en complexité: notes torréfiées, boisé très élégant. Évolution classe sur le poivron. La bouche qui n'est clairement pas encore en place (l'acidité ressort) offre une longueur supplémentaire et un surplus de dynamisme. A garder. Très Bien
Duo #5:
  1. Bordeaux Pauillac 1999 - Château Pontet-Canet (50€)
    Wow! Quel nez! Animal, minéralité (silex), fruits noirs, fumé, poivre. Quelle apothéose! La bouche est aussi grandiose car elle privilégie la finesse sur la densité de corps. On se perd dans la longueur fumée de ce vin remarquable, soutenu en permanence par une fraîcheur des plus justes. Très Bien+

  2. Bordeaux Pauillac 2001 - Château Pontet-Canet (50€)
    Un nez à mon sens plus "rond", sans toutefois négligé sa complexité (animal, poivron, boisé noble) et sa classe. La bouche est plus sphérique le précédent, plus tannique et avec un surplus de densité. Belle finale réglissée. Bien

Conclusion


Les duos encore et encore! J'aurais appris une autre dimension de l'effet millésime. Le millésime affecte bien sûr la maturité, mais aussi et de façon plus surprenante, la structure en bouche du vin. Ainsi dans le dernier duo, le 2001 est clairement sphérique à mes papilles et le 1999 tout en rectilignitude! Grandiose! Une fois de plus la modestie est de rigueur en dégustation. Dame nature a plus d'une flèche à son arc!

samedi, octobre 17, 2009

Bandol la la!

C'est sympa quand Alain H. part en vacances, il pense à nous ramener quelques petits flacons rares dont il a le secret. Et quand Seb se met aux fourneaux, ça donne une très belle soirée Bandol loin des sentiers battus.


Au programme 7 vins à déguster avec un festival de saveurs autour d'un osso bucco revisité version grande finale nationale. Tous les vins dégustés ont des prix très sages (autour de 15€) bien loin des prix des stars de l'appellation. Sommaire....

  1. Bandol 2005 Château Sainte-Anne
    12.5%. On ouvre le bal avec un vin nature qui m'ouvre gravement les papilles. Un premier nez un peu bruit (animal) mais qui s'affine à l'aération. La bouche est fine, aérienne. Passée l'attaque perlante, un beau fruit éclate qui contraste fortement avec les première notes olfactives sauvageonnes. On est sur un corps léger qui s'exprime tout en finesse. A carafer. Bien

  2. Bandol 2004 Terre Brune Cuvée du Trias
    14%. On monte d'un cran en densité olfactive avec des belles notes réglissées. La bouche est sphérique avec une bonne trame acide qui s'exprime sur des notes mentholées. Les tanins sont déjà fondus mais tout est là pour en faire un vin de garde. Un modèle d'équilibre sur la finesse. Très Bien

  3. Bandol 2004 Domaine de la Suffrene
    14.5% L'alcool passe beaucoup moins inaperçu que dans le précédent (pointe d'eau de vie), le tout dans une enveloppe olfactive légèrement compotée (figue, pruneau). En bouche, la masse tanins - alcool passe beaucoup plus mal à ce stade. Difficile d'aller au-delà des Watt à ce stade d'évolution. A garder en espérant que le tout s'assagisse. Moyen+

  4. Bandol 2004 Domaine La Bastide Blanche Cuvée Fontanéou
    14.5%. Un nez frais, discret voire austère. La bouche rappelle Terre Brune avec une expression de fraîcheur sur un équilibre élégant. Un vin encore fermé mais qui séduit par son mystère, sa retenue et sa capacité à intégrer son taux d'alcool (contrairement au précédent). A garder. Bien

  5. Bandol 2004 Château Jean-Pierre Gaussen
    13%. L'alcool persiste comme pour La Suffrene mais ici avec une forte volatile (colle scotch) peu harmonieuse. La bouche est aussi dénaturée par cette même volatile qui masquerait presque la finesse et la belle acidité mûre. Les tanins ne sont pas encore en place. Après une longue aération, une pointe de détente cordiale se fait sentir. A garder. Moyen+

  6. Bandol 2004 Domaine du Gros Noré
    Bouchonné.

  7. Bandol 2001 Domaine de la Vivonne
    15%. Le seul millésime plus ancien de la dégustation. Le vin offre un nez très séducteur avec un bouquet de fruits noirs envoûtants, le tout servi sur du réglisse et des herbes aromatiques. La classe. La bouche prolonge gracieusement le nez avec des tanins veloutés servis sur un long plateau réglissé. Un régal. Très Bien
Conclusion: l'appellation reine du mourvèdre recèle de très bonnes surprises à prix raisonnables. Avouez qu'il serait vraiment dommage de s'en passer!

samedi, octobre 03, 2009

La Romanée-Conti par LeRouge&LeBlanc

Chapeau bas à Frank Sauvey du trimestriel LeRouge&LeBlanc (No.94 Sept-Nov 2009) pour son article mythique sur le domaine de la Romanée-Conti. Voici un tout court extrait où il nous parle de La Tâche et surtout de la "Conti":




Ce n'est pas sans rappeler la définition de « l’infini » de Pascal « un cercle dont le centre est nulle part et la circonférence partout »...