vendredi, mars 30, 2007

#9 Effet Terroir: le Pinot Gris nous a tous deroute...

Pour cause voyage oenologique en Espagne (voir ici le compte-rendu sur le Pénèdes), je n'ai pu assister à la huitième dégustation du DIP 3 au CIVA. Du coup, voici le CR #9. 18 vins dégustés à l'aveugle en 3 séries de 6 vins... Comme d'habitude, le Riesling a été au centre des débats. Par contre, une superbe dégustation de Pinot Gris a clôturé la séance et a été riche en enseignements...

La phrase du jour:

"Un terroir c'est la rencontre d'un terroir qui a du talent, parfois du génie, mais toujours du caractère avec un vigneron qui a du talent, parfois du génie, mais toujours du caractère"
(Bernard Pivot - Dictionnaire Amoureux du Vin)

:: 1ère série ::
Vertical sur le Riesling Lieu-dit Silberberg de Rorschwirh
Dom. Rolly-Gassmann & Coop. Hunawihr
Terroir: Muschelkalk décarbonnaté

Millésime 2002 - Rolly-Gassmann
  • Nez: intense, agrumes (orange, citron). Bonne persistance mais peu complexe
  • Bouche: attaque sur quelques sucres résiduels (10 g/l) mais relai acidité vive mais mûre. Salivation assez large. Assez long. Bien
Millésime 2003 - Coop. Hunawihr
  • Nez: manque de précision (amidon). Peu d'évolution, le nez reste assez fermé
  • Bouche: attaque perlante. Bouche assez fatiguée, assez plate. Pointe d'amander amer et finale alcooleuse. Pas de marque de terroir. Moyen
Millésime 2001 - Rolly-Gassmann
  • Nez: fumé, typé Pinot Gris! Fruits secs. Intense et assez complexe. Bonne tenue à O2
  • Bouche: sphérique, minéral, du gras. Salivation sur l'intérieur de la langue. Léger creux en milieu de bouche. Bien
Millésime 1998 - Rolly-Gassmann
  • Nez: 1er nez pas net (fromage, amidon..). Réduction. Puis fruits mûrs
  • Bouche: attaque sucrée et relai acide malique. Finale âpre. Manque d'harmonie. Très moyen
Millésime 1995 - Rolly-Gassmann
  • Nez: 1er nez lacté, pétrolé. Evolue sur l'ammoniac
  • Bouche: attaque perlante, demi-corps mais acidité assez mûre et large. Bouche lisse, rien n'accroche. Moyen
Millésime 1996 - Rolly-Gassmann
  • Nez: mentholé, badiane et truffe blanche / animal
  • Bouche: attaque flottarde et douce et relai acide un peu vert. Sensation d'acidulé. Moyen
:: 2ème série ::
Vertical Riesling GC Kirchberg de Barr
Domaine Klipfel à Barr
Terroir: Muschelkalk

Millésime 2005
  • Nez: peu intense. Fruits mûrs (poire). Puis agrumes et floral (violette). Nez frais à l'évolution (+)
  • Bouche: attaque tannique (asséchante). Du corps (remplie la bouche). vin jeune pas tout à fait en place (sucre / acide). Moyen +
Millésime 2004
  • Nez: notes fumées mais archi-dominance de la poire. Mono-thématique. Pointe végétale ou liégeuse
  • Bouche: corps fluet, acidulé. Bouche liégeuse à l'évolution. Très moyen
Millésime 2001
  • Nez: minéral (pierre à fusil), fumé
  • Bouche: attaque flottarde, creux en milieu de bouche. Finale courte sur l'alcool. Moyen
Millésime 1999
  • Nez: 1er nez mampropre - vieille cave, cuir puis épices de cuisine
  • Bouche: asséchante, voire déroutante. Peu de matière. Pointe de cacao grillé. Très moyen
Millésime 1997
  • Nez: fermé, discret. Pointe de fatigue, oxydative
  • Bouche: attaque fluette, acidité peu mûre et tanins asséchants. Moyen
Millésime 1983
  • Nez: fatigué, caramel
  • Bouche: amertume du caramel brûlé! Manque d'ampleur. L'apogée a été dépassée. Très moyen
:: 3ème série ::
Le Pinot Gris du CIVA sur 6 Grands Crus
Millésime 1998 & 1999

Grand Cru Zinkoepflé 1998
Terroir: calcaro-gréseux
  • Nez: riche, intense. Pointe de botrytis (champignons). Minéral. Très bonne tenue à O2. Assez complexe
  • Bouche: concentrée, massive. Marquée par les sucres résiduels mais acidité mûre. Bien
Grand Cru Hengst 1998
Terroir: marno-calcaire
  • Nez: discret et s'ouvre peu
  • Bouche: attaque sir les sucres. Notes de figues séchées. Finale sur une bonne fraicheur. Bien
Grand Cru Steinert1998
Terroir: calcaire
  • Nez: 1er nez un peu rustique. Notes de champignons, voire de cacao et de fruits sec (figues)
  • Bouche: marquée par l'alccol. Champignons. Peu de corps. Moyen
Grand Cru Vorbourg 1999
Terroir: marno-gréseux et loess
  • Nez: pas 100% net. Fermé. Pointe végétale
  • Bouche: basée sur l'acidité mais manque de corps. Finale sur l'alcool. Moyen
Grand Cru Brand 1998
Terroir: granitique
  • Nez: 1er nez discret puis fruits frais (raisin de muscat!), coing confit. Pointe épicée
  • Bouche: rondeur et gras à l'attaque. Corps moyen mais vin harmonieux et fondu. Bien
Grand Cru Rangen 1998
Terroir: volcano-sédimentaire
  • Nez: intense et assez complexe: cassis, rose, cacao
  • Bouche: marquée par les sucres résiduels. Puissante mais saline. Bien
:: Conclusion du jour ::

Merci à Jean-Michel Speich pour cette 3ème série hors norme. Personne ne pensait qu'il s'agissait d'un même millésime (à une petite exception près). Le Pinot Gris a vraiment de quoi surprendre et sait bien cacher son âge. Très belle aventure en dehors des sentiers battus et re-battus du roi Riesling...

(c) Olivier Breuil pour les peintures

dimanche, mars 25, 2007

samedi, mars 24, 2007

Quand la Bourgogne donne des frissons de plaisir..


Grande, très grande dégustation à l'aveugle hier soir chez Vins et Terroirs à Haguenau. Caviste mythique à 30 minutes de Strasbourg, Jean-Luc Lanoix a le secret des dégustations inoubliables. Petit compte-rendu d'une dégustation quasi mystique (d'où la photo de gauche!) de monstres bourguignons du Pinot Noir...


Givry 2005
Domaine François Lumpp - 18€

Superbe mise en bouche avec un vin de fruit gouleyant et charmeur. au nez ça pinote gaiement. Un fruit fin prend le relai avec à l'évolution des notes fines de carvi et d'estragon. La bouche est très féminine, plaisir. Les tanins sont très fins et l'acidité apporte une fraicheur remarquable. Une bouteille comme ça ne suffit jamais quelque soient les circonstances! Très bien.

Chambolle-Musigny 1er Cru Les Sentiers 2000
Domaine Dominique Laurent - 45€

Le nez est puissant et plus complexe que le précédent. Il s'ouvre sur des notes de sous-bois, de cumin. Vient ensuite la cerise griotte et à l'évolution le poivron vert (signe peut être d'un millésime un peu difficile). En bouche, le vin est plus ample, il y a assurément plus de matière. Les tanins sont fins quoique encore un peu asséchants. Bien.

Corton 2000
Domaine Tollot-Beaut - 55€

Le premier nez est assez fermé avec une légère pointe de volatile. Arrivent ensuite la réglisse, des notes sauvages tertiaires. On sent un vin sur la retenue et qu'il n'a pas dit son dernier mot. La bouche est résolument masculine: tannique et un peu asséchante. De belles notes de réglisse viennent dompter cette fougue. Un bémol: la longueur n'est pas éblouissante pour un Grand Cru... A garder. Bien.

Pinot Noir Heisenstein 2000
Domaine Julien Meyer (Alsace) - 15€

L'intrus piège de la soirée! Jean-Luc voulait voir comment ce beau vin se comparait à des grands bourgognes rouges. Je dois dire que ce vin a un peu souffert. Le nez est dominé par la volatile (colle scotch) et a du mal à s'en défaire. Viennent ensuite des notes discrètes de fleurs séchées. La bouche est elle dominée par l'acidité avec des notes d'épices de cuisine (thym, laurier...). Face aux vins précédents, le vin semble manquer un peu de corps et de profondeur, mais le rapport qualité-prix reste imbattable. Mon préféré au domaine reste cependant le Pinot Noir Pierres Chaudes. Moyen.

Nuits Saint-Georges 1er Cru Les Pruliers 2003
Domaine Gouges - 45€

Nez très fermé voire bridé. Après beaucoup d'aération, notes lactées et évolution sur des odeurs de cave pas très nettes (problème avec cette bouteille?). En bouche, les tanins me semblent légèrement rustiques et asséchants. Ce vin se goute mal aujourd'hui. On a l'impression d'avoir surpris dans le sommeil un bête en puissance. A oublier en cave 10 ans. Moyen.


Pommard 1er Cru Les Epeneaux 2004
Domaine Comte Armand - 62€

Quelle puissance! Au 1er nez, de superbes notes sanguines, charnelles puis des pointes fumées, réglissées. A l'aération cette puissance fait place à de la finesse (thym, menthol). Superbe complexité d'un nez à tiroirs. La bouche est construite en largeur avec des tanins fins encore légèrement asséchants. On retrouve des notes d'épices et la puissance du nez. Et quelle longueur. Très bien.

Richebourg 2004
Domaines Gros Frères et Soeurs - 145€

Le clou du spectacle. Le vin qui m'a fait venir la chair de poule! Quel plaisir intense! Un nez animal, dense, droit, envoutant. Je dois mettre mon nez à distance par respect devant ce monument! Evolution aromatique sur le tabac, poivron vert et surtout le grafite. La bouche est construite toute en longueur, autour d'une superbe acidité. Ce qui de prime abord m'a semblé un corps plutôt moyen, c'est en fait révéler être une gouttière d'aspiration rectiligne et longue, très longue. A ce niveau on ne compte plus les caudalies... Grand.

Clos des Lambrays 2001
Domaine des Lambrays - 70€

1er nez sur des notes de banane au rhum! Très surprenant! Puis le nez s'affine sur le pruneau, le poivre et des notes minérales. Très belle complexité. En bouche, contrairement au Richebourg précédent, le vin est construit en largeur: il est plus ample et remplie plus la bouche. Quelle matière! On retrouve le poivre. Long. Très bien.

Chambertin Clos de Bezes 1997
Domaine Faiveley - 90€

1er nez sur le fromage, notes lactées et de volatile. Le nez évolue sur le minéral et des notes épicées (graine de moutarde). La bouche est toute en retenue, légèrement alcooleuse, rendant les tanins un peu difficiles. A garder absolument en espérant qu'il s'assagisse. Bien.

vendredi, mars 23, 2007

Le Penedes m'a fait tourner la tete...

De retour d'une semaine mythique dans le vignoble du Pénédès autour de Barcelone (Espagne). Visite de la région productrice d'excellents cava (vin mousseux méthode champenoise), de rouge et de liqueur de distillation...

L'origine de la production de cava dans le Penedes remonte à la crise phylloxérique de la fin du XIXème siècle qui a vu une grave pénurie dans la production de Champagne en France.

L'accueil par les vignerons a été toujours très chaleureux et d'une grande générosité. Ils n'ont pas hésité à nous consacrer une demi-journée pour nous faire découvrir de fond en comble leurs exploitations et partager leur philosophie..

Torres

Grand acteur mondial pour les cava et les rouges.
2000 ha en Espagne et 500 ha au Chili.

Visite rapide des chais en petit train svp! On a l'impression d'être chez les Mondavi. D'aileurs, Torres fait partie d'un club fermé de familles viticoles pluri-centenaires.




Freixenet

(se prononce fraicheunette)
Groupe industriel international à dimension hors norme:
  • 200 millions de bouteilles vendues dans le monde chaque année, dont 120 millions de cava (45 millions sont pour le marché allemand!)
  • Capacité de stockage dans ses caves labyrinthiques de Villafranca del Penedes: 150 millions de bouteilles
  • 500 hectares en propriété et achète des raisins et moût à 1300 viticulteurs ayant une SAU moyenne de 15 hectares, soit un total de près de 20 000 hectares (l'Alsace en fait 16 000 ha!)
Visite technique détaillé du processus de vinification et des chais en petit train bien sûr. Explications d'une main de maitre par le Directeur Oenologue de la maison. 10 cuves gigantesques de 6000 hl (il en existe aussi de 12000 hl sur un autre site!).

Maitrise rigoureuse et industrielle de toutes les étapes de la vinification:
  • dosage électronique du SO2 pour obtenir exactement 30 mg/l de SO2 libre à la mise
  • comptage précis du nombre de levures actives (objectif affiché de 1.5 millions de levure par ml) par mesure de la résistance électrique (méthode développée en collaboration avec l'European Space Agency)
  • Remuage record en 80 minutes (normalement en 4 jours chez la plupart des maisons de Champagne), exploit réussi par l'emploi de levures maison, d'alginate et autres adjuvants hautement confidentiels
Freixenet est leader monde sur le marché des effervescents entrée de gamme. Ce groupe a une dimension à faire tourner la tête. Même si ils prétendent rémunérer décemment les apporteurs de raisin, les autres acteurs du Penedes ne voit pas cette grande maison comme un bien-fait pour l'image collective du cava...

Gramona
à Sant Sadurni d'Anoia

Visite coup de coeur. Accueil très chaleureux de Frédéric, journaliste français amoureux du Pénédès et en charge des relations publiques. Entreprise familiale créée il y a 125 ans, 80 ha dont 50% en propriété. Entreprise clairement visant le qualitatif plutôt que le quantitatif (suivez mon regard!). Approche vin de terroir, expérimental (l'oenologue est prof de fac et est insatiable de curiosité pour faire de nouveaux essais, par ex. vinifier le Merlot en blanc, vin de gel...).

L'essentiel de la production est écoulée dans les bonnes tables du Penedes. 25 vins produits, 50% de cava. Gramona a une politique unique d'achat de raisin: elle paie une somme par hectare et non par kg de raisins. Cette forme de fermage renforce les liens avec les viticulteurs apporteurs de raisin. On est loin de l'approche cohercisive de Freixenet...

Maison traditionnelle dans ses moyens de production:
  • table de tri pour les blancs
  • bouchon liège pour la prise de mousse
  • élevage sur lattes bois long de 4 à 6 ans
  • poignetage manuel
  • remuage manuel sur pupitre
  • liqueur d'expédition à base de Xérès, rhum et assemblé par des solera de 10 ans
Dégustation d'une bonne partie de la gamme avec:
  1. Cava Pinot Noir Rosé 2003
  2. Gessami 2006 (Muscat + Sauvignon) 7€
  3. Sauvignon blanc 2006 - 18€
  4. Cava Cuvée Impérial Brut Gran Reserva 2003 - 13€
  5. Cava III Lustros Gran Reserva 2001 - 23€ (coup de coeur)
  6. Vi de Gel (Gewurztraminer) 2002 - 18€ les 37.5cl
Raventos i Blanc

Fondé en 1986 par l'héritier du géant Cordoniu (producteur gigantesque de Cava, concurrent de Freixenet). Les chais construits au coeur de son vignoble de 60 ha ont remporté un prix de design d'architecture. Autant vous dire, que l'on ne lésine pas sur les moyens et que tout est fait pour sortir de grands vins.

(Photo de gauche: réception vendanges face à la barrière montagneuse du Montserrat)

Visite guidée par Sandrine, française installée depuis 15 ans dans le Penedes et co-responsable du labo oenologique. Elle nous confirme qu'en Espagne l'accent est mis sur l'oenologie au détriment de la viticulture. A tel point que seul 3 employés permanents s'occupent des 60 ha de vigne alors que l'on ne compte pas moins de 8 commerciaux!

Bien que l'entreprise ne soit pas formellement en bio, toutes les pratiques lui conduisent: pas d'utilisation de molécules de synthèse, traitement uniquement au cuivre et soufre. Les Cava sont bichonnés avec des élevages pouvant aller jusqu'à 8 ans sur lattes pour le Gran Reserva Personal!

Le seul Cava dégusté m'a laissé un peu sur ma faim et était trop classique à mon goût. On cherchait une signature...

Mascaro

Mon autre coup de coeur avec Gramona. "Petite" entreprise de 40 ha à Villafranca del Penedes. Nous avons été reçu en grande pompe par Mme Mascaro. Elle n'a pas hésité à nous consacrer un après-midi entier pour nous faire visiter de fond en comble ses chais et sa distellerie (11 alambics charentais). Maitrisant parfaitement le français, nous avons pu découvrir tous ses "secrets" de fabrication de ses brandy tès qualitatifs...

La photo de gauche montre un détail clef de l'alambic: les vannes pour séparer la tête du coeur et de la queue. Tout est fait de façon traditionnel et manuel. On prend le temps de faire les choses bien. La première distillation a lieu sur le vin ayant encore ses lies fines. A l'issue de la deuxième distillation, quand la liqueur a atteint les 65° d'alcool, elle est élevée en barrique pendant minimum 3 à 4 ans pour être vendu à 40°.

Après avoir fait le tour de la distillerie et des nouvelles installations, nous avons plongé dans les sous-sols des chais historiques au coeur de la ville. Plongée abyssale dans le sentrailles de la terre où reposent religieusement les Cava.

Les 100 000 bouteilles de Cava sont élaborés avec peu de levures (600 000 / ml) en comparaison avec Freixenet (1.5 millions / ml) ou Raventos (2.2 millions /ml). La 2ème fermentation alccoolique dure 3 semaines. Le remuage est manuel sur caisse métal à base octogonale. C'est autour de 15 à 18 mois d'élevage sur lattes que s'opère la magie de l'autolyse des levures (les levures mortes libèrent leur suc vaculaire et libèrent des polysaccharides et mano-protéines, éléments apportant complexité et vinosité au Cava).

La visite s'est conclue par une dégustation d'une partie de la gamme des Cava et Brandy et d'un délicieux jambon Pata Negra. Que la vie est dure parfois!

vendredi, mars 16, 2007

#7 Effet Terroir: Riesling en veux-tu en voila!

21 vins dégustés ce matin au CIVA. Pas le temps de se remettre des émotions du Pinot Noir de Chanson (voir compte-rendu hier), que nous revoilà replongés dans la dure réalité de notre Riesling alsacien! Compte-rendu express de cette dégustation globalement peu enthousiasmante..

:: 1ère série ::
Verticale Rolly Gassmann
Riesling Pfaenzerreben
Terroir: marnes bleues

Millésime 2002
  • Oeil: jaune clair, reflets verts
  • Nez: orange puis poire. Evolution positive
  • Bouche: attaque sucrée puis cassure avant la relève acide. Pointe d'acide malique et fin de bouche asséchante. Corps très moyen. Moyen
Millésime 1998
  • Nez: fermé (SO2?) puis lacté, yaourt. Bonne tenue à O2
  • Bouche: comme 2002 avec plus de malique. Très moyen
Millésime 1994
  • Nez: très réduit. Notes de cuir, pétrolé
  • Bouche: attaque sur les sucres mais relai progressif sur une acidité plus mûre et salivation plus large (marque du terroir). Moyen
Milésime 1988
  • Nez: réduit et n'évolue pas
  • Bouche: attaque flottarde et noyée dans les sucres. Très moyen
:: 2ème série ::
Verticale
Riesling Muhlforst du Domaine Stoeffler à Barr
Terroir: argilo-calcaire

Millésime 1996

  • Nez: truffe, beurré et pointe de jus frais de myrtilles dans mon verre!
  • Bouche: assez maigre, dilution. Pointe de végétal et finale râpeuse. Moyen
Millésime 1998
  • Nez: 1er nez fermé et s'ouvre sur du fruit
  • Bouche: dominée par une acidité plus mûre qui remplie la bouche. Pointe végétale en finale. Moyen +
Millésime 1989 VT
  • Nez: très réductif puis empyreumatique
  • Bouche: attaque sucre, relai acidité mûre. Pointe de réduction métallique. Moyen
Millésime 1997
  • Nez: pas net, liégeux et réduit
  • Bouche: attaque lâche et finale champignons (sans doute dû au problème de liège détecté au nez). Moyen
Millésime 2002
  • BOUCHONNE
Millésime 2004
  • Nez: volatile (colle scotch), peu d'évolution à l'aération (quelques fruits mûrs)
  • Bouche: similaire au 1998 avec une finale légèrement alcooleuse. Moyen
:: 3ème série ::
Horizontale sur le Riesling Wiebelsberg 2002
Terroir: gréseux

Domaine Luca Rieffel à Mittelbergheim
  • Nez: 1er nez fermé puis fruits blancs (poire) et notes grillées
  • Bouche: attaque sucre, relai acidité mûre. Finale asséchante. Moyen +
Domaine Rémy Gresser à Andlau
  • Nez: fermé puis pointe d'acide acétique (picote au nez)
  • Bouche: classique: sucre puis relai acide malique et finale asséchante. Moyen
Domaine Claude Moritz à Andlau
  • Nez: pas net, mal propre, animal, pot au feu
  • Bouche: malique et rapeuse. Très moyen
Domaine Marc Kreydenweiss à Andlau
  • Nez: pointe de volatile et lactique. Evolution sur amande verte
  • Bouche: le vin a fait sa malo. Plate, dilué et oxydative. Finale sur l'alcool qui assèche
Domaine Boeckel à Mittelbergheim
  • Nez: fermé et évolution négative
  • Bouche: creux en milieu de bouche, mais plus de matière que dans le reste de cette série. Certaine longueur. Moyen +
:: 4ème série ::
Verticale sur le Gewurztraminer Hengst
de Paul buecher (Wettolsheim)

Terroir: gréseux

Millésime 1999
  • Nez: explosif, litchi, monolithique
  • Bouche: attaque moelleuse + salinité. Vin plein. Bien
Millésime 1998
  • Nez: fermé et pas net (liégeux)
  • Bouche: marquée par les sucres résiduels et l'alcool. Plus puissant que le 1999 mais paradoxalement moins de corps. Fait saliver, marque du terroir. Moyen +
Millésime 1997
  • Nez: réduit, herbes aromatiques (thym, laurier)
  • Bouche: attaque grasse, épicée et minérale. Bien
Millésime 1996
  • Nez: oxydatif, typé jus raisin de Muscat
  • bouche: en contraste car beaucoup moins dense que le laisse présager le nez, voire flottarde et assez courte. Moyen
Millésime 1994
  • Nez: animal, vénaison, réduit
  • Bouche: les sucres presistent du début à la fin. Peu de matière. Très moyen
Millésime 1987
  • Nez: menthe fraîche, eucalyptus puis pointe de champignons
  • Bouche: thé à la menthe qui aurait un peu trop infusé! Etonnant
:: Conclusion ::

Il y en a marre du Riesling. A quand les dégustations de grands Pinots Gris??

jeudi, mars 15, 2007

#6 Effet Terroir: Bourgogne et Terroir

Dégustation très instructive menée de main de maître par Jean-Pierre Confuron, vinificateur hors-pair bourguignon (Domaine Jack Confuron-Cotetidot à Vosne-Romanée, château de la Tour (Clos de Vougeot) et Domaine Chanson). 8 vins analysés par le biais de la texture du sol. On a essayé de dégager une tendance entre texture du sol (proportion de sables, calcaire, argile et matière organique) et la texture des vins en bouche...

Pour ce faire, tous les vins (sauf un) sont issus d'une même vinification (faite par JP Confuron lui-même), d'un même millésime (2004), de la même maison (Chanson). La seule variante étant la texture du sol...

:: 1ère paire ::
Beaune 1er Cru Clos du Roy
vs. Clos des Marconnets
Domaine Chanson 2004

Le Clos du Roy est en plaine, sur un sol argilo-calcaire dominé par des sables, éboulis et cailloutis. C'est un terroir à maturité précoce. Ce sol léger, aérien s'est traduit dans le vin par une texture soyeuse, "féminine", aux tanins serrés (polymérisés) qui floculent en de fins grumeaux sur la langue. Un vin aérien construit verticalement.

Opposition radicale avec le Clos des Marconnets. Cette parcelle se situe juste au-dessus de la précédente et n'en est séparée que de quelques mètres seulement. Pourtant les vins sont si différents. En effet, le sol affleure la roche mère (sur le haut) et voit sur le bas une accumulation d'argile avec une proportion de sables bien moindre que dans le Clos du Roy. Cette différence se traduit en bouche de façon spectaculaire: texture beaucoup plus austère, "masculine", des tanins plus durs, plus asséchants. On a une plus grande densité en bouche. C'est un vin terrien, plus large avec une acidité plus soutenue. C'est un vin de garde moins dans la séduction immédiate comme le premier.

:: 2ème paire ::
Savigny -lès-Beaune 1er Cru Dominode
vs. Pernand-Vergelesses 1er Cru Les Vergelesses
Chanson 2004

Les Dominode est sur un socle calcaire, recouvert de sables avec (et c'est là toute la subtilité) une couche argileuse. C'est cette composante argileuse qui va va modifier la texture du vin et qui va le démarquer du Clos du Roy. Le vin offre une bouche plus pleine, avec encore des tanins asséchants. Mais on sent que les années vont harmoniser l'ensemble. A noter que le fruit est légèrement compoté (sur-mûri), ce qui pourrait être dû aux sables.

Les Vergelesses est sur un sol à forte proportion d'argile éclaté (plus de 35%), offrant une bonne rétention d'eau, une maturité plus lente. La texture du sol est également complétée par une zone alluvionnaire pure. Le vin est plus dense mais plus monolithique et ne se dévoile pas de suite. Les tanins sont encore durs. C'est un vin à garder.

:: 3ème paire ::
Gevrey-Chambertin Chanson 2004
vs. Pommard Vaumurien Dom. de Courcel 2004

L'idée est de confronter deux terroirs argileux de texture légèrement différente. Le Gevrey-Chambertin Villages est une zone d'éboulis avec des cailloutis, couplée à des argiles profonds. Le vin nous apparaît plus mûr, plus fin et plus complexe que le second.

Le Pommard, vinifié par le frère de JP Confuron, est né sur des marnes jaunes et se goûte rectiligne, monothématique (100% cassis!) à en perdre le Pinot!

:: 4ème paire ::
Charmes-Chambertin GC

vs. Clos de Vougeot GC
Chanson 2004

Le Charmes-Chambertin est sur un sol argilo-marneux avec la particularité de posséder une zone de forte concentration en Fer. Le Fer est un catalyseur de réaction d'estérification, ce qui ouvre olfactivement les vins. Le vin est suave, ouvert, fin, charmeur.

Le Clos de Vougeot est sur un sol argilo-marneux. Le vin est marquée par une acidité plus soutenue, acidité qui renforce la perception tannique. La boucghe est plus pleine et ample.

:: Conclusion::

Approche très instructive d'opérer par paires ou la seule variante est la nature du sol. On n'a pu vérifier qu'il y a une corrélation entre texture du sol et texture du vin. Fascinant!

mercredi, mars 14, 2007

Barmes-Buecher et Zind-Humbrecht

Invité pour les dégustations pour professionnels, je me suis rendu lundi soir chez Barmès-Buecher à Wettolsheim et hier soir chez Zind-Humbrecht à Turckheim. Petit compte-rendu de visites fort sympathiques...

Domaine Barmès-Buecher

En biodynamie depuis 1998. 67 vins étaient à disposition sur les millésimes 2005, 2004, 2003, 2002, 2001 et 1996. Un vrai festival. Accueil très pro avec un buffet de fromage mémorable. Voici les vins qui m'ont le plus impressionnés ...
  1. Pinot Noir Réserve 2004 (un PN de fruit, gourmand, digeste. superbe)
  2. Pinot Auxerrois 2004 (vin original avec une très belle minéralité)
  3. Pinot Gris Rosenberg Silicis 2004 (fin, sec, minéralité droite et en longueur)
  4. Pinot Gris Rosenberg Calcarius 2004 (fin, sphérique, plus volumineux, féminin?!)
Domaine Zind-Humbrecht

Je passe sur les présentations! La grande classe. Accueil 3 étoiles par toute l'équipe tout sourire. La cave est magnifique et dans un style contemporain. On ne sent plus en Alsace mais dans un musée new-yorkais ! Excellent! Une quarantaine de vins sur le millésime 2005 était à disposition. J'avoue que je n'ai pas pu résister et que je les ai tous goutés! Mon humble sélection de vins qui je trouve se goutaient particulièrement bien ce soir là:
  1. Riesling Herrenweg 2005
  2. Pinot Gris de Thann 2005
  3. Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2005
  4. Riesling Clos Windsbuhl VT 2005
  5. Pinot Gris Heimbourg SGN 2005

dimanche, mars 11, 2007

Retour sur les Grands Crus.. a velo!

Rien de tel que de se faire les mollets par un beau dimanche de mars... ça a été sport mais beau!

samedi, mars 10, 2007

Que fait-on dans les vignes en... mars

Je me doutais que travailler la vigne était physique, mais à ce point? Récit d'une semaine exténuante entre 2 pieds de vigne.

Lundi 5 mars

Réparation de piquets, arcures (ma première baguette dans la tête!). Le retour du mal de dos, souvenir des vendanges... Le Riesling a des bois fragiles et se casse facilement lors de l'arcure. Il est donc prévoyant de laisser une 3ème baguette pour palier à une rupture lors de l'arcure...

Mardi 6 mars

Pèlerinage sur une nouvelle parcelle. Ce sera mon lieu de travail pour le restant de la semaine, mais ça je ne le sais pas encore ! La matinée est consacré à nettoyer la parcelle (je joue les éboueurs pour enlever tous les bouts de plastique broyés mis initialement pour protéger les jeunes plants). Après ce travail passionnant, je m'exerce pour l'examen de taille (2ème passage). Ensuite, préparation pour l'arrachage en taillant à ras tous les pieds. Un travail qui nous prendra le reste de la journée... Demain, on devrait arracher tous les piquets et les fils de fer.. A suivre...

Mercredi 7 mars

Programme respecté! Toute la journée sur la nouvelle parcelle: décrochage des fils et mise en bobines puis passage à la partie très physique: arrachage des piquets à la main. Ceux en bois sortent de terre comme dans du beurre. Par contre c'est une autre paire de manches pour ceux en métal! Bonjour les courbatures et les ampoules. Heureusement, tout ça dans la joie et la bonne humeur et sous le soleil!

Jeudi 8 mars

Sentiment d'être au bagne de par la dureté des labeurs physiques: pioche, barre à mine pour planter des piquets bois et chatte (non, non je n'ai pas invneté ce mot! C'est un grand préservatif de métal avec longs bras et qui pèse 15kg) pour enfoncer à la force des bras un piquet métallique de 2,30m ! Inutile de vous dire que je suis détruit. J'ai pris une intime connaissance du muschelkalk et suis à même de confirmer que c'est un sol caillouteux ! La journée a été entièrement consacrée à planter de nouveaux piquets et repositionner les fils de palissage.. Je comprends un tout petit peu mieux ce que doit être les travaux forcés pour les forçats ! La viticulture, un métier aux multiples facettes qui ne finira pas de m'étonner....

Vendredi 9 mars

Programme simple: toute la journée passée à planter des piquets bois. Ce qui veut dire: trou à la pioche, barre à mine pour faire un trou cylindrique profond et remblayage. Du physique 100% air pur! Je repars avec des courbatures 1ére classe et plein de bons souvenirs :-)