samedi, octobre 23, 2010

Domaine de la Tournelle (Arbois)

Formule jurassienne originale, la dégustation au domaine se fait au café de la Tournelle! Dans une ambiance très conviviale, les guests de passage se voient servir les différents vins du domaine. Ce jour là c'est Pascal en personne qui est au commande. On ne compte plus le nombre de bouteilles ouvertes.

Je me suis limité aux blancs secs de ce superbe domaine en biodynamie. Prix TTC départ domaine.

1. Arbois Chardonnay Terres de Gryphées 2007- 9,20€
Sur un terroir assez lourd composé d'argiles et de marnes grises, ce vin offre une superbe tension avec de fines notes citronnées. Un vin qui se gardera bien et qui claque de pureté comme je les aime. Bien
2. Arbois Chardonnay Les Corvées sous Curon 2006 - 11,70€
Terroir magique composé de calcaires du lias. 1er nez sur une légère volatile dynamique qui s'affine à l'aération. La bouche est paradoxalement moins en place que pour le vin précédent et offre une étrange sensation de gras. A oublier en cave quelques années. Moyen +

3. Arbois Fleur de Savagnin 2008 - 12,60€
Vin ouillé qui à ce stade ce rapproche des Terres de Gryphées avec une bouche tout en tension minérale à la finale salinissime. Bien +


4. Arbois Fleur de Savagnin 2001
La comparaison n'est pas flatteuse pour le 2001. Réduction au nez et bouche fatiguée. Je n'y retrouve plus la tension du 2008. Bof
5. Arbois Savagnin de Voile 2006 - 14,50€
Non ouillé. Un 1er nez sur la pomme verte et le jus de citron qui nous fait saliver. Evolution sur la minéralité (cailloux). Bouche en contraste avec le nez avec les notes classiques d'oxydation (noix) et une acidité en retrait. Belle équilibre global et fera merveille sur un comté 24 mois. Bien

6. Arbois Vin Jaune 2003 - 35€
Nez de "jaune". Bouche offrant une belle longueur mêlant noix, notes salines et épicées (poivre). Finale sur les épices, voire un peu chaude (millésime). Bien-

7. Crémant du Jura Brut de Brut - 7,50€
Dommage que ce crémant soit légèrement dosé. Je l'aurai préféré en sec de chez sec. Mais bon rapport qualité/prix. Moyen+

Conclusion: un domaine à découvrir d'urgence pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Le travail des sols et la persévérance dans les pratiques biodynamistes le fera sans aucun doute progresser toujours plus loin.

Domaine de la Tournelle
Evelyne et Pascal Clairet
5, Petite Place
39600 ARBOIS
Tél. 03 84 66 25 76
Fax 03 84 66 27 15
www.domainedelatournelle.com

samedi, octobre 09, 2010

Emotions minérales

Jean-Luc Lanoix a réuni 8 grands blancs pour nous aider à toucher du bout du palais la notion de minéralité. Malgré un rhume carabiné, je suis allé à la rencontre de ces grandes dames encore toute jeunes qui inspirent respect et méditation en cette soirée automnale...

  1. Bourgogne (blanc) 2008 - Domaine Michel Bouzereau (16€)
    A l'aveugle ce vin me fait penser à un savagnin ouillé. Certes, le boisé n'est pas encore fondu mais la bouche offre de beaux amers, du gras et une finale avec une belle tension et un zest d'agrumes. Dommage que la minéralité soit cachée sous le boisé de l'élevage. Moyen+

  2. Jura "Sursis" 2008 - Domaine Stéphane Tissot (22€)
    Une nouvelle cuvée du domaine car ces vignes de Chardonnay sont entourées de savagnin ultra majoritaire. 1er nez légèrement lacté voire crémeux mais des notes de cailloux prennent vite le dessus. En bouche on gagne en longueur, en volume. Des notes de pommes et poires blettes qui glissent sur une finale saline à souhait. Un vin austère comme je les aimes. Bien

  3. Riesling Grand Cru Kastelberg 2007 - Domaine Rémy Gresser (23€)
    Le nez qui commence à "pétroler" nous dévoile d'emblée la région et le cépage. En bouche, je suis gêné par les sucres résiduels (au moins 10 g/l?) qui confère à ce vin un surplus de richesse qui n'est pas soutenue par une trame acide suffisante. La finale est tannique et l'impression d'un vin ramassé, recroquevilé demeure. A garder. Moyen+

  4. Riesling Grand Cru Muenchberg 2008 - Domaine André Ostertag (26€)
    J'avoue que j'ai assez mal goûté ce vin ce soir. Le rhume n'aide pas à percevoir toute la classe du couple terroir-vigneron. Après une première bouteille légèrement liégieuse, un 2ème flacon est ouverte et servie à température ambiante (18 degrés). Le (ou mon) nez est globalement fermé à double tour, mais la bouche me titille par sa structure en paliers qui voudrait se dévoiler tout en longueur mais qui à ce stade est assez serrée. La finale sur des amers classes et des notes réglissées est de bonne augure. Ce vin est à garder absolument quelques années. Bien


  5. Meursault 1er Cru Perrières 2008 - Domaine Michel Bouzereau (65€)
    Le nez est encore marqué par le passage dans le bois mais offre une belle complexité. La bouche est un modèle des grands bourgognes: rectitude, ping-pong de gras et de salinité purissime. Finale mentholée. Là encore, le vin est un peu compact, resserré sur lui même mais on sent que tout est là pour en faire un grand vin "à frisson" dans quelques années. La grande classe. Très Bien.

  6. Pinot Gris A360P 2008 - Domaine André Ostertag (40€)
    Parcelle mythique située sur GC Muenchberg et longtemps recalé aux dégustations d'agréments pour manque de typicité du cépage (sans commentaires). Un nez lacté et caramel qui se complexifie à l'aération. La bouche est riche (25 g/l de S.R.?) mais sphérique à en donner le tournis. Quelle allonge dans ce vin. A garder et à boire avec un ris de veau truffé, tout simplement! Très Bien

  7. Pessac-Léognan (blanc) 2004 - Domaine Chevalier (60€)
    Quelle complexité aromatique: fruits exotiques (ananas), notes racées, sous-bois. La bouche marque une petite marque d'évolution à mon sens, mais le relais salin nous emporte si loin que l'on en oublie le reste. Je le vois bien sur un poisson noble à chair ferme (turbot, bar) cuit tout simplement sur sa peau croustillante. Ou pourquoi pas avec un homard! Bien+

  8. Bienvenues Batard Montrachet 2004 - Domaine Anne-Claude Leflaive (200€)
    Ze star de la soirée (je suis choqué par son prix). Nez empyreumatique envoûtant et pure. Un bouquet de végétal noble s'ajoute à l'ensemble. Toucher de bouche très classe avec un subtil mélange d'austérité et de mystère avec quelques tannins. Quelle longueur tout en salinité minérale. C'est très beau mais à ce prix... Très Bien

Conclusion: Un monde infini que celui des grands blancs. Plus on en boit, plus on a envie d'y regoûter. Comme si ces vibrations minérales étaient "addictives". Et cocorico, l'Alsace peut vraiment être au top et toujours à des prix raisonnables.

(c) Daniel L. pour les photos

dimanche, septembre 12, 2010

Chanterelles et Régnié, why not?

La saison des champignons bat son plein dans les Vosges! 2010, un grand millésime!

1,5 kg de chanterelles à tube et quelques bolets. Un vrai régal. Faire revenir les chanterelles dans un peu d'huile d'olive et d'ail et parsemer de persil plat. Faire cuire 7 minutes au bain marie dans une cassolette avec crème fraîche et un oeuf.

Dégusté avec un Régnié 2009 de Christian Ducroux. La vie est belle!

vendredi, août 20, 2010

Domaine Vincent Stoeffler

Rien de tel que pour se remonter le moral (voir visite du matin ci-dessous), que de rendre visite au domaine Vincent Stoeffler à Barr.

Accueilli super chaleureusement par Sandrine, nous allons re-re-re-regoûter la gamme des vins de terroir de ce domaine en biodynamie possédant une vaste gamme homogène et très convaincante et le tout avec des prix très très doux. En outre, la liste des vins indiquent par un indice allant de 1 à 5 si les vins sont secs. Bravo!

Parmi les rieslings lieu-dit sur 2008 nous avons goûté le Kronenburg et le Muhlforst. Deux expressions de riesling de terroir sec et racé, ma préférence aujourd'hui est allé au Muhlforst avec un surplus de dynamisme et une finale plus pure que le Kro' qui offrait une pointe de verdeur. Des vins a 8,80€. Avouez qu'il serait vraiment dommage de s'en priver!

Quant aux grands crus en 2008, match au sommet entre le riesling Grand Cru Schoenenbourg et le Kirchberg de Barr (toues les deux à seulement 13,40€, un vrai cadeau!). Le Schoenenbourg offre une bouche plus sphérique, plus dans l'opulence et un registre florale séducteur. Le Kirchberg est tout en droiture et minéralité tranchante. Un vrai régal de terroir.

Avant de terminer sur les pinots noirs, passage obligé par le Crémant d'Alsace Blanc de blancs Brut 2005 (10,80€): un quasi pur chardonnay qui ferait pâlir bon nombre de champagne de la cote des blancs. Quelle minéralité et droiteur en bouche! Son nez toasté est tout en finesse. Un grand régal!

Le Pinot Noir Lieu-dit Rotenberg 2008 (9,80€) est un régal de fruit dans le sens le plus noble du terme. L'expression la plus juste à mon sens d'un grand pinot noir alsacien. Une symphonie de fruits rouges (cerise) soutenue par des notes toniques de réglisse nous bercera bien longtemps après que la bouteille soit glouglou. Le Pinot Noir cuvée XXC (pour Vingt Cent = Vincent!) est plus dense, plus fermée. Je suis surpris d'apprendre que l'élevage est strictement identique entre ces deux cuvées. Mais ma préférence va clairement au Rot' avec son côté aérien divin!

Chapeau bas Vincent et toute son équipe pour tes vins de terroir qui font honneur à notre région. Tout en modestie, pragmatisme, discrétion et rigueur, ce domaine ira très loin et est en progression constante. A suivre....

Domaine Albert Boxler

Première visite au domaine Albert Boxler à Niedermorschwihr. Reçu par la femme de Jean Boxler, nous sommes installés dans la salle à manger dans une ambiance très familiale (le petit dernier trônant au début sur la table :-). D'emblée, je vois que la nappe bleu ciel ne nous permettra pas d'apprécier au plus juste la robe des vins.

Première déception: bien évidemment il ne reste plus grand chose à vendre et notamment quasiment aucun riesling sec. Il nous faudra repasser en novembre / décembre pour pouvoir profiter de la gamme complète des rieslings du Sommerberg et du Brand.

Le domaine fait 60% d'export (principalement vers les USA et les pays nordiques) mais garde 40% pour sa clientèle fidèle qui achète en direct. Tout à l'honneur du domaine qui souhaite garder un lien direct avec sa clientèle "locale". Sa renommée grandissante n' a rien changé à ça. Bravo!

Deuxième déception: l'entrée de gamme en 2008 m'a pas mal déçu et n'est pas du tout à la hauteur d'un domaine si réputé. Que ce soit le sylvaner, le pinot blanc ou le riesling, certes les acidités sont très vives voire tranchantes (ce qui n'est pas étonnant vu le millésime) mais les fins de bouche sont vertes et laissent une amertume pas des plus nobles. En outre, les quelques sucres résiduels du pinot blanc n'étaient pas les bienvenus. Quand est-ce que l'Alsace se réveillera et arrivera à faire des vins secs?


Parmi les peu de grands crus disponibles à la dégustation en ce mois d'août, on attaque par le Riesling Grand Cru Sommerberg Jeunes Vignes (JV) 2008 (15€). Enfin un vin qui me parle. La trame acide est belle et le vin est élancé. Par contre les jeunes vignes de 15 ans ne donnent pas toute la profondeur et la complexité que l'on attend de ce grand terroir. Assez bien, mais quid de revendiquer la notion de grand cru sur de si jeunes vignes.

Viennnent ensuite deux GC en pinot gris:
  • Pinot Gris GC Sommerberg 2008 (20€)
  • Pinot Gris GC Brand 2008 (20€)
Match aisément remporté par le Brand avec son surplus d'acidité et de fraîcheur. Les deux vins présentent une belle longueur mais ne laissent toutefois pas une impression mémorable. Les attaques sont un peu lourdes (particulièrement sur le Sommerberg) et le relais acide se fait un peu attendre. Aromatiquement on pourrait s'attendre à plus de complexité. Assez bien.

Je ferai impasse sur les gewurztraminer pour parler en dernier du Riesling Grand Cru Sommerberg Vieilles Vignes Vendanges Tardives 2005 (30€). Le vin qui m'a le plus plu dans cette matinée ma foi assez laborieuse. Tout est là pour en faire un grand vin dans 10 ans: densité et côté aérien, acidité/minéralité sous-jacente. Les sucres résiduels vont être un challenge pour la gastronomie mais en feront un beau vin de méditation quand ils seront un peu plus fondus. Bien

Conclusion: vous l'aurez compris, cette dégustation aura été placée sous le signe de la déception: verdeur des vins d'entrée de gamme, sucres résiduels beaucoup trop présents dans les pinots, condition de dégustation pas des meilleurs (sans doute venir en été n'est pas une bonne idée avec le ballet incessant des visiteurs au domaine). Une fois de plus, il ne faut pas se fier aveuglément au guide vert de la RVF qui attribue à ce domaine 3 étoiles.

vendredi, mai 14, 2010

Christian Ducroux… de bas en haut

D’emblée, on comprend que Christian Ducroux est un homme très attachant, profondément sincère et que l’on va se centrer ici sur l’essentiel : le travail de la terre.

A peine arrivé, il nous emmène fouler ses vignes situées non loin de l’imposante bâtisse en vieilles pierres surplombant le village de Lantignié au cœur du cru Régnié.

Quel plaisir de sentir la terre à la texture de semoule sous nos pieds. On se croirait en forêt sur un tapis végétal plein de vie. Le sol nourrit toutes sortes de plantes au cours des saisons (légumineuses, couvert végétal…). Mot après mot, on comprend que Christian cherche à préserver un écosystème intégré où par exemple les insectes des arbres fruitiers récemment plantés au cœur des vignes viendront protéger ses vignes des ravageurs.

Christian a l’œil vif, le sourire aiguisé. Il a aussi quelque chose du professeur Tournesol. Il aime expérimenter et tente de s’affranchir des seuls intrants chimiques qui lui restent (le cuivre et le soufre). Avec son « pulvé » maison, outre les préparas biodynamiques, il répand au plus près des feuilles une sélection de tisanes protectrices (origan, romarin, argile…). Ses pratiques viticoles oscillent entre observations et essais. Il nous montre fièrement sa dernière acquisition lors d’une brocante locale : une herse « chirurgicale » qui permettra un labour toujours plus en finesse, sans violence pour une terre qu’il chérit tant.

Les 4 hectares du domaine sont conduits en biodynamie. Christian est assisté par un cheval et « demi » et un bœuf. Ces quadrupèdes contribuent bien sûr à tous les travaux de labour mais aussi au transport de la vendange par carriole. Le seul bruit de moteur que l’on entendra ici est celui d’une mini-pompe qui transvase la vendange entre ses cuves tronconiques en bois et un pressoir à vis à l’ancienne.

Comme dans tous les grands domaines, la cave est d’une étonnante simplicité, voire austère. En cave, Christian installe une table et deux bancs. Sa compagne, qui cultive des céréales, fait des essais de panification dans le four à bois tout proche. Pop ! Le rosé est sur la table (un rosé de presse, gourmand et vineux à la fois, un rosé de gastronomie). Re-pop ! et le Régnié 2009 est sous nos papilles : un bouquet floral et fruité impressionnant, le tout servi sur une trame fraîche. Le vin, mis en bouteille la veille, est certes un peu recroquevillé sur lui-même, mais son côté aérien se libère peu à peu.


Car c’est là que réside la magie des vins de Christian Ducroux. A force de travailler la terre, on touche le ciel, la lumière. Ses vins sont profondément aériens, lumineux. De bas en haut. En toute simplicité.

Domaine Christian Ducroux
Thulon 69430 Lantignié
Tél. 04 74 69 20 47
Régnié: 6.50€ TTC


vendredi, avril 09, 2010

Vins de Loire - quelle diversité!

13 convives autour d'une table. C'était vendredi soir chez Vins & Terroirs à Haguenau. Jean-Luc Lanoix nous avait concocté une belle dégustation à la (re)découverte des vins de Loire: 6 rouges et 5 blancs.

De belles surprises en perspective, loin d'une image d'une certaine verdeur que l'on pourrait avoir... Les vins ont été carafés peu avant le service.

Les rouges:
  1. Côt de Touraine - Clos des Roches Blanches 2007 (13€)
    Le 1er vin ce n'est jamais évident. Pas d'exception à cette règle ce soir. Nez assez discret sur des notes fraîches de végétal et quelques épices (poivre). La bouche offre une belle trame acide, mais se termine sur une finale courte et amère. Moyen

  2. Bourgueil "Clos Sénéchal" - Domaine Catherine & Pierre Breton 2007 (16€)
    C'est parti pour le cabernet franc! 1er nez sur des fruits rouges puis à l'aération on plonge son nez dans les herbes fraîches. Un nez frais et précis. En bouche, on est frappé par un surcroît de matière et de densité par rapport au vin précédent. Les tanins sont aussi plus présents et l'acidité (mûre) en finale laisse une bouche limpide et nous fait oublier l'attaque en bloc. Bien-

  3. Saumur-Champigny - Château Yvonnes 2007 (20€)
    Le vin "non" de la soirée pour ma part. Le jeune Matthieu Vallée s'essaie à des élevages boisés un peu trop marqués à mon sens. Le 1er nez est réduit (notes animales) et ne laisse place à l'aération qu'à des notes boisées. Le maquillage pressenti au nez se confirme en bouche. L'élevage en fûts de chêne est omni-présent. C'est dommage car on perçoit que la matière est belle, le fruit est beau sous ce maquillage démodé. Soit il faut savoir l'attendre, soit il ne perdra pas complètement son fard. A garder. Moyen

  4. Saumur-Champigny "Terres chaudes" - Domaine des Roches Neuves 2008 (18.90€)
    Ça y est! On se fait plaisir, mais alors très plaisir avec ce vin! Si le vin de Thierry Germain se présente sous un nez un peu fermé mais profond, la bouche tout en fruits acidulés est des plus élancées. On salive sur toute la longueur. Rien n'accroche, pas de chichi. C'est tout simplement très bon et pour. Très Bien

  5. Bourgueil "L'Envolée" - Domaine de la Cotelleraie 2007 (20€)
    Gérald Vallée est au commande et ça se sent! La minéralité fait son entrée dans la dégustation. Belles notes de silex / grafite au nez, relayées par un fin végétal. La bouche est une sphère de bonheur, aérienne à souhait. L'élevage est parfaitement maîtrisé. Quelle élégance. Ce vin me fait penser à un pinot noir. Très Bien

  6. Chinon "Coteau du Noiré" - Domaine Philippe Alliet 2007 (30€)
    Ouverture sur une note lactique et nez globalement fermé. Ce vin n'est clairement pas à déguster aujourd'hui. La bouche est un peu compacifiée à ce stade: légère perception de sucrosité, densité de matière, pointe d'élevage (vanille). Tout est là pour faire un beau vin dans quelques années. A garder. Bien
Les blancs
  1. Sauvignon "Arpents des Vaudons" - Domaine Mérieau 2009 (8€)
    Certes, il faut se refaire la bouche après une série de rouges pour attaquer les blancs. Certes, la bouche n'est pas des plus réceptives mais je ne m'y retrouve pas du tout dans ce vin trop variétal. Le nez est entêtant et monolithique sur des notes de poire, abricot. On a l'impression de faire face à des levures exogènes aromatisées (ce n'est pas le cas). Le nez ne bouge pas d'un poil à l'aération. Sans surprise, la bouche est acidulée et courte. Un vin simple qui exprime ce que je n'aime pas dans le Sauvignon. Il est vrai que ce vin n' pas la prétention d'être un vin de terroir, mais bon: Bof.

  2. Sancerre Cote des Monts Damnés - Domaine Henri Bourgeois 2008 (21€)
    Yes, yes and yes! Le Sauvignon comme je l'aime. Le jour et la nuit avec le vin précédent (oui, le prix n'est pas le même, je sais). Ballet fin de fruits exotiques au nez (mangue, papaye, agrumes) et minéral. Un nez profond et envoûtant. Une bouche sapide et élancéee qui se déroule par paliers successifs. Une minéralité cristalline offre à ce vin pureté et longueur. Très Bien

  3. Vouvray "Clos Baudoin" - Domaine François Chidaine 2007 (16.90€)
    ZE frisson de la soirée! Le chenin est un grand grand cépage quand il est mis entre de bonnes mains. Un nez racé, élégant tout en minéralité (craie). La bouche est un frisson minérale où tout est taillé, épuré, sec. Seul le terroir transparaît par quelques notes fumées. Un vin cistercien des plus justes. Grand

  4. Jasnières "Les Rosiers" - Domaine de Bellivière 2006 (20€)
    Comment enchaîner après un tel Vouvray. Le chenin offre ici un nez qui paraît un peu fatigué où se côtoie sans se parler des agrumes confits avec des notes lactées. La bouche est aussi fatigante avec une perception de sucrosité bien supérieure au 6 g/l de sucres résiduels. L'attaque perlante peine à faire oublier la densité, le miéllé et le gras d'une bouche qui cherche sa personnalité. Clairement à regoûter dans un autre contexte (pas après le Clos Baudoin!). Moyen+

  5. Sauvignon "Jadis" - Domaine Henri Bourgeois 2007 (30€)
    La grande cuvée du domaine Bourgeois. Le Sauvignon s'exprime de nouveau sous son meilleur jour avec un nez floral, citronnelle qui évolue sur la minéralité. Quelle complexité! Une bouche tendue qui fait saliver de plaisir. Un vin très frais, de nouveau aérien. Ce soir, je trouve que les Monts Damnés se goûtaient mieux. Bien+

Conclusion: Quelle diversité d'expressions parmi tous ces vins! Une région passionnante où le bio occupe une bonne place et les terroirs offrent des nuances infinies (schiste, tuffeau argilo-calcaire...). A des prix si raisonnables, il serait vraiment dommage de s'en priver!

vendredi, février 19, 2010

Domaine Michel Bouzereau à Meursault

A la recherche de Meursault tout en finesse, non marqués par l'élevage sans excessif gras ou boisé, je me suis rendu tout naturellement chez Michel Bouzereau à Meursault.

Accueilli dans les tout nouveaux chais par Jean-Baptiste, nous allons tout d'abord explorer les nouvelles installations très fonctionnelles où le 1er millésime à y être vendangé est le 2009. Les jus descendent par gravité dans les chais situés au sous-sol. L'espace de travail est impressionnant. Le lavage des bouteilles encore à l'ancienne nous rassûre. Ici on connaît l'importance des traditions.

Nous allons dans l'un des chais enterré goûter une aperçue de la gamme en bouteille sur le millésime 2007 (le 2008 n'ayant toujours pas connu la mise).

L'Aligoté est un régal de fraîcheur et de simplicité. A 5.50€, on aurait tort de s'en priver pour des bons apéro.

On ouvre le bal crescendo des Meursault avec "Le Limozin" (24€) qui donne d'emblée le ton de la dégustation: minéralité, finesse et délicatesse. Pas de démonstratif mais une fine ligne tendue soulignée par un fin élevage.

On gagne en puissance et longueur avec "Les Tessons" (24€) et en matière. La parcelle exposée Sud donne plus de richesse que le précédent exposé Est.

Le Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains (34€) est quant à lui plus sur la réserve et reste à ce stade assez fermé.

Le Meursault 1er cru Genevrières (34€) nous offre une belle part d'émotion avec une longueur impressionnante et une acidité en cascade des plus fines. Les notes de minéralité (pierres chaudes) se font envoûtantes. On gagne aussi en complexité avec ici des notes d'anis qui apporte une fraîcheur supplémentaire.

L'apothéose est atteint avec le Meursault 1er cru Perrières (42€) avec une minéralité toute en longueur. Il semble que ce vin ne s'arrêtera pas en bouche. Il est doté d'une tension exceptionnelle.

Conclusion: un domaine à Meursault que je ne peux que recommander chaudement de la part la sincérité de son accueil, la minéralité et la finesse de ses vins et aussi pour sa politique de prix ma fois encore accessible pour ce type de vins.

vendredi, janvier 29, 2010

Rhône 2007... à vos cartons!

En cette soirée d'hiver sous la pluie et les basses pressions atmosphériques, je m'apprête à toucher du nez et de la langue le millésime 2007 en Rhône Sud et Nord.

Les 11 convives sont réunis autour de la table de Jean_Luc Lanoix de Vins & Terroirs à Haguenau. Le rideau s'ouvre sur une série de 9 rouges et un blanc que nous dégusterons à l'aveugle. La plupart des rouges ont été carafés pendant 4-5 heures. vos cartons, prêts, emballez!

  1. Coteaux du Tricastin 2007 Cuvée La Truffière - Domaine de Grangeneuve (13.90€)
    Le 1er vin est toujours un peu difficile lors d'une dégustation, mais celui ci se présente aujourd'hui tout particulièrement sous un jour austère. Ce 100% à 12.5% d'alcool pointe bizarrement son alcool au nez qui est globalement peu expressif et la bouche est toute chamboulée avec une acidité mise en avant, une amertume finale dominante. Des petits fruits noirs (mûres) pointent timidement le bout de leur queue! Bref, à garder et à regoûter par une journée d'hiver ensoleillée dans 2 à 3 ans. Moyen+

  2. Côtes du Rhône 2007 - Coudoulet de Beaucastel (15€)
    30% Grenache; 30% Mourvèdre; 20% Syrah; 20% Cinsault
    ça y est, on entre dans le vif du sujet! Nez envoûtant c('est parti pour une longue série sur ce registre!) avec des notes fines animales et fumées enrobées d'un soupçon de poivre. L'attaque en bouche se fait sur la sucrosité du grenache, mais la complexité est là: épices, pruneaux, chocolat noir. Les tanins sont présents (30% Mourvèdre) mais enrobés. La finale fait pointer un cachou l'alcool mais l'ensemble est convaincant. A garder 5-8 ans. Bien

  3. Vacqueyras 2007 "Les 2 Monardières" - Domaine de la Monardière (13.90€)
    70% Grenache; 30% Syrah
    Les vignes de Grenache de 40 ans s'expriment olfactivement tout en finesse avec un nez qui "pinote" à souhait, un nez profond qui invite à la méditation. La bouche est en contraste avec le nez. Pas moyen de se tromper, nous ne sommes plus en Côte de Nuits ici! La Syrah amène sa touche de poivre, l'alcool offre un crescendo en bouche laissant celle ci sèche en finale. A garder 3 ans. Moyen+

  4. Vacqueyras 2007 "Vieilles Vignes" - Domaine de la Monardière (19.50€)
    60% Grenache; 20% Syrah; 20% Mourvèdre
    ZE coup de coeur / découverte de la soirée! Les vieilles vignes de Grenache (60 ans) ouvrent le bal avec des notes animales "nobles" qui s'affinent encore et encore à l'aération. Le nez est complexe et invite à s'y attarder longtemps. La bouche offre une maîtrise totale de ces composantes avec une fraîcheur exceptionnelle. Je craque sous le toucher des tanins fins du Mourvèdre enrobés dans les vieux Grenaches. aucune fausse note. Respect. Un vin qui se goûte déjà si bien aujourd'hui qu'il va être dur de le garder en cave. Très Bien

  5. Gigondas 2007 "Terrasse du Diable" - Domaine des Pallières
    90% Grenache; 5% Mourvèdre; 5% Cinsault
    1er vin d'une série de trois vins de la famille Brunier avec son style concentré et puissant. Un nez qui offre des notes végétales (rafles?) et herbes aromatiques (estragon, basilic). Assez atypique. Par contre, en ce qui me concerne grosse claque en bouche: notes de Porto combinées à des tanins asséchants. Le réglisse et les épices ont du mal à me faire oublier ce côté Porto. A garder en espérant que tout se mette en place. Aujourd'hui ce n'est pas mon style de vin (vive la fraîcheur et la finesse!). Moyen-

  6. Châteauneuf du Pape 2007 - Domaine de la Roquète (28€)
    70% Grenache; 20% Syrah
    2ème vin de la famille Brunier. Le nez rappelle avec délice le Vacqueyras VV pour sa fraîcheur et sa minéralité. Après aération, sucrosité/alcool débarquent ainsi qu'une note de végétal (rafles?). Ce qui impressionne en bouche c'est une longueur phénoménale. On repartirait avec ce vin en bouche presque jusqu'à Strasbourg! Par contre, la sucrosité du Grenache et la puissance en alcool envahissent vite la bouche et viennent masquer un peu trop vite le beau toucher de bouche de ce vin très sensuel, souple et généreux. Pour amateur de vins de style puissant. A garder please! Bien

  7. Côte Rotie 2007 "Champin le Seigneur" - Domaine Jean-Michel Gérin (36€)
    Yes, yes and yes! La classe! Rien à dire ce vin est mythique et il va être impossible de repartir sans sa ration obligatoire de survie! Quel nez envoûtant avec son univers de fumé fin et de notes animales. La violette de la Syrah vient combler notre bonheur. La bouche impressionne par son acidité rectiligne magistrale qui offre une salivation saline en finale géniale. Les tanins sont d'une finesse merveilleuse. Les grands vins impressionnent toujours autant par leur capacité à se goûter si bien jeunes. A garder 5-6 ans. Grand

  8. Châteauneuf du Pape 2007 - Domaine du Vieux Télégraphe (46€)
    65% Grenache; 15% Mourvèdre; 15% Syrah
    Dernier vin de notre série de la famille Brunier pour ce soir. Nez assez discret voire fermé avec quelques herbes aromatiques. Evolution sur des notes lactées / caramel mais aussi et surtout de belles notes d'écorces d'orange. En bouche, c'est parti pour un surplus de matière et de watts! On est bien dans le style Vieux Télégraphe. Pour les adeptes de vins plus plus, mais qui se goutera sûrement très bien après quelques années de cave. A garder (absolument). Bien-

  9. Châteauneuf du Pape 2007 - Domaine de Beaucastel (58€)
    Encépagement atypique avec 30% Grenache, 30% Mourvèdre, 10% Syrah...
    Un nez qui se présente en bloc et globalement un peu fermé. Toutefois, on renifle de belles choses: pierres chaudes, grillé, romarin. Une bouche qui s'ouvre en grand très grand pour se resserrer vite autour d'une finale un peu dure et amère à ce stade. L'alcool doit encore se fondre. A garder. Bien

  10. Meursault 2007 "Les Tillets" - Domaine Roulot (54€)
    Quel bonheur de finir sur un blanc après de telles rencontres tanniques! Et pas n'importe quel blanc svp! Un Meursault d'une très grande classe. Le nez est délicatement marqué par l'élevage avec des notes fines de vanille et de grillé. Mais rien d'excessif ici. Tout est en finesse. Des notes citronnées prennent le relais et font la transition avec la bouche tout en fraîcheur (effet millésime?) avec une colonne acide toute rectiligne qui nous porte bien loin. La grande classe. Dommage que ces vins soient si rares et si inaccessibles. Très Bien

Conclusion: Je retiendrai que le grenache donne une couleur moins soutenue que la Syrah et outre sa puissance et sucrosité légendaires peut sur des vieilles vignes "pinoter". Seule la bouche permet alors de faire la différence avec un bourgogne. Autre enseignement: par journée de basse pression atmosphérique (celà fait dégazer les vins), certains vins peuvent se goûter assez mal (comme La Truffière).