jeudi, décembre 04, 2008

Le plein de bulles...

Grande dégustation de Champagne à la cave des Domaines à Strasbourg en compagnie du maître des lieux, Johan Valleton.

Au programme de saison, un tour d'horizon des BSA (Brut Sans Année) des grandes maisons champenoises. Plus de trois heures d'un moment convivial, entre bulles, charcuterie fine, fromages affinés, le tout couronné par un Whisky japonais très séduisant (Nikka Red).

Mini compte-rendu des bulles rencontrées.

  1. Champagne Taittinger Brut Prestige
    Superbe mise en bouche. Un de mes champagnes préférés de la soirée. Nez typé chardonnay tout en finesse et élégance. La bouche elle donne une bonne part au pinot noir (assemblage 60% pinot noir/meunier et 40% chardonnay) avec un beau volume, une bonne longueur et une impression d'une synthèse très réussie du couple chardonnay / pinot noir. Bien+

  2. Champagne R de Ruinart
    Majorité de chardonnay pour cette cuvée. Nez que je trouve assez fermé mais qui s'ouvre cependant à l'aération sur de la minéralité. Bouche mais tonnique et moins fine que le précédent. Bien fait mais sans grande émotion. Moyen+

  3. Champagne Deutz Brut Classic
    Bienvenu dans le monde des champagnes à majorité de pinot noir. Nez typé par ce cépage avec des notes de vin. Belle tonicité en bouche, mais les bulles sont un peu grosses à mon goût. Moyen+

  4. Champagne Roederer Brut Premier
    Premier nez sur des notes iodées, tout en finesse. La bouche offre une large salivation et est d'une très belle tonicité pour finir sur des notes de noisette. Bien

  5. Champagne Besserat-Bellefon Cuvée des Moines
    Johan nous offre cette bouteille surprise, la classe! Le champagne vineux par excellence. Il n'offre même que très peu de bulles. Je parlerai plus d'un vin pour la gastronomie qu'un Champagne. Une originalité. Intéressant

  6. Champagne Gosset Grande Réserve
    Mon deuxième coup de coeur avec le Taittinger. Un champagne de gastronomie où le pinot noir ici majoritaire offre une alliance remaquable de puissance et de grande finesse tactile et de bulles. La classe. Très Bien

  7. Champagne Veuve Clicquot Brut Carte Jaune
    Un champagne qui me laisse un peu sur ma faim. Certes un grand classique du genre, mais qui m'a donné l'impression de me lâcher en cours de route. Superbe attaque tout en mousse fine et abondante mais qui ne réussit pas à faire le relais avec une finale ou une longueur personnalisées. Moyen

  8. Champagne Bollinger Spécial Cuvée
    A nouveau un grand champagne pour la table. Dans mon trio de tête de la soirée. Comme le Taittinger, ce champagne réussit une très belle fusion entre une majorité de pinot noir et un chardonnay lui donnant un peps remarquable. L'élevage en barrique lui donne une classe supplémentaire et le déficit de bulles lié à cet élevage passe ici très bien. Très Bien

Je ne peux que recommander très chaudement les soirées dégustation aux Domaines (environ une par mois). Johan ne compte pas son temps et est d'une générosité légendaire (vins servis en plus, grignotage abondant et de grande qualité). Une adresse incontournable pour déguster de grands vins en toute convivialité. Je me réjouis d'y retourner régulièrement en 2009.


Les Domaines Strasbourg
Johan Valleton
27, rue des Frères
67000 Strasbourg
Tél. : 03 88 24 20 24
Fax : 03 88 24 19 48
strasbourg@lesdomaines.eu

vendredi, novembre 28, 2008

Dégustation de fête chez Vins et Terroirs

En ces journées hivernales avec peu de lumière et beaucoup de froid, Jean-Luc Lanoix de chez Vins & Terroirs à Haguenau nous a concocté, comme il sait si bien le faire, une dégustation d'exception. Au programme 8 vins de rêve.

Photo: détail d'une statue d'un chapiteau de la Cathédrale d'Autun.

Compte-rendu d'un voyage enthousiasmant... Tous les vins ont été dégustés à l'aveugle dans l'ordre indiqué ci-dessous.



  1. Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1995 - 110€
    La quintessence du domaine Henriot. Ce champagne à dominante Chardonnay offre un nez légèrement toasté avec des belles notes de minéralité, de craie et une pointe oxydative qui lui donne une complexité supplémentaire. La bouche offre une mousse d'une finesse exemplaire, un gros volume sur un superbe relais acide qui nous porte très loin. Une structure longiligne qui finit sur de très fins amers qui appellent la gastronomie. Très Bien

  2. Champagne Egly-Ouriet Brut Grand Cru 1999 - 79€
    Une autre interprétation du Champagne. Majorité de pinot noir, le nez s'ouvre sur des notes plus vineuses avec des très beaux fruits noirs (mûres) et de jolies notes florales discrètes. Un nez moins expressif que le précédent, mais tout aussi pur. La bouche quant à elle impressionne par sa vinosité et sa structure sphérique. A ce stade, un vin toutefois sur la réserve, voire austère (je juge son acidité un peu tranchante et certainement moins mûre que dans le vin suivant) qui mérité d'être encavé encore quelques années pour fondre le tout. Bien+

  3. Pouilly-Fumé Cuvée Pur Sang 2004 - Didier Daguenau - 58€
    Le sauvignon sublimé sur terroir calcaire léger! Nez d'une minéralité enivrante avec des notes de silex, enveloppées dans un bouquet d'agrumes (oranges) et de fines notes de raisins frais et de buis. Les agrumes explosent en bouche, dans une structure rectiligne (trame acide mûr). Finale saline des plus remarquables. Le frisson est tout tout proche. Excellent

  4. Meursault Les Meix Chavaux 2005 - Domaine Roulot - 52€
    Un nez tout en minéralité avec des notes de silex et pierres chaudes. L'élevage est d'une grande classe et ne pointe son nez que par des notes très juste de toasté divin. En bouche, le vin est d'une richesse et d'une matière impressionnantes, tout en préservant une superbe fraîcheur sur des notes réglissées. Finale grillée charmeuse. Si les Villages de ce grand domaine sont de ce niveau, que dire de ses premiers crus... Excellent

  5. Saint Julien Château Léoville-Barton 2001 - 110€
    Un nez de Cabernet Sauvignon d'une grande classe. On entre dans l'univers des grands Médoc avec un bouquet fumé, cassis, animal, épices douces, boisé très fin. Quelle complexité olfactive! La bouche est une vraie caresse avec des tanins soyeux et satinés à souhait. Cette main de velours est enveloppé dans un gant de fraîcheur (herbes aromatiques) qui caresse la langue sur toute sa longueur. Un grand vin. Très Bien

  6. Amon-Ra Shiraz 2005 - Ben Glaetzer (Barossa Valley, Australie) - 100€
    Ce vin 100% Syrah australienne m'a un peu dérouté. Contraste entre les premières impressions assez flatteuses et une certaine fatigue sur la durée. Dès le premier nez, on sent les Watt: alcool, puissance, concentration, notes torréfiés d'élevage, épices, cassis. Fort contraste avec le vin précédent plus sur le registre de la finesse. La bouche est fidèle au nez avec des compteurs boostés à bloc (14.5% d'alcool). Par contre, le boisé se révèle présent mais bien intégré. Dominante de fruits compotés, de fruits secs. Très belle longueur (sur la puissance). Ce n'est pas le genre de bouteille que l'on finit à deux. Pour amateur d'émotions fortes. Bien

  7. Sauternes Château Raymond-Lafon 1999 - 40€
    Comme dirait Patrick, un nez rôti! En outre, notes de caramel, cire mais aussi de vanille et de noix de coco. La bouche peine à trouver l'équilibre parfait. Certes, les notes de réglisse amènent une certaine fraîcheur, mais je trouve qu'il manque à ce vin un surplus d'acidité noble et de salivation. Se référer au vin suivant pour un modèle de liquoreux. La magie de Sauternes n'a pas marché pour moi ce soir. Bien-

  8. Pinot Gris SGN Clos Jebsal 1999 - Zind-Humbrecht - 115€
    Nez d'agrumes et de citrons et de coings confits d'une grande pureté. La bouche est un modèle d'équilibre et de digestibilité. Comment Zind-Humbrech arrive à un tel niveau d'acidité mûre sur ce cépage? De la pure magie de terroir. Et quelle longueur. N'est pas sans rappeler le Riesling Trockenbeerenauslese 2006 de chez Keller récemment dégusté chez Jean-Luc (lire ici). Excellent

Conclusion: les notes parlent d'elles-même. A ce niveau de vins, on ne peut qu'être laudatif. Par contre, les prix de ces dives bouteilles les rendent tout bonnement inaccessibles. Dommage... Heureusement qu'il y a des soirées chez des cavistes comme Vins & Terroirs pour goûter au divin.

samedi, novembre 22, 2008

Restaurant Le Charlemagne à Pernand-Vergelesses

De retour dans ce lieu mythique de la haute gastronomie, au coeur de la Bourgogne viticole: le resurant Le Charlemagne à l'entrée de Pernand-Vergelesses.

Le chef, Laurent Peugeot, marié à une japonaise nous offre une cuisine française inventive dans un cadre et un raffinement tout japonais ("si ce n'est pas beau, ça ne peut être bon" aurais-je envie de dire...).


Nous nous sommes laissés tenter par le menu surprise (82€ hors boissons) du moment:

Cube tout cube de foie gras

Œuf meurette ?!
K-viar collection automne 2008 aux œufs d’escargots du Vals du Dauphiné, œuf, et sauce meurette siphonnée.

Potiron, homard en croûte d’agrumes et pain d’épices.

Turbot cuisson à 43°, crépinette de choux chinois et trompettes

Crabes d’alaska, tube de sauce Mié

Pigeons de Monsieur Michon réglisse, poire et fenouil.

Epoisses de Bourgogne comme un nougat, en gélule juste glacée.

Cubisme de Butternut et chocolat.

Mignardises.

Pour accompagner ce fantastique dîner (crescendo de saveurs et de textures) et répondant à notre demande de boire un vin né tout proche du restaurant, la jeune et talentueuse sommelière nous orienta judicieusement sur une bouteille tout en minéralité:
  • Pernand-Vergelesses Blanc 1er cru En Caradeux 2006 - Rapet Père & Fils
    1er nez discret avec de fines notes minérales, la bouche se déroule progressivement avec une superbe tension offrant un vin d'une bonne allonge, droit comme un i à la puissance toute maitrisée. Bien
et pour accompagner le pigeon, un verre de:
  • Pernand-Vergelesses Rouge 1er cru Les Duresses 2004 - Dubreuil-Fontaine Père et Fils
    Nez compexe avec n bouquet de réglisse, fenouil et une bouche tout en fraicheur. Finale sur une amertume un peu gênante, mais l'accord de saveurs et aômes avec le plat est parfait. Moyen+
Amoureux de sensation extrême gastronomique, cette adresse au coeur des vignes en face de la mythique colline des Cortons est tout simplement incontournable. Et bien sûr, la carte des vins (90% de Bourgogne) est d'anthologie.

A noter: ici on a rien à cacher. Possibilité de réserver une table dans la cuisine (voir photo ci-dessus tout en bas à gauche). Rien de tel pour voir toute l'équipe en pleine action!

Restaurant Le Charlemagne
Route des Vergelesses
21420 Pernand-Vergelesses

Visite au domaine Sylvain Langoureau (Gamay / Saint-Aubin)

A la recherche de vins de terroir qualitatifs à des prix plus sages que ceux pratiqués en cote de nuits, nous nous sommes rendus au domaine Sylvain Langoureau à Gamay (Saint-Aubin).

Photo de gauche: sur la route de Meursault à Saint-Aubin

En ce samedi matin 10h, Sylvain n'aura pas hésité à nous consacrer 1h30 de son temps pour nous faire connaitre la production du domaine. Les Puligny et Chassagne Montrachet 2007 étant déjà épuisés ou réservés, nous n'avons pu que goûter les Saint Aubin (+ 1 Meursault) et les rouges du domaines.

Sylvain est un passionné de viticulture et est intarissable sur le travail des sols (enherbement, labour, amendement...), l'importance de la sélection massale et les techniques pour minimiser le tassement des sols. On comprend que le vin ici se fait dans les vignes, nulle part ailleurs. Sylvain s'essaye aussi à quelques principes de la biodynamie en préparant des infusions qu'il épand dans ses vignes en dose homéopathique.

Les élevages (maximum 30% de fût neuf) ston assez courts (moins de 1 an et la mise se fait toujours avant la prochaine vendange), les vins sont élevés sur lies fines avec très peu de batonnages (Sylvain préfère une remise en suspension naturelle des lies par les fermentations).

Vous l'aurez compris, on fait tout pour exprimer au mieux lss différents terrois. Amateur de toasté ou de gras, passez votre chemin. Vous trouverez ici des vins purs et droits, fortement minéraux, sans fard aucun. Ils peuvent paraitre austère dans leur jeunesse et dérouter quelque peu celui ou celle plus habitué(e) à des vins séduisants. Par contre leur bon niveau d'acidité leur assurera une longue garde.

Les vins dégustés en bouteille:
  1. Bourgogne Aligoté 2007: très vif sur le citron. ça réveille!
  2. Saint-Aubin 2007
  3. Saint-Aubin 1er cru Sur le Sentier du Clou 2007
  4. Saint-Aubin 1er cru En Remilly 2007
  5. Saint-Aubin 1er cru Bas de Vermarain à l'Est 2007
  6. Meursault Blagny 1er cru La Pièce sous le Bois 2007
  7. Chassagne-Montrachet Les Voillenots Dessous 2006 (rouge)
  8. Saint-Aubin 1er cru Le Champlot 2006 (rouge)
Globalement les Saint-Aubin blancs du millésime 2007 sont dotés d'une forte acidité à dominante malique. Celà leur assurera une longue garde mais demande du temps pour que les vins se fassent. Aujourd'hui ils nous ont apparu un peu austère. Par contre, la minéralité est au rendez-vous et les différents 1er cru se distinguent par leur personnalité et leur densité.

Mes coups de coeur de la dégustation: Sur le Sentier du Clou, En Rémilly et le Meursault.

Seul bémol: les rouges dégustés ne sont pas à la hauteur des autres vins du domaine (manque de matière, aromes étranges de moutarde forte...). Des vins à oublier.

Merci encore Sylvain pour ce moment de partage avec un vrai partisan du métier de paysan-vigneron au service de ses terroirs.

Prix: Aligoté <>

vendredi, novembre 21, 2008

Visite au domaine Ghislaine Barthod (Chambolle-Musigny)

Après avoir rendu visite à Pierre Boillot - domaine Lucien Boillot à Gevrey-Chambertin en mai dernier (lire ici), rendez-vous avait été pris avec une grande dame de Chambolle-Musigny: Ghislaine Barthod, belle-soeur de Pierre et épouse de Louis Boillot, ce dernier vinifiant ses vins de Gevrey, Pommard et Volnay dans ces caves de Chambolle...

Le domaine, la vigneronne....

Ghislaine nous offre un accueil authentique, souriant et si attentioné. On sent dès les premières minutes que l'on n'aura pas envie de repartir.

On reconnait les grands domaines par leur attention particulière aux moindres détails. Ainsi ici on ne déguste pas dans des verres INAO qui peinent à faire exprimer pleinement le vin, mais dans de beaux verres Riedel. Ou encore, Ghislaine qui veille à remonter le charriot élévateur en cave pour minimiser les courants d'air et faire en sorte que les vins ne s'enrhument pas. Ou encore, l'attention particulière qu'elle porte pour prélever avec sa pipette dans plusieurs fûts aux boisés distincts afin d'offrir dans le verre de dégustation un vin qui ressemblera au plus près à l'assemblage finale des différentes cuvées.

A l'heure où nous passons, tous les vins ont fait leur malo. Ils restent au moins deux hivers en cave., mais ici pas de règle rigide. La durée de l'élevage est conditionnée par les conditions du millésime, la dégustation. Ainsi les 2007 devraient être embouteillés en janvier/février 2009, soit un peu plus tôt que les 2006 (mise en mai). Les interventions en cave sont bien sûr réduites au minimum et l'attention est portée tout particulièrement dans le travail des vignes et la qualité de la matière première. Les fûts neufs sont limités à maximum 30%.

Ghislaine aime travailler la terre et ne supporte pas de ne pas passer régulièrement dans ses vignes. Elle a besoin de ce contact physique avec la nature pour se sentir dans son élément et être au coeur de son métier-passion.

C'est son grand-père qui l'a initiée toute petite au plaisir de la dégustation (en lui faisant tremper ses doigts dans les cuves de Passetoutgrains!). Après une brève parenthèse par des études de tourisme, elle revient très vite à sa passion et parfait sa formation au CFPPA de Beaune. Peu importe si à l'époque on considère que c'est un métier trop dur pour une femme. Ghislaine fera du vin, des grands vins de terroir.

Les vins du domaine Ghislaine Barthod incarnent majestueusement la diversité d'expression des terroirs de Chambolle, offrant un registre où la finesse primera toujours sur la puissance. Ce sont des vins délicats qu'il faut savoir découvrir, prendre le temps de percer leur mystère. Bien que la plupart de ses vins se dégustent déjà très bien, il faudra savoir les garder pour profiter de leur grande complexité. Chaque cuvée dès sa naissance est signée par une personnalité qui lui est propre.

La dégustation sur fût
(sauf indiciation contraire):


Deux heures de dégustation sur fût du millésime 2007.
  1. Chambolle-Musigny 2007
    Superbe fruits rouges éclatants de fraîcheur et de gourmandise. Se déguste déjà très bien. Gouleyant à souhait. Le vin semble étonnamment déjà en place. Bien

  2. Chambolle-Musigny 1er cru Châtelots 2007
    Toujours de beaux fruits rouges au nez mais en bouche plus de corps pour ce vin de bas de coteaux. On gagne en complexité, en matière et en longueur. Bien+

  3. Chambolle-Musigny 1er cru Aux Beaux Bruns 2007
    Nous sommes toujours en bas de coteaux. Le vin est très ouvert, voire explosif au nez. Il impressionne par sa présence olfactive sur des notes de fruits rouges et noirs. En bouche, il présente un corps assez dense mais toujours harmonieux. Les tannins sont encore serrés mais très fins et la longueur nous porte déjà loin. Très Bien

  4. Chambolle-Musigny 1er cru Fuées 2007
    Mon coup de coeur de la dégustation. Nous sommes en haut de côteau sur des sols très peu profonds (30 cm). Les calcaires affleurant donnent une incroyable complexité olfactive avec des notes d'épices douces (poivre) mais aussi beaucoup de fraîcheur (menthe, basilic). Un vin qui joue en permance entre ces deux pôles apparemment contradictoires. Même si le vin est à ce stade encore assez fermé au nez et serré en bouche, on ne peut qu'être touché par sa grande classe. Très Bien+

  5. Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 2007
    La fraicheur de ces vignes de haut de coteau se traduit dans le vin par de fines notes de végétal noble avec une bouche plus marquée par une belle acidité. Si aujourd'hui l'équilibre tannins-acidité-matière n'est pas encore en place, tout est là pour vieillir admirablement. Bien

  6. Chambolle-Musigny 1er cru Charmes 2006 (en bouteille)
    Paradoxalement, le vin le moins en place à l'heure actuelle. Il se goûte difficilement. Les 2006 sont donc entrain de se refermer. Par contre des signes ne trompent pas: complexité, corps élancé, tannins fins, maturité. Autant d'indices qui feront de ce vin un régal dans quelques années. Bien

Merci Ghislaine. On ressort de chez vous avec une gratitude immense, celle de nous avoir fait partager pendant deux heures votre passion, avec enthousiasme, simplicité et humilité. Vous nous avez offert la chance de toucher du bout du nez et de la langue le monde magique et mystérieux des grands vins de Chambolle. Regoûter ces vins dans 5 ou 10 ans sera à coup sûr une expérience mystique.

Prix: Village autour de 25€; 1er cru 40-45€

samedi, novembre 15, 2008

Romanée Conti 2005 à 18 000 euros!

Vu aux Galeries Lafayette Gourmet à Paris:

Romanée Conti 2005 à.... 18 000€! Du n'importe quoi!

Pourquoi pratiquer un tel prix? Pour être sûr de ne pas la vendre, certainement...

N'oublions pas que le vin reste et restera une boisson de raisins fermentés et le rêve ne peut et ne doit pas atteindre ces sommets de bêtise.

A bon entendeur...

dimanche, novembre 09, 2008

Retour en 1957

A l'occasion de l'anniversaire d'un ami, nous avons ouvert un liquoreux:

1ères cotes de Bordeaux
Cru du Haut Gaudin 1957

Magie des vieux millésimes qui vous projètent inexorablement dans le passé.

Bien que le bouchon se soit complètement désintégré à l'ouverture, une très bonne surprise nous attendait en bouteille. D'une couleur ambrée digne d'un cognac, le nez s'ouvre à nous de façon impeccable sur des notes de cire et de citron. En bouche, le vin a complètement fondu ses sucres et laisse place à un vin quasi sec doté d'une belle acidité et de fines notes d'agrumes (citron). La grande classe.

Emotion de boire un vin qui n'existe plus, mais qui nous attendait pour donner son dernier souffle.

jeudi, novembre 06, 2008

Visite au domaine Bott-Geyl

Deuxième visite au Domaine Bott-Geyl à Beblenheim. Accueilli très chaleureusement par Martine, responsable administrative et rejoint par Jean-Christophe Bott de retour des vignes, nous avons dégusté 15 vins dans le caveau à peine refait.

Ce domaine en biodynamie qui fait partie de l'élite des domaines alsaciens exporte à près de 80%. sa production Jean-Christophe est en contact régulièrement avec des vignerons de renom comme André Ostertag ou Olivier Humbrecht dans le but de progresser toujours davantage.

Ici aussi comme dans tous les grands domaines, l'entrée de gamme bleuffe par son haut niveau. Et contrairement au domaine Josmeyer, les prix ici sont encore restés sages. Saluons cette approche "démocratique" du vin. A noter: son listing de prix indique pour chaque vin un indice de sucrosité de 1 (sec) à 9 (liquoreux) pour aider les consommateurs dans leur achat. Astucieux! Ce n'est pas sans rappeler la méthode Humbrecht...

Compte-rendu d'une longue fin de matinée:
  1. Riesling Lieu-dit Graffenreben de Zellenberg 2003 - 9.90€
    Un vin qui a gommé haut la main le millésime caniculaire avec un nez frais, voire citronné et une bouche harmonieuse. Bien

  2. Riesling Lieu-dit Burgreben de Zellenberg 2004 - 9€
    Nez floral pour une bouche tout en tonicité sur de belles notes d'agrumes. Quelle superbe rapport qualité/prix. Bien

  3. Riesling Lieu-dit Kronebourg de Zellenberg 2005 - 12.50€
    Nez moins fin que les précédents avec une bouche légèrement diluée. Finale originale noisettée. Un peu destructuré à ce stade. Moyen

  4. Riesling Grand Cru Mandelberg 2006 - 20€
    Encore fermé au nez, la bouche impressionne par sa matière et la belle acidité qui balait les sucres légèrement perceptibles à l'attaque. A oublier en cave. Bien

  5. Riesling Grand Cru Schoenenbourg 2006 - 20€
    Un terroir qui offre un nez plus ouvert et une bouche à la finale poivrée originale. Bien

  6. Riesling Lieu-dit Graffenreben de Zellenberg Cuvée Pierre-Antoine VT 2002 - 17.50€
    Bouteille oxydée ouverte depuis trop longtemps. Vin non noté

  7. Pinot Gris Grand Cru Furstentum 2002 - 17.50€
    A mon sens un modèle de grand pinot gris. Tout est là: bouquet de fruits secs et en bouche, du gras, de la longueur et une panoplie de saveurs mystérieuses. Un vrai pinot gris de gastronomie. Très Bien

  8. Pinot Gris Grand Cru Sonnenglanz 2004 - 18.50€
    Contrairement au terroir purement calcaire du Furstentum, le grand terroir du Sonnenglanz offre ici en plus des marnes qui confèrent au vin plus de puissance. Ce vin ne se goûte pas très bien en ce moment avec une lourdeur aussi bien au nez qu'en bouche. Il faudra attendre qu'il digère ses sucres résiduels et qu'il s'affine. A garder. Moyen+

  9. Pinot Gris Grand Cru Sonnenglanz VT 2001 - 18€
    Un vin qui m'a paru un peu trop watté à mon goût et où j'aurais aimé avoir un surplus d'acidité pour plus de digestibilité. Moyen

  10. Gewurztraminer Les Eléments 2006 - 11.30€
    Très beau nez de fleurs fraiches. Une bouche simple mais qui a la bonté de finir sèche. Bien

  11. Gewurztraminer Lieu-dit Schloesselreben de Beblenheim 2004 - 13.70€
    Un vin puissant, (trop) riche qui possède de belles notes épicées. Moyen+

  12. Gewurztraminer Grand Cru Furstentum 2004 - 19.50€
    Un vin racé, floral, long et épicé. Un superbe vin de gastronomie. Très Bien

  13. Gewurztraminer Grand Cru Sonnenglanz 2004 - 19.50€
    Magie de ce terroir calcaire qui transcende même dans sa jeunesse le cépage en lui conférant des notes originales de citron et une acidité salvatrice d'anthologie. Pour les amateurs de gewurz' non traditionnels. Mon coup de coeur de la dégustation. Très Bien

  14. Gewurztraminer Grand Cru Sonnenglanz Grains Passerillés 2003 - 22.50€
    Belle palette aromatique typique du cépage (rose, épices) mais le vin reste marquée par la chaleur du millésime avec une acidité en retrait et une finale marquée par l'alcool (le vin titre tout de même 14.5%). Moyen+

  15. Gewurztraminer Lieu-dit Schloesselreben BOTTrytis "l'Exception" 2005 - 18€
    Martine nous a réservé ce vin en dernier (son préféré). Il n'a en effet rien à envier aux grands crus et passe derrière ceux-ci sans aucun problème. Un nez assez complexe mêlant rose et citron pour une bouche tout en volume sur un équilibre "haut" (alcool, sucres, matière). Belle finale sur de fins amers. Bien
Conclusion: une dégustation marathon qui aura montrée la grandeur des terroirs du Furstentum (calcaire) qui sublime par exemple le Pinot Gris, mais aussi et surtout le très grand Sonnenglanz (marno-calcaire) qui sublime à merveille le Gewurztraminer. Un domaine à découvrir de toute urgence où le rapport qualité/prix est tout bonnement exceptionnel. Un domaine enfin à suivre de près car la volonté de Jean-Christophe Bott de vouloir progresser dans la démarche biodynamiste le mènera sûrement à des sommets de qualité et de profondeur.

Retour au domaine Josmeyer

Après une première visite en avril 2007 (lire ici), j'ai eu envie de revoir où en était ce grand domaine qualitatif alsacien. Et bien le verdict est très imple: le domaine Josmeyer est en grande forme avec une gamme toujours très homogène (juste un pinot gris fait fausse note). Par contre les prix commencent à se faire sentir (même si ils restent compétitifs par rapport à des vins de ce niveau dans d'autres régions de France) et il sera bientôt difficile d'acquérir les grands crus Brand et Hengst. Dommage...

Le domaine pratique toujours sa politique de mettre tôt les vins en bouteille. Ainsi la quasi totalité de la récolte est mis en bouteille avant les vendanges de la nouvelle récolte.

A noter également les sympathiques publications sous "Josmeyer Edition" de fascicules relatant des moments de vie du domaine (voir photo ci-contre), écrit par Céline Meyer (faut il rappeler ici qu'elle a fait des études littéraires avant de reprendre la direction du domaine familial).

Compte-rendu de dégustation de 14 vins entamée dès 10h du matin et animée consciencieusement par la comptable du domaine (Céline Meyer n'étant pas disponible):

  1. Pinot Blanc Mise de Printemps 2007 - 9.30€
    Le fameux Pinot Auxerrois VV 2007 n'étant pas proposé à la dégustation (dommage!), nous nous rabattons sur ce pinot blanc d'entrée de gamme. 1er nez pas très net et assez fermé pour un vin qui se montre léger, simple et assez harmonieux en bouche. Belle amertume finale qui lui donne du caractère. Moyen

  2. Pinot Blanc Les Lutins 2007 - 13.30€
    On monte déjà d'un cran par rapport au vin précédent. Nez plus minéral et plus d'ampleur en bouche. Belle acidité très sapide. Bien

  3. Riesling Les Pierrets 2002 - 18.65€
    Nez pétrolé typique pour les riesling de quelques années sur terroir calcaire. Bouche construite autour d'une trame acide offrant une large salivation et une belle longueur. Bien

  4. Riesling Les Pierrets 2003 - 18.65€
    Intéressant de pouvoir enchainer les millésimes sur le même vin. Ici le millésime se fait (malheureusement) sentir avec une bouche plus riche, quelques sucres résiduels et une acidité en retrait. Moyen+

  5. Riesling Les Pierrets 2004 - 18.30€
    Nez de minéralité sur des notes superbes de pierre à fusil et silex. Je préfère décidemment ce vin sur sa jeunesse avant qu'il ne pétrole. La bouche est un modèle de droiteur avec une acidité superbe, fine et mûre. Un régal. Très Bien

  6. Riesling Grand Cru Brand 2007 - 29.90€
    Nez aérien et floral pour une bouche rectilignissime avec une longueur qui n'en finit pas. Une référence absolue de grand riesling sur granite. Mon coup de coeur de la dégustation. Grand

  7. Riesling Grand Cru Hengst 2003 - 25.90€
    Quel plaisir de faire la comparaison entre ce vin marno-calcaire et le vin précédent. Bien que le millésime soit bien différent, on comprend qu'ils s'expriment très différemment. Ici le vin pétrole au nez (quelle différence par rapport à la même bouteille goûtée vendredi dernier!) et offre en bouche de la puissance sphérique tout en volume, typique des terroirs à dominante marneuse. La finale ne me semble toutefois pas très nette avec une amertume inhabituelle (stress hydrique?). Elle masque la longueur du vin. Millésime qui ne me convainc pas totalement. Bien-

  8. Pinot Gris Le Fromenteau 2006 - 13.90€
    Issu du terroir du lieu-dit Herrenweg (sol léger d'alluvions siliceux sableux). La fausse note de la dégustation. Vin qui champignonne au nez, ce qui n'est pas sans rappeler les pluies de septembre 2006. La bouche est enrobée dans ses sucres résiduels, sans rien pour sauver le tout. Décevant

  9. Pinot Gris "1854" Fondation 2002 - 22.50€
    Superbe univers olfactif des beaux pinots gris avec des notes fumées et une grande netteté. La bouche est parfaitement équilibrée, les sucres résiduels sont enveloppés dans une belle sapidité. Bien

  10. Pinot Gris Grand Cru Hengst 2001 - 27.90€
    Nez original qui s'ouvre sur la cire d'abeille et évolue vite sur des fruits exotiques (mangue très mure). En bouche, les sucres résiduels sont bien enveloppés dans un magnifique gras pour finir sur pointe d'amertume délicate. Le Hengst donne une vraie personnalité au pinot gris, radicalement différente du précédent. Bien

  11. Pinot Gris Grand Cru Brand 2002 - 27.90€
    Bouquet de fruits secs et d'orange amer. Superbe acidité en bouche qui lui confère fraicheur et longueur. Finale saline délicieuse. Très Bien

  12. Gewurztraminer Les Folastries 2007 - 14.95€
    Issu du terroir du lieu-dit Herrenweg (sol léger d'alluvions siliceux sableux). Nez explosif sur la rose avec une bouche ample et très poivrée en finale. Rarement j'ai senti ce niveau d'épices dans un vin. Quel plaisir de le marier avec une cuisine exotique bien relevée. Bien

  13. Gewurztraminer Les Archenets 2000 - 20.80€
    Nez plus subtil que le précédent qui laisse présager une bouche tout en finesse. Gros contraste en bouche avec une rondeur excessive et une pointe lactée saturant vite le palais. A regoûter, peut être seul, pour confirmer ce jugement. Moyen

  14. Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2002 - 28.90€
    Quelle classe dès le nez: notes de fleurs fraiches. Un peu déroutant à l'attaque, le vin développe en milieu de bouche des notes originales d'orange amer, voire de bergamotte et finit sur une amertume qui met en appétit. Bien

mercredi, novembre 05, 2008

Obama ça se fête en bulles!

Ce jour historique qui a vu l'élection de Mr. Obama, nous nous devions de fêter cet événement profondément enthousiasmant et si rempli d'espoir.

(c) Photo: New York Times. Pour plus de photos, cliquez ici.

"The hope of a skinny kid with a funny name who believes that America has a place for him too. Hope in the face of difficulty. Hope in the face of uncertainty. The audacity of hope. In the end that is God greatest gift to us, the bedrock of this nation." (Barack Obama, Democratic National Convention - Keynote Address 2004)

Et que de mieux pour célébrer qu'un dîner entre amis ouvert avec de fines bulles:

Larmandier-Bernier Champagne Brut Blanc de Blancs Vieille Vigne de Cramant

Un Champagne grande classe. Discret au nez, il met du temps à se faire approcher. Par contre en bouche il impose très vite le silence autour de lui: finesse de bulles magique, acidité fine et persistante tout en longueur et finale délicieusement noisettée. Tout est là pour fêter ce grand jour en digne compagnie.

samedi, novembre 01, 2008

Match amical France - Allemagne!

Si proche et si méconnu en France, le vignoble allemand s'étend sur près de 100,000 ha (pour comparaison l'Alsace fait environ 15,000 ha et Bordeaux 120,000 ha) et connait une recrudescence qualitative depuis le début des années 1990.

Tout comme son proche voisin l'Alsace, l'Allemagne sait produire des vins de terroir inimitables, pouvant parfois atteindre des sommets avec les plus grands trockenbeerenauslese (l'équivalent de nos Sélection de Grains Nobles). Environ 20% du vignoble est planté avec le roi des cépages, le Riesling.

Sur une idée originale de Jean-Luc Lanoix (Vins & Terroirs à Haguenau), nous avons joué 6 matches amicaux entre nos deux pays viticoles. Tous les vins ont été dégustés par paires à l'aveugle. Compte-rendu d'après match:

Match 1:
Spätburgunder trocken 2005 - Keller 36€

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Pinot Noir Cuvée "V" 2006 - René Muré 24€

  • Le Pinot Noir allemand offre un beau fruit (cassis) assez démonstratif avec une pointe d'alcool. La bouche est assez ronde et fruitée, un peu passe partout ne serait ce pour la finale alcooleuse qui dérange un peu. Moyen
  • La version alsacienne possède un nez fumé, marqué par le boisé. La bouche déçoit par sa fluidité et le manque évident de matière. Une acidité excessive fait planer le doute de la maturité des raisins à la récolte. On se demande vraiment pourquoi ce vin a été passé dans le bois. Raté
Allemagne: 1 -- France: 0


Match 2:
Riesling Clos des Frères 2004- E. Loew 9.60€
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Riesling Trocken 2004 - Wittmann (Rheinessen) 14€


  • Le riesling alsacien est très ouvert au nez avec de belles notes d'agrumes (pamplemousse, citron). L'attaque est perlante et déroule une belle acidité pleine et mûre qui lui donne une bonne longueur sur les agrumes. On ne regrettera seulement que le creux en milieu de bouche. Bien
  • La version outre-rhénane est plus fermée, voire réduite avec des notes pétrolées. La bouche est aussi perlante, mais pas totalement sèche cette fois et offre une large salivation en largeur, typée acide malique (maturité?). La finale manque de netteté. Moyen
Allemagne: 1 -- France: 1


Match 3:
Weissburgunder 2001 - Weingut Ö. Rebholz 28€

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Nuits St Georges Blanc La Perrière 2003 - H. Gouges 52€



Confrontation intéressante de deux pinots blancs. En effet, la parcelle du domaine Gouges est planté en pinot noir qui a au fil des années muté en pinot blanc. C'est donc un cépage unique, propre au domaine.
  • Le weissburgunder est réduit (notes d'humide, café) puis offre des notes lactées à l'aération (malo?) et de litchi. La bouche est destructurée au possible: sucres résiduels, bouche plate, finale amère et alcooleuse. Un vin brouillon à oublier. Moyen-
  • Le Gouges est typé bourogne au nez avec de belles notes grillées et une certaine part de mystère. La bouche se dévoile progressivement. De prime abord, elle se présente sur une attaque lache mais très vite offre un crescendo de matière, sans toutefois faire oublier l'élevage. A garder en espérant que le boisé soit digéré (le prix de cette bouteille me choque tout de même). Moyen+
Allemagne: 1 -- France: 2


Match 4:
Riesling Grand Cru Hengst 2003 - Josmeyer 30€

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Riesling Trocken Bubackert 2003 - Keller 43€


  • Le Hengst a besoin d'aération pour s'affiner et dévoilé son potentiel avec des belles notes d'agrumes. La bouche n'est malheureusement pas sèche (effet millésime pou un vin titrant 12.5%?) et le niveau moyen d'acidité peine à apporter de la fraicheur salvatrice. Bonne longueur. Moyen+
  • Le Bubackert est ouvert et portée par des effluves d'alcool (vin titrant 13.5%). D'attaque franchement perlante, le vin déroule une belle acidité longue et mûre. Notes d'agrumes simples mais belle finale nette sur la minéralite. Bien
Allemagne: 2 -- France: 2


Match 5:
Riesling Auslese 2003 - Wittmann 23€
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Riesling SGN Nature 2000 - J. Meyer 37€


  • La version allemande avec ses 8% d'alcool acquis n'a pas connu le botrytis. Le nez (sur des notes fraiches de pamplemousse) ne laisse en rien présager la bouche type SGN: onctuosité des sucres et bon relai acide qui contrebalance les quelques 200 g/l de sucres résiduels. Belle finale saline. Bien
  • Un vin botrytisé qui titre 13% Le nez explose sur des notes monothématiques de coing surmûri, limite écoeurant. La bouche est sans surprise avec une domination absolue des sucres résiduels (là aussi environ 200 g/l) où l'acidité peine à pointer le bout de sa langue. La finale est quant à elle un peu fatiguée sur des notes de caramel cuit. Ce vin atteste de la progression du domaine depuis. Moyen
Allemagne: 3 -- France: 2

Match 6:
Monbazillac Excellence 2001 - Château des Tours des Verdots 85€ (50cl)
::
Riesling Trockenbeerenauslese 2006 - Keller 70€ (37.5cl)


  • Le Monbazillac est marquée par la volatile au nez (colle scotch) et semble fatigué. Confirmation en bouche avec des notes de caramel brûlé, peu d'acidité pour éviter une finale courte et assez lourde. Les 220 g/l de S.R. ne passent pas et le verre ne se vide pas. Moyen
  • On atteint par contre des sommets avec le vin allemand. Dès le nez, le vin fait la différence. Quelle fraicheur avec des notes complexes d'agrumes et de raisins frais. On salive rien que de le sentir! En bouche, c'est l'extase! Une onctuosité (sucres et surtout gras) nous tapisse agréablement toute la bouche avec un relai acide parfait qui nous offre une finale lunghissima de sapidité. Un moment magique d'un vin qui impréssione d'avoir trouvé son équilibre avec 7.5% d'alcool acquis et près de 250 g/l de S.R. Grand
Allemagne: 4 -- France: 2


Conclusion: Score sans appel. Le potentiel des vins allemands n'est plus à démonter. On atteint même des sommets de plénitude et de frisson comme sur le dernier vin. Celà redonne envie de renouveller cette expérience de dégustation, en essayant peut être de coller des matchs sur le même millésime et si possible sur des terroirs similaires. En tout cas, pour l'heure vous saurez où passer vos prochaines vacances viticoles...

mercredi, octobre 29, 2008

Le vin au naturel

Je vous recommande vivement la lecture du excellent ouvrage de François Morel, rédacteur en chef de la revue LeRouge&LeBlanc:

Le vin au naturel
François Morel
Editions Sang de la Terre

Ce livre fait avec rigueur et pédagogie le point sur ce qu'est un vin "naturel". Si il existe des cahiers des charges pour une viticulture biologique ou biodynamique, en revanche la démarche des vins dits "naturels" qui s'étend tout logiquement aux travaux en cave n'a pas été abondamment documenté.

En faisant témoigner directement des viticulteurs comme Pierre Overnoy ou Marcel Lapierre ou des acteurs du monde du vin (Michel Le Gris, caviste, ou Max Léglise, Jules Chauvet) ce livre passe en revue de manière très vivante et claire les bonnes pratiques en matière de mode cultural, d'une vinification interventioniste au minimum (gestion des fermentations, du soufre..) et offre une aperçue utile des acteurs clés du vin "naturel" (Association des Vins Naturels, SEVE, Renaissance des appellations, Divinomnivore, Vignerons Triple A, Salon Vini Secondo Natura, VinNatur...).

Le livre épingle aussi au passage les dégustations d'agrément AOC qui nivèlent par le bas la production en privilégiant une typicité illusoire au détriment de l'originalité intrinsèque des vins de terroir. Il paraitrait plus judicieux de certifier en amont la production d'un domaine viticole à toutes les étapes de la viticulture et de l'oenologie. Ce serait le meilleur garant d'un produit authentique, digne d'être en AOC.

Enfin et surtout, bien loin de l'idée de donner des recettes prêtes à l'emploi, ce livre nous incite à réfléchir à chacun de nos choix (consommateurs, dégustateurs, vignerons...) et à militer pour préserver la grande diversité des vins de terroir.

vendredi, octobre 24, 2008

Fromages et saké - magie des fermentations

Il n'y a que Slow Food pour vous offrir des occasions comme celles ci. Imaginez plutôt confronter lors d'une dégustation la magie de l'univers des fermentations naturelles lactiques (fromages) et du riz (saké).

Initié il y a quelques temps au monde du saké (lire ici), j'ai cette fois eu cette chance d'assister à un atelier du goût Slow Food organisé lors de la dernière édition du Salon du Goût à Turin (23-27 octobre 2008).

Pour bénéficier au mieux de cette confrontation (amicale) entre ces deux univers, le choix a été fait de ne recourir qu'à des producteurs utilisant des méthodes au plus près de la nature: levures naturelles (koji ou lactique) , matières premières biologiques (riz et eau; lait). Ainsi la maison de saké Terada Honke (Daruma Masamune) que le maître affineur Hans Baumgartner, véritable militant de la biodiversité et créateur de fromages, n'utilisent que des méthodes de fabrication artisanales et minimisent au maximum les interventions humaines.

Les fromages ont été dégusté dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du cure-dent (voir photo ci-dessous). Tous les sakés ont été servis à température ambiante.
  1. Mise en bouche: chèvre frais et thé Gyokuro
    Un thé vert japonais rare et très délicat à préparer. Un thé à la texture de cashmire, de soie qui se marie à merveille à la texture tout en fraicheur de ce chèvre aérien

  2. Saké Hanayurana (Terada Honke) avec un chèvre à croûte fleurie au coeur de chocolat fondant 80%
    Un saké titrant seulement 10.4% d'alcool, de 8 ans d'âge (minimum). Un saké aux odeurs oxydatives qui offre une légère rondeur et une finale épicée. Le mariage est particulièrement heureux avec ce chèvre où la croûte laisse vite place à un tendre crémeux et un surprenant craquant du coeur de chocolat qui fait écho aux quelques notes épicées du saké

  3. Saké Daruma Masamune Junmai 2006 (env. 30€ les 500ml) avec une pâte pressée non cuite au cumin
    Un saké titrant 16.9% d'alcool. D'une robe plus foncée que le précédent, il se démarque complètement par son régistre très floral (fleur d'oranger, gentiane) et d'anis. L'accord entre anis et cumin est spectaculaire de justesse

  4. Saké Daruma Massamune Assemblage 10 ans (env. 50€ les 500ml) avec une pâte pressée cuite
    18% d'alcool. Un saké encore plus foncé que le précédent (à gauche sur la photo ci-dessus). Un saké au nez de rancio et de chocolat. Le monde oxydatif du saké dialogue très bien avec la pâte pressée cuite

  5. Saké Daruma Massamune Koshu 1979 (env. 200€ les 500ml) avec une pâte pressée cuite et un bleu
    Saké titrant 17.8%. Un saké exceptionnel (production de 200 bouteilles). D'une couleur maron café (à droite sur la photo ci-dessus), ce saké offre une compléxité olfactive inouie: cacao, toasté, herbes aromatiques, iode. La bouche est un crescendo de saveurs épicées et subtiles. Il impressione par sa matière et sa longueur sur des notes chocolatées. Il tient parfaitement tête à un fromage bleu, mais je dois dire que je l'ai plus apprécié seul. Un vrai honneur d'avoir pu goûter un tel saké!
Conclusion: Fascinant de voir la rencontre de deux mondes fermentaires. Comme si la diversité de la flore bactérienne permettait des "ponts de saveur" entre des produits a priori d'origine très différente. Ca ouvre la porte à de nouvelles dégustations transversales où les fermentations agissent comme liant (bière, pain, thé noir ou wulong, pâte levée, choucroute, surströmming...)).

Dégustation de vins italiens au Salon du Goût 2008

A l'occasion du Salon du Goût (Slow Food) qui s'est tenu à Turin du 23 au 27 octobre 2008, je me suis rendu dans l'oenothèque qui mettait à disposition du public près de 2500 étiquettes (90% de vins italiens).

Autant vous dire que le choix a été long et difficile. Armé de la liste des vins (bulles, blanc ,rouge, rosé, moelleux/liquoreux...), j'ai repéré quelques flacons. Une bonne partie des vins que j'ai dégustés ont été tiré de la Banca del Vino, une collection de 100 000 bouteilles conservés dans des conditions idéales dans des caves souterraines à Pollenzo au sein de l'Université des Sciences Gastronomiques Slow Food. Voici un bref compte-rendu des dégustations:

  1. Franciacorta Extra Brut 2001 - Ferghettina (Adro)
    Une mise en bouche avec quelques bulles. Un vin au nez fermentaire offrant en bouche des bulles assez grossières et des signes de fatigue certains. Une finale courte. Bof bof

  2. Traminer 2006 - Bio-Weinbau Gitta Rupp & Söhne (Berghausen)
    Curieux de goûter ce vin blanc tranquille autrichien sur une version non épicée de notre gewurztraminer alsacien, mon choix s'est porté sur ce traminer 2006. Quelle suprise en découvrant au nez et en bouche un vin typé Muscat d'Alsace. Nez odeur de raisins de Muscat frais avec l'amertume typique en bouche. Un vin sec sans grande personnalité. Moyen

  3. Chianti Classico Castello du Brolio 1999 - Barone Ricasoli (Gaiole in Chianti)
    Etant amateur de l'huile d'olive du domaine, ma curiosité m'a naturellement porté vers la production viticole de ce superbe domaine au coeur de la Toscane. D'une couleur rouge brique évolué, ce merveilleux chianti offre un nez complexe qui évolue à l'aération: notes animales et sanguines, boisé fin, cacao, charnel. La bouche me frappe par sa grande fraicheur avec de belles notes de fenouil et d'anis. Les tanins sont patinés à souhait et la finale longue sur des notes salines. Un très beau vin. Très Bien

  4. Roero Superiore 1990 - Monchiero Carbone (Canale)
    Robe évoluée avec un nez sur des notes de cuir évoluant sur des herbes aromatiques. En bouche le vin paraît un peu avoir dépassé son apogée, mais offre des notes intéressantes de fumée, de tourbe, voire de poisson séché. Dommage que l'acidité domine le corps un peu mince. Moyen+

  5. Barbaresco Rabaja Riserva 1996 - Giuseppe Cortese (Barbaresco)
    Un nez assez fermé mais avec de fines notes animales qui évoluent là encore vers le cacao. Une bouche qui fait écho au nez: tout en finesse et harmonie où domine la réglisse. Un vin qui encore toute sa jeunesee. Bien

  6. Colli Tortonesi Bianco Franco 2007 - Franco M. Martinetti (Torino)
    Honneur au Piémont et en particulier à Turin pour finir ce mini tour d'Italie avec ce blanc qui s'avérera malheureusement peu expressif au nez et qui présente une certaine richesse et amertume en bouche, sans toutefois dévéloppé une réelle personnalité. Me rappelle un pinot blanc alsacien de base. Moyen
P.S. Quelques images du Salon du Goût 2008 ici

jeudi, octobre 23, 2008

A la découverte du houblon

Merci à Slow Food et au Salon du Goût à Turin (23-27 octobre 2008) pour nous offrir des occasions en or pour parfaire sa technicque de dégustation.

Une fois n'est pas coutume, je ne vous emmène pas aujourd'hui dans le monde de fermentation du raisin, mais dans celui du malt et du houblon pour partir à la découverte de l'effet houblon!

Quel meilleur voyage pour s'étalonner son palais en matière d'amertume.


Faire de la bière artisanale c'est savoir maitriser la chauffe pour une extraction contrôlée de l'amertume et comprendre quand ajouter le houblon pendant la fermentation pour en extraire tous ses arômes et saveurs.

Le but recherché dans cette dégustation est de nous sensibiliser à l'importance du type de houblon dans lla personnalité et l'équilibre du produit final. L'importance n'est donc pas donné ici aux levures.

Dégustation par amertume croissante de 6 bières américaines artisanales:

  1. Alaskan Pale Ale - Alaskan Brewing Company
    Houblons: Chinook, Willamette, American Tettnanger
    Alcool: 4.65% - Indice amertume IBU: 24
    Bière au nez explolsif sur des notes florales et fruitées (abricot, miel) qui offre une bouche très légère et une amertume en retrait. Moyen+

  2. Mirror Pond Pale Ale - Deschutes Brewing Company
    Houblons: Cascade
    Alcool: 5.0% - Indice amertume IBU: 40
    Robe plus foncée que la précédente pour une bière qui joue plus sur la finesse avec des notes typiques de citron et pamplemousse. Se compléxifie à l'aération avec une pointe de cire d'abeille. Belle amertume en bouche et finale citronnée. Bien

  3. Snake Dog India Pale Ale - Flying Dog Brewery
    Houblons: Warrior, Colombus, Golding
    Alcool: 5.8% - Indice amertume IBU: env. 60
    1er nez de clou de girofle, pétrole avec évolution sur des notes de rose et de muscat. Une bouche construite sur l'amertume (trame), un peu monothématique. Moyen

  4. Big Swell India Pale Ale - Maui Brewing Company
    Houblons: Galena, Crystal, Centennial, Colombus, Amarillo
    Alcool: 6.2% - Indice amertume IBU: 50
    Un nez mystérieux qui nous porte dans l'univers du pétrolé, du fumé avec des notes de terre. Une bouche ample avec une su)perbe amertume qui passe bien mieux que dans la bière précédente. Finale sur l'orange amère. Bien

  5. India Pale Ale - Odell Brewing Company
    Houblons: Amarillo, Centennial, Colombus, Horizon, U.S. Perle, Simcoe
    Alcool: 7.0% - Indice amertume IBU: 60
    Nez fruité d'intensité croissante. Evolution sur le fruit exotique (mangue). En bouche, forte mousse et large salivation (fort niveau d'acidité). Le fruit masque l'amer. Moyen+

  6. India Pale Ale - Caldera Ashland, Oregon
    Bière surprise à la composition inconnue. Nez étonnant de chocolat et de marc de café. Une bouche très amer. Moyen

mercredi, octobre 15, 2008

La recherche de la "transparence"

Ce que je trouve fascinant dans la dégustation de vins, c'est cette invitation personnelle à une quête réellement infinie qui s'offre à celui ou celle qui sait prendre le temps de la poursuivre jour après jour...

Mes premiers "pas" en dégustation ont été marqués, comme beaucoup sans doute, par des vins explosifs, démonstratifs (du fruité à gogo!), généreux, riches (équilibre haut entre tannins, alcool et concentration), ainsi que par la douceur et le moelleux de vins blancs faciles. Je pense à certains Faugères en macération carbonique, à certains Gewurztraminer à "l'eau de rose", à certains Coteaux du Languedoc, à certains Amarone et certains Châteauneuf du Pape. En somme, des vins qui jouent sur la première impression, qui en imposent mais qui se révèlent être de faux-séducteurs. Ce sont ces mêmes vins qui à notre plus grand étonnement (caché) s'oublient vite et qui comme par hasard sont rarement vidés à la fin du repas.

Ma curiosité m'a ensuite poussé vers des vins d'une plus grande digestibilité, d'une plus grande pureté dans l'expression de leur fruit et/ou de leur terroir, cassant surtout avec la monotonie des vins monolithiques. Des vins francs, cristallins parfois mystérieux, jouant plus la carte de la finesse que de la séduction et de la puissance. Des vins que l'on peut facilement passer à côté si on cherche des "Watt" ou si on ne leur laisse pas le temps de s'exprimer. Je pense aux vins du domaine Julien Meyer à Nothalten, à ceux du domaine Bott-Geyl à Beblenheim, aux Crozes d'Alain Graillot, aux Marsannay du domaine Bart, aux Givry de chez F. Lumpp, au château Smith Haut Lafitte blanc...

Aujourd'hui le voyage se poursuit vers des contrées toujours plus mystérieuses. Dans le grand monde des vins de terroir, je suis à la quête de vins toujours moins ostentatoires, au plus proche de leur origine et des hommes et des femmes qui l'ont vu naître. Quand l'extrême finesse s'allie avec complexité et profondeur, quand on retire le fard et que l'on contemple la trame essentielle, on rejoint des sommets de plaisir.

"La quête ultime est la transparence, cette dimension à la fois aérienne et ciselée"
(Denis Saverot dans "In vino satanas!" - Edition Albin Michel)

Dans des vins de transparence, le frisson s'articule entre un bouquet des plus subtiles et des plus complexes, et un divin toucher de bouche qui transcende le velouté et le soyeux par une mise en abyme troublante des vibrations du terroir. En somme, le but de cette quête ne serait-elle pas de

"N'obtenir que l'expression de transparence des terroirs"
(Aubert de Villaine)

On comprend que dans ces vins:

"Le silence est aussi important que la note (...) ils jouent avec la lumière sans jamais la tuer"
(Roberto Petronio - RVF - mai 2008)

On comprend aussi que de moins en moins comptent les appellations, les étiquettes et autres guides prophétiques. Pour certains d'entre eux, on n'en entendra parler que par le bouche à oreille. C'est une quête personnelle, la recherche d'un chemin non rectiligne, fait d'embûches, de (bonnes) surprises, de rencontres, de diversité. Je pense aux Gevrey de Lucien Boillot, au Richebourg d'A.F. Gros, aux grands Chardonnay d'Anne-Claude Leflaive et à des mythes "aériens" que je n'ai pas encore eu la joie de croiser comme les Chambolle de J.F. Mugnier, les vins de la DRC, du domaine Leroy...

Bien loin des temps hygiénistes et moralisateurs qui courent, c'est lors de ces moments authentiques que l'on rapproche au plus près de la dimension réellement hédoniste et divine de ce merveilleux nectar, à condition bien sûr de... célébrer et partager ces rencontres en digne compagnie.

mardi, octobre 14, 2008

In vino satanas!

Que ça fait du bien de lire un livre qui va à l'encontre de la pensée hygiéniste et moralisatrice dominante actuellement en France dans le monde du vin.

Je vous invite à lire l'ouvrage de Denis Savérot et Benoist Simmat "In Vino Satanas!" (Edition Albin Michel - 16€ TTC).

Ce livre nous fait déambuler gaiment dans les coulisses du monde du vin en distillant quelques vérités sur notamment les conflits d'intérêts entre les organismes de statistique sur le vin en France et les organismes qui luttent contre l'alcoolisme.

Outre le démontage classique du chiffre de 50 litres de vin consommé par an et par français (ce chiffre ne comprenant pas tous les touristes qui consomment du vin sur notre territoire chaque année ou même le commerce trans-frontalier), on apprend également que les statistiques des accidentés de la route pour cause d'alcool pourraient être aussi sciemment manipulées (un accident de la route impliquant un véhicule avec un passager en état d'ébriété, deux passagers et le conducteur sobres comptera pour 4 victimes de la route pour cause d'alcool au volant!).

Mais outre une critique documentée des pratiques actuelles de destabilisation d'une culture millénaire, Denis Saverot nous offre une très belle ode hédoniste des plaisirs de la dive bouteille. Et c'est là le plus important. On retrouvera un certain réconfort de voir que nous sommes potentiellement très nombreux à partager et défendre la culture du vin authentique et partagé en bonne compagnie.



mardi, octobre 07, 2008

Cèpes, cèpes, cèpes quand tu nous prends....

Profitez de l'automne, les cèpes sont sortis en Alsace !

Après un premier mariage très heureux il y a quelques jours entre le roi de la forêt et un Pinot Gris Zellberg 2004 d'André Ostertag (tout l'univers mystérieux du PG avec ses fruits secs, ses notes d'automne sur une bouche pleine et très longue), puis l'autre soir avec un Smith Haut Laffite Blanc 2004 (quelle minéralité et maîtrise de l'élevage en fût, offrant en bouche un gras superbe et une longueur renversante), ce soir on a remis ça avec un ...

Crozes Hermitage 2005 de chez Alain Graillot
accompagné par des tagliatelle aux cèpes, persil, peperoncino.

Un 100% syrah qui violette et poivre à souhait au nez et qui offre une bouche pleine, puissante, concentrée, des tanins serrés. A mon avis, un vin à garder quelques années, histoire d'assagir sa fougue et gagner en harmonie (l'alcool est un peu dominant en ce moment et le vin ne se montre pas sous sa digestibilité habituelle).

Quel bonheur de cuisiner le fruit de sa propre cueillette. Et rien de tel que de manger des produits de saison et savoir attendre une année entière pour les retrouver....

samedi, octobre 04, 2008

Bourgogne: expressions du Pinot Noir

Un rituel de saison que je ne changerais pour rien au monde: les soirées dégustations chez Jean-Luc Lanoix - Vins & Terroirs à Haguenau ont repris.

En ce qui me concerne, le bal s'est ouvert hier soir avec une belle soirée à la découverte des différentes expressions du pinot noir en bourognge.

Dégustation à l'aveugle de 10 vins autour d'une tablée toujours très conviviale. Compte-rendu d'un voyage qui n'a pas été sans surprises:

  1. Côte de Beaune-Villages 2006 - Bouchard Père & Fils - 18€
    Ce vin d'assemblage de 4 communes (Chorey, Savigny, Ladoix et Beaune) offre une mise en bouche pas des plus faciles. Le nez est assez discret avec une évolution sur des notes végétales pas très nobles. En bouche, forte astringente, verdeur. Finale sur des amers durs. On se pose la question de la qualité de la matière première. Très Moyen

  2. Givry 1er Cru Clos Jus 2006 - F. Lumpp - 22.50€
    En accord avec une robe plus soutenue, le nez s'annonce plus marqué. Les fruits arrivent progressivement. D'une attaque boisée, la bouche développe de belles notes de griottes et une bonne longueur. Certes le boisé est encore trop dominant à ce stade, mais les tanins ne sont nullement asséchants. Quelques notes de fruits crémeux, veloutés. Un vin dans un style moderne. A carafer au moins 2h si vous ne pouvez pas l'attendre. Moyen+

  3. Beaune 1er Cru Les Aigrots 2005 - Sébastien Magnien - 24.50€
    (Ce n'est ni Michel niFrédéric Magnien mais bien de Sébastien dont il s'agit ici). Une des très belles découvertes de la soirée. Un nez qui pinote (enfin!), élégant, pur, séduisant avec des notes florales fraiches et végétales nobles. La bouche est tout en harmonie: tanins fins, fraicheur et notes réglissées. Tout est là. Bien

  4. Marsannay Clos du Roy 2005 - D. Laurent - 19.50€
    Un style que l'on reconnait à l'aveugle! Un nez sur la puissance (brute) qui a besoin d'aération pour s'affiner. Des notes de banane surmûrie ouvrent malencontreusement le bal. La bouche n'est pas encore en place avec des tannins assez astringents. Une belle longueur mais le tout dans une enveloppe "costaud" et moderne. Privilégiant toujours la finesse à la puissance, je ne suis pas fan du tout de ce style de vin. Bon rapport qualité/prix. Moyen+

  5. Côtes du Jura Pinot Noir En Barberon 2006 - Stéphane Tissot - 22.50€
    Le petit intrus piège de la soirée! Ce vin m'aura bien dérouté du début à la fin. Dès le nez, j'avais perdu tous mes repères bourguignons: belle compléxité sur des notes de cassis, d'herbes aromatiques (origan, thym, menthe). Bouche en finesse (pas évident de la discerner après un passage chez Dominique Laurent!), tanins élégants, bonne longueur. Bien

  6. Savigny les Beaunes 1er Cru Les Lavières 2005 - Claude Maréchal - 24.50€
    Avec le Sébastien Magnien, c'est le 2ème coup de coeur de la soirée. Un nez ouvert, "inspirant" qui nous plonge dans l'univers fascinant du pinot noir. Très bonne tenue à l'aération. Bouche pleine, harmonieuse, tanins fins et serrés. Une "gentlewoman" séductrice qui n'est pas sans rappeler le style Chambolle. Bien

  7. Volnay 1er Cru Les Caillerets 2005 - Henri Boillot - 55€
    Quelle minéralité au nez: notes de silex et de fumé. Un univers captivant qui fait saliver rien qu'en mettant son nez au-dessus du verre! Une bouche plutôt sur la puissance que sur l'élégance typique de Volnay. Le fumé envoutant laisse place à un surplus d'alcool et à une légère sur-concentration. Dommage, surtout pour ce prix que je trouve indécent! Moyen+

  8. Corton-Pougets Grand Cru 2002 - Jadot - 70€
    Nez encore assez fermé mais sur l'élégance. évolution sur des notes de cuir et de minéralité. Une bouche fine et sphérique. Finale longue sur de beaux amers. Difficile de se plonger dans sa finesse après le Volnay sur-puissant! On sent un vin au gros potentiel de garde. Tout est là mais encore bien caché. A garder. Bien

  9. Charmes-Chambertin Grand Cru 2002 - Nicolas Potel - 75€
    [Pour la petite histoire, Nicolas est le fils de l'ancien gérant du Domaine de la Pousse d'Or à Volnay. N'ayant pas les moyens financiers de reprendre le domaine, il s'est lancé dans le négoce qualitatif]. Un 1er nez sur la réserve mais élégant. Il s'ouvre lentement sur des notes torréfiées (mocka) et fraiches (basilic). En bouche, l'attaque est discrète et contrairement au vin précédent d'une structure plutôt en largeur qu'en volume. Un vin qui faut aller chercher et qui n'a pas énormément à offrir aujourd'hui. Moyen+

  10. Volnay 1er Cru Champans 1993 - De Montille
    Le cadeau "bonux" de Jean-Luc. Il avait envie de partager ce vin avec nous. La classe! Note d'évolution: cuir, animal. Un nez qui "s'aristocratise" à l'aération! Une bouche harmonieuse mais qui nous dit aussi et surtout qu'il est temps de boire la bête! Un vin élancé, élégant, d'un grand classicisme (au sens noble du terme). Seul bémol: une finale un peu fatiguée, voire oxydative. A boire. Bien

Conclusion: Certes, je n'ai pas connu le fameux frisson bourguignon comme ce fut le cas lors d'une précédente dégustation (lire ici). Mais comme toujours avec Jean-Luc, on ne boit pas des étiquettes. On apprend à perdre ses repères et ses certitudes sur telle ou telle appellation. Ces tête-à-tête, nez-à-nez sont toujours très instructifs et nous rappelle que le pinot noir en Bourgogne a une palette d'expressions à nous faire perdre le nord.

Enfin comme nous le rappelait si justemenr Damien, il est de prime importance en Bourgogne de connaître, au-delà de l'appellation, non seulement le nom du producteur, mais aussi et surtout, son prénom (Sébastien Magnien, Henri Boillot...) !

Jean-Luc et Nathalie Lanoix
Vins et Terroirs
12, rue du maréchal Foch
67500 Haguenau
Tél. 03 88 07 16 47

lundi, septembre 22, 2008

LA Foire aux Vins en Alsace: Super U Brunstatt (68)

LA Foire aux Vins en Alsace, c'est à La Grande Cave au Super U de Brunstatt (68) que ça se passe! Comme quoi la GD a parfois du bon!

Blague à part, La Grande Cave a de quoi faire tourner la tête. Vous y trouverez non seulement tous les Bordeaux de vos rêves (moi ça fait longtemps que je ne rêve plus à ces prix là!), mais surtout une sélection exceptionnelle de grands Bourgognes, mais aussi de la Vallée de Loire, de la Vallée du Rhône et du Languedoc.

Gabriel le sommelier qui a repris la cave depuis quelques mois a mis en place un inventaire complet des trésors de la cave qui se situe au sous-sol du Super U (accès par ascenseur privé). Il nous promet un site de vente en ligne courant octobre.

Pour vous allécher, voici quelques uns des flacons qui ont retenu mon intention (pas tant pour les prix qui ne sont pas si compétitifs que celà, mais par le fait de pouvoir acquérir des bouteilles très difficiles voire impossibles à trouver, en outre souvent sur un millésime d'anthologie comme 2005):
  • Puligny-Montrachet 2004 - Domaine Louis Carillon et Fils - 29.95€
  • Gevrey Chambertin 2005 - Domaine Jean & Jean-Louis Trapet - 28.19€
  • Morey Saint Denis 2002 - Clos des Lambrays - 26.43€
  • Marsannay "Les Grasses Têtes" 2005 - Domaine Bruno Clair - 18.95€
  • Givry 1er Cru "Clos Jus" 2005 - Domaine Vincent Lumpp - 16.49€
  • Bourgogne "Les Bons Bâtons" 2005 - Domaine Geantet-Pansiot - 16.45€
  • Bourgogne Hautes Côtes de Nuits 2006 - Domaine Gros Frère et Soeur - 14.55€
  • Crozes-Hermitage 2006 - Domaine Alain Graillot - 18.59€
  • Saumur Champigny 2002 - Clos Rougeard - 18.69€
  • Saumur Champigny "La Marginale" 2001 - Domaines des Roches Neuves (Thierry Germain) - 21.95€
Bien sûr, je ne pouvais pas finir la journée qu'en déambulant sous les néons d'un supermarché... J'ai donc profité d'arpenter sur le chemin du retour le mythique grand cru volcanique alsacien: le Rangen à Thann. Là vraiment on peut parler de pentes vertigineuses! Comme unique souvenir, je vous ai ramené un tout petit bout de terroir (voir photo). Quel vignoble magnifique!

La Grande Cave
Super U Brunstatt
320, Avenue Altkirch
68350 Brunstatt
Tél 03 89 06 33 34