lundi, octobre 29, 2018

Cascina degli Ulivi (Stefano Bellotti)


Nous venons de passer quatre merveilleuses journées à la cascina degli ulivi de Stefano Bellotti dans le Piémont. 

Récit d’un voyage qui laissera des traces durables dans notre mémoire.

Le domaine


Cet agriturismo (ferme auberge) se situe en pleine campagne au-dessus de Novi Ligure (province d’Alessandrie en Italie du nord)  dans un cadre authentique sans chichi.

Ici on ne produit en biodynamie sur plus de 20 hectares non seulement des vins exceptionnels par leur pureté, précision et justesse mais on y élève aussi des bovins, une centaine de poules et poulets, des oies, des ânes. On y prépare des fromages, on cultive des légumes, des variétés anciennes de céréales qui seront  transformées en de délicieuses miches de pain au levain naturel.

On se prélasse bien volontiers aussi au soleil couchant sur le banc devant la batisse en caressant les chats et les chiens du domaine.

Ici au cœur de la région où est né le mouvement Slow Food, on a envie plus qu’ailleurs de prendre son temps et de vivre au rythme de nos envies et des saisons. 

Car ici règne une énergie toute particulière.

Tout d’abord notre visite s’inscrit dans un contexte particulièrement dramatique. En effet, le maitre des lieux, Stefano Bellotti, vient de décéder soudainement en septembre à l’age de 59 ans. Il laisse derrière lui un énorme vide et beaucoup de questionnements.

Mais aussi et surtout, ici règne l’énergie vitale de gens qui travaillent avec passion à poursuivre ce que Stefano a construit.

Il y Zita, sa femme, qui officie avec dignité et précision en cuisine. Ilaria, leur fille, qui a 20 ans se retrouve elle-aussi aux manettes. Il y a Gabriella la boulangère et son amour du travail bien fait, dans le respect de la matière première et du côté sacré de la levure-mère.

Il y a tous ces visages de la diversité qui s’affairent de bon matin aux nombreuses tâches agricoles et que l’on voit le soir tous réunis autour d’une grande tablée de la diversité.

C’est rafraichissant de se retrouver dans un environnement de tolérance et de multiculturalisme à l’heure où l’Italie de Salvini pourrait bien sombrer dans le fascisme.

Les vins

C’est en dégustant un semplicemente bianco et un semplicemente rosso de Stefano Bellotti à Strasbourg que nous avons décidé de parcourir 600km, traverser deux frontières pour découvrir comment étaient nés ces jus divins.

Dès les premières minutes après notre arrivée sur place en cette fin d’après-midi d’octobre sous un soleil orangé, ce fut une évidence que cet endroit avait quelque chose de spécial.

Ici on a une autre relation au temps, on aime la nature dans sa diversité, sa créativité et sa liberté. Ici on sent que ça foisonne d’idées, que l'on aime expérimenter, suivre son instinct sans tenir compte de ce que pourraient penser les autres. 

Tout ceci se traduit naturellement dans les vins qui sont tous en biodynamie sans sulfites ajoutés à fermentation sur levures indigènes.

Filagnotti
semplicemente bianco
C'est par ce Cortese que l’on entre dans le monde de Stefano. C’est un vin de soif, tellement bon, tellement simple et tellement juste.

semplicemente rosso
Ce vin issu à 50% Barbera et 50% Dolcetto est le vin glouglou version rouge. Il est éclatant de fruit et de vie. Plaisir immédiat et vrai. Un régal à l’apéro avec une grillade.

IVAG 2016
Ce Cortese offre une parfaite transition entre la gamme semplicemente et les autres vins blancs du domaine. On gagne en minéralité, en tension, en longueur, en complexité. Il est produit sur la colline proche de Gavi. Stefano s’étant vu refusé l’agrément, à décider de l’appeler ivag (gavi à l’envers) comme ultime pied-de-nez au système des appellations.

Filagnotti 2015
Ce vin me fait immédiatement penser aux blancs ouillés parcellaires de chez Stéphane Tissot dans le Jura avec un nez fumé, minéral, envoûtant et une trame rectiligne en bouche phénoménale. C’est un très grand vin qui se boit aussi bien jeune qu'après plusieurs années de garde. 

Montemarino 2014


Montemarino - vue sur la cave de vinfication
Pour essayer d'appréhender ce vin il faut se rendre sur la parcelle de Montemarino. C’est d’ailleurs au beau milieu de celle-ci que Stefano a installé sa cave de vinification, au sommet d’une colline en amphithéâtre orientée plein Sud à seulement 15km à vol d’oiseau de la mer. 

En déambulant dans les vignes de Stefano, on se retrouve dans un monde relativement sauvage où arbres fruitiers côtoient des vignes laissées libres de s’exprimer. Il règne une énergie toute particulière sur cette parcelle très vivante. Le contraste est fort avec les parcelles voisines pollissées à souhait et sujets favoris du National Geographic. 

Le vin est du coup étonnant, mystérieux. Il ne se laisse pas facilement définir. Boire un Montemarino, c’est un peu
Montemarino - les vignes de Stefano sont au premier plan
comme deux inconnus qui s’observent l’un l’autre pour la toute première fois, un peu comme un échange de regards entre le toréador et le taureau. C'est un peu intimidant. 

On est bluffé par l’énergie de ce cortese. Ce vin est macéré 24 heures pour laisser le temps aux levures de commencer leur travail. A la dégustation, il est dans un registre plus oxydatif. Sa volatile est divine. Ce que l’on retient est sa puissance minérale, sa longueur phénoménale et son volume tout en offrant une buvabilité saline franche. C'est le type de vin qui nous semble pouvoir nous offrir des sensations nouvelles à chaque dégustation. 

Et après…

On est un peu triste de devoi
Montemarino
r repartir déjà de la cascina degli ulivi. Triste car nous avons passé de bons moments avec des gens qui, certes,  ne se livrent pas d'emblée mais plutôt au fur et à mesure, au fil des jours.  Qui sait quand nous nous reverrons, au printemps pour les travaux agricoles, fin septembre pour les vendanges ou dans de nombreuses années.

Inquiet aussi pour l’avenir de ce domaine sans Stefano.

Mais heureux de faire vivre la mémoire du travail de Stefano et de ses grands vins qui imprègnent le plus profond de votre âme tout comme les vins cisterciens de Pierre Boillot dégustés il y a déjà dix de celà mais dont le souvenir est aussi frais et doux dans la mémoire que ces  quatre incroyables journées d'automne.



vendredi, février 21, 2014

Domaine Pierre Overnoy (Pupillin)

11h. On sonne avec un peu d'avance. La pluie et le froid auront écourté notre promenade dans pupillin. 

Anne houillon nous ouvre la porte tout sourire.  On passe le pas de la porte. Pierre est affairé dans sa cuisine à préparer du pain. Se faufilant entre une caisse à bois, les chaises et des portes entr'ouvertes Anne nous invite à se poser autour de la grande table de la salle à manger / bureau. Pierre restera à côté nous lançant quelques sourires bienveillants au travers de la porte.

Des bouteilles sans étiquettes jonchent le sol. Sur la table Anne nous a préparé deux bouteilles.  Le ploussard et le chardonnay. Ici à pupillin on tient au "l" en deuxième position. Amateur de Poulssard passez votre chemin. 

Le mari d'Anne,  Emmanuel, est venu au domaine pour la première fois à l'âge de 14 ans. 25 ans plus tard il est toujours là. Une amitié,  un grand respect pour Pierre et son travail sans produits chimiques l'ont convaincu de rester. Pierre n'a pas de famille, il fera d'Emmanuel son repreneur. 

Pierre n'a jamais eu recours aux désherbants chimiques.  Il faisait figure d'extra terrestre dans les années 60 quand tous les agriculteurs d'après guerre avaient foi dans le progrès incarné par la révolution productiviste de la chimie. Pas convaincu des bienfaits des désherbants,  il a continué à travailler ses sols à l'ancienne. Des clients continuaient à lui demander son vin sans chimie. Il a gardé le cap.

Les 5 ha du domaine sont travaillés mécaniquement voire manuellement à la bêche ces derniers temps. À part 2011,  les 6 derniers millésimes ont été durs.  Rendement en baisse,  perte de récolte due à une météo capricieuse. Anne nous dit compter sur 2014 pour se relancer et avoir un peu de vins pour ses clients qui sont actuellement rationnés à 6 bouteilles maximum.
Les vins ne sont pas sulfités. Trois vins sont commercialisés: ploussard,  chardonnay et savagnin ouillé. Seule la couleur de la cire distinguera ces cuvées. Blanc crème c'est le chardonnay.  Jaune le savagnin et rouge le ploussard. Bien entendu la mention agriculture biologique n'apparaît pas sur les étiquettes vintage. Ça se sait, pas la peine d'en rajouter.
Au milieu de notre dégustation discussion,  Emmanuel vient nous saluer.  Un peu préoccupé,  il n'arrive pas à trouver des bois pour ses jeunes greffons. Il active ses réseaux mais sans succès jusque là. 

Pierre fait sa tambouille à côté et joue avec notre bébé qui explore son espace à quatre pattes. On se sent comme à la maison au calme hors du temps avec des gens heureux de ce qu'ils font et chaleureux en toute simplicité. Le temps tourne mais on n'a pas envie de bouger d'un poil. 

Et les vins dans tout ça? 

Une évidence. À la fois humble et complexe comme nos hôtes.  Pas se chichi. Que de l'essentiel et de l'authenticité.

Le ploussard 2011 est d'un fruit éclatant gouleyant à souhait. Le co2 vient chatouiller nos papilles et nous fait frémir de plaisir. Le ploussard est égrappé manuellement par Pierre à la vigne sur une table de tri percée de trous. Anne nous fait part d'une dégustation qui a eu lieu en 2005 d'un 1964 éclatant de jeunesse.  Les dégustateurs présents l'ont rajeuni de 40 ans. Quand ils sont bien nés,   ce sont des vins de très grande garde. Pour reprendre la belle image prise par Anne: tel un caillou lissé patiemment par une rivière. Rien ne dépasse.  Tout est là sans excès  rien de superflu. 

Le chardonnay 2011 est une tuerie. Dominé par sa salinité salivante,  sa mineralité fait frissonner. Ensuite il vous tapisse toute la bouche dans une caresse sphérique voluptueuse. C'est le genre de vin qui vous rend triste quand il est fini. Il rivalise sans problème avec les grands blancs de la côte de beaune.  Le sans soufre donne ici un surplus d'éclat et aucunement une déviance aromatique comme parfois. Il n'y a aucun doute.  Ici on maîtrise la matière première et les vinifications. D'ailleurs le tri sévère in situ pendant les vendanges n'y est pas pour rien. 

On repart les mains vides (le domaine n'a rien à vendre) mais heureux et enrichis par ce moment simple et si sincère.  Heureux d'une vraie rencontre où des gens ont plaisir à partager une heure de leur vie pour l'échange.  Heureux d'emporter avec soi l'énergie vibratoire du chardonnay et l'éclatante pureté du ploussard. 

Ici l'adage "j'ai déjà tout" prend tout son sens. 

Des vins nés naturellement qui ont quelque chose d'immortel. 

Des visites comme ça on les compte sur les doigts d'une seule main. Cette main chaleureusement tendue vers l'autre sans que rien ne soit attendu en retour. Merci. 

Domaine Pierre Overnoy
Gaec Emmanuel Houillon
32 rue du ploussard
39600 Pupillin

03 84 66 14 60

lundi, juin 17, 2013

Vu et bu à Vinexpo 2013

De retour à Vinexpo,  rencontre internationale du monde des affaires du vin. Salon hors norme avec ses 2400 exposants de 44 pays, ses 50, 000 visiteurs attendus et ses stands qui se louent... 750 euros au mètre carré! Premières impressions de cette journée d'ouverture du salon inaugué par le Ministre de l'Agriculture Stéphane le Foll et le maire de Bordeaux Alain Jupé (marchant à 50 m de distance l'un de l'autre)...

A part une dégustation des crus de Saint-Emilion 2010 (des vins concentrés boisés avec moulte watt), je me suis concentré sur les vins des pays émergents et du nouveau monde. Tour d'horizon de la planète vin version internationale standardisée. 

Pensant découvrir quelques vins de Chine,  je me rends avec curiosité au stand chinois. Malheur, point de vins ici mais des alcools douteux à base de maïs. Rien d3 tel pour se cramer le palais d'entrée de jeux!

Détour ensuite par l'Inde, pour découvrir que le stand n'existe pas à l'endroit indiqué. 

Boosté par les effluves du brulis chinois, c'est au tour du Brésil de nous montrer ce qu'il a suis le capot! Dégustation d'une série de cremants du sud du pays (certains à base de Muscat ou de Chardonnay). Des
élevages courts donnant des vins simples à la bulle grossière et sans grand intérêt. Un blanc sec à base de Sauvignon et Muscat était un peu plus intéressant mais la culture du vin n'est pas très développé au Brésil (consommation annuelle d'environ 2 litres par habitant dont les 75% sont issus de plant non vitis vinifera!). En tout accueil très chaleureux à l'image du dynamisme économique de ce pays émergent.

Après un détour raté par le stand du Mexique, où personne a daigné nous adresser la parole alors que nous étions plantés sous leur nez, on se dirige vers l'Argentine et plus précisement le vignoble de Patagonie. Dégustations de Chardonnay, Pinot Noir et Malbec. Les rouges sont du style costaud avec des degrés d'alcool à plus de 14% pour le Pinot Noir et plus de 15% pour le Malbec. Les vins "del fin del mundo" sont cultivés sur pas moins de 1000 ha et résolument tournés vers le marché des cépages internationaux pour un public amateur de sensations boisées. Vous l'aurez compris, pas trop mon truc....

Pour finir en beauté cette journée intense, détour par le Japon avec une dégustation de saké. Au programme, deux sakés seulement mais un beau moment pédagogique. Petite apartée sur la préparation du riz pour ne garder que la part plus riche en amidon (un 40% et même chose très rare un 23%, ce qui veut dire que respectivement 60% et 77% du grain de riz a été écarté, le reste étant donné comme nourriture pour animaux).

Vinexpo, salon des professionels du vins et des spiritueux, est bien sûr très business. On scanne en permanence du regard ou par le biais d'instruments électroniques votre badge. Les gens courrent de partout et cette année j'ai noté une forte présence d'acheteurs en provenance d'Asie (Chine en tête) et moins d'Europe Centrale et de Russie... La crise économique se faisait toutefois ressentir en filigrane (moins de cadeaux, d'objets marketing gracieusement offerts, un salon écourté d'une journée).

Une fois de plus, les acteurs étaient tous réunis à Bordeaux pour tater le pouls de la planète vin. Reste à savoir si ces marchés émergents (les fameuix pays BRIC) vont véritablement décoller et connaitre un engouement pour des vins aux cépages internationaux ou si un public averti privilégiera des vins de terroir ayant une vraie histoire.




dimanche, juillet 22, 2012

Et si on faisait.... de la bière!

Une fois n'est pas coutume, mais aujourd'hui place à la bière

J'ai été initié à la fabrication artisanale de bière maison. J'avoue qu'il faut un certain matos, mais le principe reste assez simple.

Commençons par les ingrédients:
  1. Eau (25 litres d'eau chauffée à 66 degrés, excusez la précision!)
  2. Malt d'orge (environ 4.5 kg avec une poignetde "black malt" au taux EBC de 1280)
  3. Houblon (50g seulement réparti en deux types)
  4. Irish moss (Chondrus crispus) un type d'algues utilisées comme un agent clarifiant
  5. Levure (un sachet de levure sèche active)
 Point de vue matériel, il faut essentiellement de très grosses marmites, une cuve plastique et idéalement un "warm master" (bouilloire géante avec thermostat intégré et robinet), un moulin, des bouteilles à capsule et/ou un fût plastique.

Les grandes étapes de la fabrication sont:
  1.  Moudre le mat
  2. Faire bouillir pendant 1h30 le mat dans l'eau à 66 degrés (remuer régulièrement) en ajoutant le houblon "challenger" (Acide Alpha 8.16%)
  3. Filtrer à travers une grille grossière pour enlever le plus gros du solide
  4. Refaire bouillir pendant 1h15 (toujours ) 66 degrés)
  5. Quand plus rien ne s'écoule, ajouter lentement de l'eau bouillante sur le dessus pour récupérer le dernier jus 
  6. Ajouter le houblon américain très aromatique (agrumes) et le "Irish moss"
  7. Filtrer à travers une grille grossière
  8. Laisser refroidir jusqu'à ce que la température tombe en dessous des 20 degrés (pour une fermentation dite "haute") ou en dessous de 10 degrés (pour une fermentation dite "basse"), cette dernière étant plus praticable en hiver
  9. Ajouter la levure et laisser fermenter une semaine dans une cuve plastique fermée (avec bonde de fermentation)
  10. Laisser décanter naturellement par gravitation
  11. Embouteiller ou stocker en fût plastique
  12. Déguster!
 Un pas de plus vers l'autosuffisance et les circuits teès... courts!


houblon

cuisson du malt

filtrer par ajout d'eau bouillante sur le dessus de la cuve

macération du houblon pendant 15 minutes



dimanche, décembre 04, 2011

Visite au domaine Rietsch (Mittelbergheim)



Petite visite au domaine Rietsch à Mittelbergheim à l'occasion du weekend portes ouvertes. Au programme, dégustation des vins du domaine, mais aussi des vins du millésime 2011 en cours de fermentation et quelques vieux millésimes.

Domaine familial en agriculture biologique qui propose une belle gamme de vins nature et des cuvées "insolite" comme un Sylvaner oxydatif. Jean-Pierre est en perpétuelle recherche, un explorateur. Les prix sont particulièrement raisonnables. Enfin ne pas manquer le site internet du domaine très complet. Un domaine à suivre dans la lignée familiale et expérimentale de Lucas Rieffel et Etienne Loew. A suivre...

La dégustation

Crémant Extra Brut 2009 - 7€
Super vin incisif à souhait (non dosé). Certes la bulle est un peu grossière mais ça claque à souhait et un petit carafage lui fera du bien. Parfait pour l'apéro. Bien



Pinot Noir "Nature" 2010 - 7€
Le vin de fruit gouleyant par excellence. Nez de fruits rouges qui pinote à souhait. La bouche est vibrante de vie et libre, gorgée de fruits rayonnants. Un vrai vin glou glou. Super rapport plaisir / prix. Bien

Pinot Noir Vielle Vigne 2009 -12€
Rien à faire, j'ai du mal avec les millésimes trop solaires. Une pointe d'alcool me gêne au nez. Bouche épicée et chaude, à l'opposé du vin précédent. Moyen

Klevener de Heiligenshtein "Nature" 2010 - 10€
1er nez discret très légèrement oxydatif. Bouche tout en finesse avec de belles touches florales du savagnin rose, mais sans aucune lourdeur. Beau mariage entre gras et volume et une finale salée. Intéressant

Klevener de Heiligenshtein 2009 - 10€
 Version plus jurassique que le précédent. Notes oxydatives plus marquées mais sans aucune lourdeur. Plus de puissance en bouche et une légère astringence. Assez Bien



Riesling "Brandluft" 2008 - 9€
Parcelle à majorité composée de calcaire et de grès. Belle minéralité olfactive mais un corps en demi teinte avec un creux en milieu de bouche (un trou d'air!). Jolie finale citronnée qui lui redonne un peu de peps. On aurait aimé un surcroît de tension et de droiture pour un 2008. Moyen+

 Plus tard on dégustera le Riesling Brandluft 2000 qui offrait plus de cohérence gustative, sans "trou d'air".

Riesling Stein 2010 - 10€
Le calcaire donne une pointe d'austérité à l'ouverture. Mais après aération, de beaux fruits mûrs voire exotiques pointent leur nez: fruits de la passion, ananas. Belle tonicité en bouche avec une trame acide rectiligne. A garder. Bien

Riesling Grand Cru Zotzenberg 2008 - 12€
Ce vin ne se goûte pas très bien en ce moment. Nez assez fermé, bouche assez courte avec une finale lactique. Peu expressif. Moyen+



Par contre, le Riesling Grand Cru Zotzenberg 2009 qui vient d'être mis en bouteille après près de deux ans d'élevage est une toute autre histoire. Comme si la lente fermentation lui avait redonné la parole et le vin se présente sous un jour plus cohérent, avec une belle rectitude et plus de pureté. Une piste à explorer donc pour le Zotz'. Bien

Ni Vu Ni Connu 2007
Voici un des vins de la gamme "insolite". C'est un sylvaner du Grand Cru Zotzenberg élevé de mani_ère oxydative. Le voile ne s'est pas formé mais on entre dans le monde délicieux des vins non ouillés du Jura. Le vin développe une belle matière, le tout soutenu par une belle acidité. Une pointe de volatile donne encore plus de relief à ce vin intéressant. Bien


Domaine Rietsch
32, rue Principale
67140 Mittelbergheim
Tél. 03 88 08 00 64


vendredi, novembre 25, 2011

Dégustation en 4 actes

13 convives, 8 vins pour se (ré)chauffer pour les fêtes. Le chiffre 13 porterait-il la poisse? On pourrait le croire à en juger la manière dont une partie des vins se sont mal goûtés ce soir. Au programme: deux bulles, deux blancs, deux rouges et deux liquoreux. Le tout à l'aveugle, of course. Retour sur la scène du crime, en 4 actes...

Acte 1 - les bulles

Champagne Extra Brut 2000 - Jacquesson - 70€
50% Chardonnay, 50% Pinot Noir. Choix a été fait de servir ce Champagne carafé et à température ambiante. Le but était de faire ressortir le vin qui dort sous les bulles. Nez globalement discret typique de l'élevage du Chardonnay avec des notes grillées subtiles, du miel et une légère pointe d'oxydation toute maîtrisée. La bouche est superbe avec une tension acide remarquable et une longueur imposante. Beau volume en bouche sur le gras et finale sur des amers nobles. Une bouche dense mais digeste. Belle bête mais le prix laisse tout de même rêveur. Je suis curieux de voir ce qu'il aurait donné si servi plus frais et avec quelques bulles en sus. Bien

Champagne Amour de Deutz 2002 - 130€
100% Chardonnay. Mon cri du cœur "mon Dieu, quelle merde!". Essayons d'élaborer un peu sur ce vin qui ne me cause pas du tout. Le nez est tout à fait correct: notes toastées, citronnées. Rien de transcendantal, mais pas de fausses notes. Par contre la bouche est trop discordante: attaque sur des sucres résiduels abondants et collants à souhait puis attaque acide malique sans grande cohérence et surtout qui ne mène nulle part. Un Champagne qui voudrait séduire par ses sucres, mais qui me laisse plus que perplexe. Lorsque le prix est dévoilé, ma colère gronde. Un Champagne pour une partie fine? Bof

Un premier acte qui avait très bien commencé mais qui finit sur une vraie tragédie. Il va falloir des ressources aux vins qui suivent pour nous faire sortir de cette déprime.

Acte 2 - les blancs

Riesling Grand Cru Kasterlberg 2008 - Domaine Marc Kreydenweiss - 42€
La magie du terroir schisteux opère. Un nez complexe aux notes d'agrumes et de fleurs (rose) qui se développe sur un bouquet de fruits mûrs. La bouche est impressionnante de puissance et de salinité. Gros volume, du gras, de l'alcool mais sans aucune lourdeur le relai salin est magistral. On salive, on salive, on salive à n'en plus finir. Quelques légères notes nobles d'oxydation ménagée dont penser à un apport minime à la mise (génial!). Un grand vin, certes au prix élevé. Très Bien

Corton-Charlemagne 2008 - Bouchard Père & Fils - 110€
C'est le genre de vin où la première impression n'est pas forcément la bonne. Oui au tout premier nez, un frisson me parcourt la jambe droite (ne me demandez pas pourquoi celle-ci plus que celle là!). Quel bonheur que de côtoyer le monde des grands blancs bourguignons. Le nez grillé et minéral est envoûtant mais très vite le boisé domine et ne s'estompe pas. Confirmation en bouche avec un boisé fougueux à ce stade (of course, le vin est bien trop jeune pour être goûté à ce stade de son évolution). De belles choses apparaissent derrière cet écran ligneux: tension saline certaine, beau volume mais à ce stade de jeunesse l'alcool n'est pas intégré (13.5%). Du coup, on reste sur une impression d'un vin démonstratif, plus imposant par son élevage que sa finesse. A garder absolument en cave et à regoûter dans 10 ans en espérant y trouver un supplément vibratoire d'âme. En tout cas, aujourd'hui le prix laisse rêveur! Bien-

Ma foi, un acte 2 qui m'a redonné du baume au cœur et qui m'a fait oublier la déception de la fin de l'acte 1. Me revoilà tout sourire, prêt pour la suite des festivités...

Acte 3 - les rouges

Le cœur de la tragédie se joue dans cet acte. Fallait-il se lever et aller prendre l'air à l'entracte?

Vin de Pays du Gard - Roc d'Anglade 2009 - 32€
"Oh my God!" Rarement un vin ne s'est aussi mal goûté. La déprime s'installe. Certes sur le papier glacé des guides de vin en tout genre, ce domaine est vanté pour ses vins classes tout en fraîcheur. Ici sur ce millésime 2009 goûté en cette fin novembre 2011, c'est tout le contraire qui s'opère. Cet assemblage Carrignan (40%) / "GSM" (Grenache, Syrah, Mourvèdre) offre au nez, assaut sans pitié de cassis, de notes animales persistantes, de peaux de raisin noir desséchées. Bref toute la caricature d'un vin sudiste comme je les fuis. La bouche? C'est parti, on remet ça de plus bel.? Alcool à gogo (13.5%), tanins asséchants, vanillé déplacé, sucrosité exacerbé du Grenache très mûr. Le tout sans aucune harmonie. Une agression caractérisée, faite de puissance et de lassitude. La finale boisée apporte la dernière touche à ce tableau déjà bien sombre. Espérons que le temps l'assagisse, oublions cette expérience et laissons ce vin se perdre des années dans nos caves et donnons lui une deuxième chance dans 10 ans. Carton rouge à ce stade; le vin "lose" de la soirée. Très Bof

Côtes du Roussillon "La Roque" 2009 - Domaine Gauby - 80€
Une nouvelle cuvée parcellaire, 100% Grenache. Le nez laisse présager de grandes choses: tout en finesse, classe, notes florales et une certaine fraîcheur apparaît sous formes de belles notes végétales. Quel bonheur après le coup de massue du vin précédent. Par contre, à ce stade de grande jeunesse, la bouche est parasitée par la puissance alcoolique (14.5%). Ces vapeurs éthyliques agissent comme un écran qui m'empêche de voir au-delà. Je n'y trouve que des Watt: tannins abondants, sucrosité fatigante. Heureusement que de belles notes poivrées viennent relever le tout. A quoi bon goûter ce vin aujourd'hui alors qu'il se fondra certainement avec les années et que le bonheur sera intense dans 10 ans. J'ai du mal à positiver à ce stade, mais reconnaît volontiers que ce vin possède complexité et personnalité. A garder svp. Bien-

Acte 3 suicidaire pour les papilles. Je ne suis pas capable à ce stade de prendre un réel plaisir sur des 2009 languedociens. 2009 a trop brillé par son feu solaire pour être approché si tôt. Tel Icare, je tombe en chute libre sans y avoir été préparé. Le mal est fait, l'acte 4 ne pourra pas me consoler.

Acte 4 - les liquoreux

Le salut ne viendra qu'à la fin de l'acte 4, certes très tardivement mais au combien nécessaire pour la paix de nos âmes meurtries...

Vin de Table "Le Vitriol - A Lulu la Nantaise" 2010 - Olivier Pithon - 17.50€ (50 cl)
Oh, non... la poisse continue! Cette vendange tardive 100% grenache noir est une vraie catastrophe. Le nez est mono-thématique sur ds notes de cerise dans l'alcool. La bouche est mono-thématique sur des notes de cerise à l'alcool. Que dire de plus? Oui c'est super lourd, ça colle.... Les 60g/l de sucres résiduels paraissent l'Everest! Ce vin est-il une blague? A oublier.

Pinot Gris SGN Clos Jebsal 2006 - Zind-Humbrecht - 200€
Bravo Olivier Humbrecht! Après une telle série noire et une humeur de plus en en plus sombre, la magie opère. C'est vraiment un très grand liquoreux, un très grand vigneron! Les 450 g/l de sucres résiduels passent étonnamment comme une lettre à la poste (seulement 7% d'alcool acquis, donc plus de 30% d'alcool potentiel. Tout bonnement incroyable). Mais commençons par le début. Le nez est d'une complexité phénoménale: fruits secs, pâte de coing confit (tout comme dans le 1999 dégusté en novembre 2008. Lire ici). La bouche est bercée, transpercée par une acidité divine qui fait saliver à n'en plus finir. La bouche offre un gras et une longueur infinis. En outre, il existe un réel côté aérien dans ce vin avec un milieu de bouche sphérique qui fait comme un appel d'air et nous prépare à la finale majestueuse sur des notes de pain d'épices. On se perd dans la complexité gustative de cet immense vin. Sans doute un des très grands liquoreux de ce monde. Un vin à déguster absolument pour lui seul, sans accompagnement gastronomique. A admirer comme un monastère cistercien, une œuvre contemporaine bluffante. A méditer comme un tableau du Caravage qui comme nul autre sait nous faire sortir toutes nos tripes. Excellent

samedi, novembre 19, 2011

Crayères de Champagne

Il faut le faire au moins une fois dans sa vie... C'est classé tout de même au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Alors la décision est prise, on part en Champagne! (Je vous rassûre, pour un weekend seulement!).

Evidemment improviser une visite de cave un samedi est une chose un peu compliquée. Après moultes coups de fil, la maison Taittinger à Reims veut bien nous ouvrir ses portes, moyennant bien sûr 14 la visite (business is business!).

C'est parti pour une heure de visite dans les entrailles du sous-sol reimois avec la visite des fameuses Crayères.

Movie time!

Mais ça se mérite. D'abord passage obligé dans la salle home cinema pour une présentation Hollywood de la maison familiale fondée en 1931. 250 ha en propre, 1000 vendangeurs, 4+10 km de caves souterraines pour stocker 3+9 millions de cols, 50 000 visiteurs par an, 70% export bla bla bla... Wow, ça pète!

Bon passons aux choses sérieuses: on descend par un escalier à vis dans les caves souterraines sur 3 niveaux (-12m, -18m et -23 mètres pour la plus profonde). La température descend progressivement avec la profondeur (8 degrés Celsius à -23m) et le taux d'humidité lui augmente (80% au fond). 

5 remueurs travaillent à plein temps chez Taittinger pour s'occuper de la cave historique sous la maison mère à Reims. On y stocke deux cuvées (la prestigieuse Comtes de Champagne, un 100% Chardonnay à 110€ la bouteille (!) et le Brut Réserve). Ils parcourent les 4 km de galeries et surveillent 3 millions de bouteilles. 100% de remuage manuel dans cette cave (un bon remueur peut apparemment remuer 40 000 bouteilles par jour!). Le reste du stock est tenu dans une autre cave plus moderne (10 km de galeries pour 19 millions de bouteilles, 100% giropalettes).



Les crayères sont des grottes souterraines creusées par les romains au IVème siècle après JC dans la craie tendre et exploitées un temps par les moines bénédictins. Il y règne une atmosphère de recueillement et d'inspiration mystique. On est loin du frou frou, des strass et des paillettes qui règnent en surface. Un silence absolu y règne. On n'a même pas froid, juste captivé par ses millions de bouteilles impeccablement rangées, qui reposent en paix dans un éclairage orangé au sodium...

La (mini) dégustation

On finira notre immersion dans ce monde à part par la dégustation du Brut Sans Année (BSA pour les intimes) cuvée Réserve (31€ svp!). Un assemblage 45% Chardonnay, 35% pinot noir et 20% pinot meunier. La droiture du Chardonnay prend agréablement le dessus mais les 9 g/l de sucres résiduels me gênent. Ici pas de place pour les non dosés, encore moins pour les non sulfités "nature". Quel dommage, mais on a frappé à la mauvaise porte pour ce genre de demande.

Bien sûr la dégustation s'arrête là. Les autres cuvées se dégustent avec les yeux et le porte-feuille! On est loin de la convivialité bourguignonne!

Conclusion

Les champennois sont imbattables du point de vue marketing. Ils savent véritablement vendre du rêve. Se perdre dans les dédales de craie à 20 mètres sous terre restera en effet une expérience inoubliable et pourra justifier aux yeux de certains acheteurs le prix prohibitif, incisif des cuvées. A copu sûr, il nous faudra revenir pour déguster des champagnes non dosés, "nature", droits comme des "I" dans une maison à taille humaine. Oui, je fais le rêve qu'elles existent...

(Toutes les photos ici).