lundi, avril 16, 2007

Alsace et Viticulture Bio: je t'aime, moi non plus !

L'Alsace n'a pas fini de me dérouter. D'une part, l'Alsace est à la pointe de la viticulture bio (5% de ses surfaces viticoles contre 3% au national), est dotée du seul centre de formation sur la biodynamie et est le berceau d’associations bio majeures (Tyflo, Vignes Vivantes). D'autre part, l'Alsace est à la pointe des recherches OGM sur la vigne. L'INRA de Colmar est le seul centre en France à poursuivre de telles recherches. Alors que les OGM sont massivement rejetés par l'opinion publique française, j'ai voulu en savoir plus.

Les OGM à Colmar

Dans le cadre de la recherche de méthodes de lutte contre les viroses de la vigne, l'INRA de Colmar a repris ses expérimentations « en plein champs » de vignes OGM. Celles-ci sont situées à seulement deux kilomètres de l'aire AOC.

Ces recherches ont débuté en 1994. Suite à un mouvement général de contestation, elles ont dû être arrêtées en 2000. Après des concertations contestées, des porte-greffes OGM ont été replantés en juin 2005. L'INRA se défend qu'il n'y aucun risque de contamination car les vignes OGM sont sous haute surveillance et hors du vignoble historique.

Les OGM décortiqués...

Le principe est de faire exprimer un gène, dit gène d'intérêt, hors de son contexte : du monde animal vers le monde végétal, d’un organe source à un organe cible par la modification de signaux, véritables interrupteurs entourant le gène, le rendant actif ou dormant.

C'est ainsi que dans le cas de la vigne, le virus du court-noué a été injecté à des souris. Après avoir extrait le gène responsable de la production des anti-corps de la souris, il a été transféré à des cellules de porte-greffe de vigne par l'intermédiaire d'agrobactères (des bactéries ayant la capacité de transférer son matériel génétique dans la cellule hôte et de le faire se reproduire), ou par bombardement d'un canon à microbilles contenant le gène.

Et le principe de précaution?

De telles manipulations pour se défaire de millions d’années d’évolution vont inévitablement engendrer de nouveaux problèmes. Non seulement le virus du court-noué est un problème peu répandu dans le vignoble alsacien, mais il n'existe pas dans la vigne à l'état sauvage.

Il est temps d'appliquer le principe de précaution avant de poursuivre des expérimentations in situ ou plus cachées (comme celles sur les levures OGM). Bien sûr, il est très difficile de faire arrêter la recherche mais la viticulture doit défendre une agriculture bio, seule voie pour produire de grands vins de terroir.